Le
diabète: une véritable épidémie
«Cest
la maladie du 21e siècle», selon le Dr Jean-Louis Chiasson.
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La
meilleure façon de se protéger contre le diabète
adulte est de manger sainement, de maintenir un poids idéal
et de faire de lexercice, selon lendocrinologue
Jean-Louis Chiasson. |
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Lincidence
du diabète saccroît avec le vieillissement de la
population, la sédentarité et la mauvaise alimentation.
à ce jour, environ 7% de Canadiens souffrent de diabète.
Un taux élevé mais comparable à celui dautres
pays industrialisés: 3% en France, 5% au Japon, 7% aux États-Unis
et 10% à la Barbade.
Ce que les chiffres ne disent pas, cest que le diabète
coûte horriblement cher à la société. Jusquà
161 M$ en médicaments, selon une étude effectuée
en 1993 par Santé Canada. Une note qui ninclut pas les
frais médicaux et hospitaliers. On estime que le fardeau économique
frôle les deux milliards par année au Québec et
le traitement du diabète accapare environ 20% des lits dhôpitaux
de soins actifs.
«Cest un problème de société contre
lequel il faut lutter à tout prix, affirme Jean-Louis Chiasson,
endocrinologue à lhôpital Hôtel-Dieu et professeur
à la Faculté de médecine. Le diabète peut
toucher nimporte qui, mais le risque augmente avec lâge,
lobésité et lhérédité.
Toute personne à risque devrait subir annuellement une prise
de sang afin de dépister la maladie.»
Le Dr Chiasson nest pas le seul à sinquiéter.
La situation devient si menaçante que lOrganisation mondiale
de la santé a décrété que le diabète
était un problème planétaire. Dici 25 ans,
le nombre de diabétiques sélèvera à
300 millions dans le monde. Selon lendocrinologue, il est tout
aussi alarmant que des 500,000 Québécois diabétiques
seulement la moitié se sachent atteints. Sil nest
pas soigné, le diabète peut entraîner des complications
chroniques: accidents cérébrovasculaires, crises cardiaques,
insuffisance rénale, cécité, impuissance, complications
durant la grossesse et gangrène aux jambes.
Lennemi numéro un: lobésité
À la base, le diabète est une affection chronique due
à une incapacité de produire ou dutiliser adéquatement
linsuline. Cette hormone produite par le pancréas est
indispensable au métabolisme pour assimiler le glucose, explique
le Dr Chiasson. Résultat? Chez le diabétique, la quantité
de sucre dans le sang sélève à un niveau
anormal: sept millimoles et plus par litre. Un taux qui correspond
presque au double de la quantité de glucose circulant dans
le sang dune personne non diabétique. Une cuillère
à café de sucre par litre de sang équivaut au
taux normal.
Rappelons quil existe deux principales formes de diabète:
le type 1, appelé «diabète juvénile»,
représente 10% des cas diagnostiqués (voir lencadré)
et le type 2 touche 90% des diabétiques. «Le diabète
adulte est caractérisé par une résistance de
lorganisme à linsuline et un défaut de sécrétion
de linsuline, déclare le professeur Chiasson. Cette forme
de diabète survient généralement après
45 ans, mais la communauté scientifique note de plus en plus
de diabète de type 2 chez les adolescents et les jeunes dans
la vingtaine.»
Le phénomène semble lié à la sédentarité
et à la mauvaise alimentation, indique lendocrinologue.
Il affirme, chiffres à lappui, que les individus obèses
courent deux fois plus de risques davoir le diabète que
ceux ayant un poids santé. En fait, plus de 80% des diabétiques
de type 2 souffrent dobésité. La meilleure façon
de se protéger contre le diabète adulte est de manger
sainement, de maintenir son poids idéal et de faire de lexercice,
fait-il valoir.
Mais pour certains, cela ne suffit pas. Cest quil existe
dautres facteurs de risque comme donner naissance à un
gros bébé (plus de quatre kilos), lhypertension
et lhérédité. Cette dernière, dit-on,
joue un rôle important dans le développement de la maladie.
Sil y a des antécédents familiaux de diabète,
lincidence varie de 25% à 80% selon quun ou les
deux parents sont diabétiques.
Par ailleurs, le diabète est largement répandu chez
les hispaniques, les Africains et les peuples des Premières
Nations. Les autochtones présentent un taux trois fois plus
élevé que celui de la moyenne nationale, selon Santé
Canada. La cause: une prédisposition génétique
alliée à un mode de vie de plus en plus sédentaire
et à une alimentation riche en gras, en sucre et en sel.
Lespoir est dans la recherche
«Pour linstant, il nexiste aucun traitement pour
guérir ou diminuer la progression de la maladie, souligne Jean-Louis
Chiasson. le diabète peut toutefois se contrôler par
la médication, un régime équilibré et
de lexercice.» Santé Canada vient dapprouver
deux nouveaux médicaments: Avandia et Actos. Ces traitements
chimiques stimulent la transcription de gènes et la synthèse
de protéines qui augmentent la sensibilité de lorganisme
à linsuline.
«Mais sils agissent efficacement contre la résistance
à linsuline, il nest pas démontré
que ces médicaments peuvent empêcher le développement
du diabète, rappelle le médecin. Seules la recherche
et la prévention pourront en venir à bout.»
Dominique
Nancy
Le
«diabète juvénile»
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Le
Dr Louis Geoffroy est pédiatre à lhôpital
Sainte-Justine et chargé denseignement à
la Faculté de médecine. |
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Le petit Alexandre
a une soif inextinguible et montre des signes de fatigue extrême.
Sa mère remarque aussi un changement de caractère chez
son fils qui, même sil a toujours faim, perd du poids.
«Ce sont des symptômes de diabète, prévient
le Dr Louis Geoffroy, pédiatre à lhôpital
Sainte-Justine et chargé denseignement à la Faculté
de médecine. Généralement, la maladie est accompagnée
dune augmentation du volume et de la fréquence des urines
et parfois dinfections aux organes génitaux.»
Le «diabète juvénile» est très difficile
à contrôler et exige une surveillance sévère,
signale le pédiatre. Les individus affligés du diabète
de type 1, qui se rencontre surtout chez les enfants et les jeunes
adultes, doivent surveiller leur alimentation et se faire des piqûres
dinsuline. Cest que leur organisme souffre dune
carence, souvent absolue, en insuline.
«à la suite de labsorption de nourriture, le pancréas
réagit normalement en sécrétant de linsuline
dans le sang, explique le Dr Geoffroy. Le glucose est ainsi absorbé
par les différentes cellules du corps et utilisé comme
énergie ou converti en graisses. Chez le diabétique,
le glucose nest pas métabolisé adéquatement
parce que sa production dinsuline est insuffisante ou inexistante.»
Ceci entraîne une série de dysfonctionnements reliés
au taux de sucre dans le sang ou, parfois, à des hypoglycémies
causées par un mauvais équilibre entre les injections,
le régime alimentaire et lexercice. Les conséquences
sont alors graves. Un diabétique peut tomber dans un coma hypoglycémique
par excès dinsuline ou dans un coma diabétique
si la part dinsuline est insuffisante.
«Lorsque le taux de sucre dans le sang est trop bas, un morceau
de chocolat ou un verre de jus dorange apporte un soulagement
immédiat si le malaise est pris à temps. Le coma hypoglycémique
survient brusquement, mais se soigne facilement, commente le Dr Geoffroy.
Le coma diabétique prend généralement quelques
jours à survenir. Cest un cas durgence qui nécessite
des soins spécialisés.»
D.N.