Volume 35 numéro 4
18 septembre
2000


 



Thèses et revues savantes prennent le virage Net

Guylaine Beaudry entreprend trois projets importants.

Guylaine Beaudry est directrice du traitement de l’information à la DGTIC. Elle est aussi informaticienne autodidacte et musicienne…

À l’adresse électronique <www.cybertheses.org>, l’internaute accède gratuitement à une banque de thèses déposées à l’Université de Montréal au cours des dernières années. D’un coup de souris, il peut cliquer, par exemple, sur le doctorat d’Anne Charbonneau, qui traite de l’accessibilité aux services buccodentaires des personnes vivant avec le VIH-sida, ou encore sur celui de Nicole Bernier, qui aborde le processus de désengagement de l’État-providence. En tout, 42 thèses de six facultés et une école affiliée peuvent être lues à cette adresse.

«Depuis que nous avons ouvert ce site, il y a un an et demi, les thèses ont été consultées à 30,000 reprises, signale Guylaine Beaudry, directrice du traitement de l’information à la Direction générale des technologies de l’information et de la communication (DGTIC). Cela représente, en moyenne, quelque 500 demandes par document. Pas mal pour un projet pilote pour lequel nous n’avons fait aucune publicité.
Que du bouche à oreille!»

Depuis qu’elle a mis ce projet sur pied alors qu’elle travaillait aux Presses de l’Université de Montréal, Mme Beaudry a fait beaucoup de chemin. Le poste de directrice du traitement de l’information à la DGTIC a d’ailleurs été créé pour elle puisqu’il n’existait pas avant son entrée en fonction, en juin dernier. Mais l’automne qui s’annonce sera particulièrement chaud pour cette musicologue et pianiste qui, après un baccalauréat en musique, s’est réorientée vers la bibliothéconomie et les sciences de l’information.

Trois projets sur lesquels elle travaillait depuis plusieurs mois viennent de recevoir le feu vert des organismes concernés: le Fonds pour la formation des chercheurs et l’aide à la recherche (FCAR) finance la création d’un portail de diffusion des revues savantes; l’UNESCO souhaite qu’un consortium produise un guide international pour la publication de thèses; enfin, le Fonds francophone des inforoutes reconduit une subvention visant à assurer la formation de spécialistes de la publication en ligne en Afrique francophone. De plus, Mme Beaudry a été nommée au Steering Committee de la Networked Digital Library of Theses and Dissertations. Cet organisme, qui regroupe des universités de 17 pays, a été séduit par les réalisations de Mme Beaudry.


Rififi sur les droits d’auteur
Actuellement, la publication électronique ne fait pas l’unanimité. Le Devoir rapportait, le 23 juillet dernier, qu’une entreprise américaine, UMI, exige de ses clients jusqu’à 69,50$ pour consulter sur support électronique une thèse déposée (gratuitement) à la Bibliothèque nationale du Canada. Cette transaction se déroule sans qu’un sou soit versé à l’auteur.

Le site Cyberthèses diffère de celui d’UMI, car l’usager ne paie pas pour avoir accès au contenu. Aucun intermédiaire ne peut donc faire de profits. Reste entier le problème du plagiat, mais les thèses imprimées n’échappaient pas à ce phénomène; il est simplement plus facile désormais de télécharger des documents.

«Nous offrons une solution à la procédure habituelle tout en assurant une plus grande diffusion des travaux universitaires, dit Guylaine Beaudry. Jusqu’à maintenant, la Bibliothèque nationale n’a eu d’autre choix que de passer par UMI — rachetée récemment par Bell & Howell. Avec des sites comme le nôtre, ça va changer.»
L’intérêt du site est son contenu français. Il faut dire que, sur 1,5 million d’entrées dans le site d’UMI, on ne trouve que 17,000 titres français. Tout le reste est en anglais. C’est pourquoi, notamment, le Fonds francophone des inforoutes s’est intéressé au projet de Guylaine Beaudry en lui accordant une subvention de 100,000$.


Un portail de revues

Grâce au Fonds FCAR, un portail donnant accès à l’ensemble des revues savantes en sciences humaines et sociales verra le jour d’ici 2001. Ce site, qui regroupera les revues canadiennes et étrangères et permettra des recherches précises, sera réalisé par une équipe composée de plusieurs partenaires sous la direction de Mme Beaudry et de Gérard Boismenu, professeur de sciences politiques et directeur scientifique des Presses de l’Université de Montréal.

«Actuellement, on peut naviguer dans le site MUSE, administré par l’Université Johns Hopkins, auquel l’Université est abonnée. Une centaine de revues y sont en ligne. Le portail québécois donnera accès, lui, à une cinquantaine de revues. Mais la première chose à faire, c’est de rendre ces revues disponibles dans Internet. En ce moment, une dizaine seulement le sont.»

On ne sait pas si ce portail sera gratuit, mais une chose est certaine: il permettra une meilleure diffusion des revues québécoises. Plusieurs publications de l’Université de Montréal sont engagées dans le projet, notamment les revues Études françaises, Géographie physique et Quaternaire, Meta, la Revue des sciences de l’éducation, Sociologie et sociétés, Surfaces et Théologiques.

Mathieu-Robert Sauvé

Voir aussi le site: http://www.pum.umontreal.ca


Rectificatif

La direction de la DGTIC tient à rectifier deux erreurs de faits contenues dans l'article ci-contre.

D'abord, contrairement à ce qui est écrit, le Fonds FCAR n'a pas subventionné la réalisation d'un portail de production et de diffusion électroniques de revues savantes mais bien une étude de faisabilité en vue de la création d'un tel portail. Cette étude, déposée le 25 septembre, est réalisée en collaboration avec le RISQ, la DGTIC, les PUM, l'UQAM, l'Université Laval et les PUL.

Ensuite, il est regrettable qu'on ait laissé sous-entendre, dans une formule malhabile, que la DGTIC a créé un siège pour Mme Beaudry. La création de la division du Traitement de l'information a été prévue dès la présentation de la nouvelle DGTIC en février dernier. Cette division a pour principal mandat de répondre aux besoins en traitement de l'information sur le campus. La nomination de la directrice du traitement de l'information a découlé de la même procédure qu'on applique à tous les cadres de l'Université de Montréal. À la suite de l'affichage du poste, la sélection parmi les candidats et candidates s'est faite par un comité composé de personnes provenant de la DRH, de la DGTIC et de l'École de bibliothéconomie et des sciences de l'information.

Pierre Bordeleau, vice-recteur adjoint aux TIC