Lart
denseigner
Les
cours de Johanne Lamoureux ne sont pas courus uniquement par les étudiants.
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La
lauréate du Prix dexcellence en enseignement
dans la catégorie des professeurs agrégés
consacre beaucoup dheures à la préparation
de ses cours, mais elle sait apprécier une belle
journée ensoleillée à la place de La
Laurentienne. |
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«Johanne
Lamoureux sait être à lécoute tout en orientant
les échanges sur les objectifs dapprentissage. Son talent
de pédagogue na dégal que sa curiosité
intellectuelle et sa vivacité desprit. Elle sait encourager
et guider avec vigueur et possède un sens de là-propos
peu commun.»
Ce commentaire élogieux nest pas dun étudiant
du Département dhistoire de lart, où la
professeure enseigne depuis une vingtaine dannées. Mais
de Laurier Lacroix, directeur de module à lUniversité
du Québec à Montréal, qui estime avoir eu la
chance dassister à lun des séminaires de
Mme Lamoureux. Il est rare quun professeur suive le cours dun
collègue, dit-il, mais ceux de Johanne Lamoureux ne sont pas
seulement courus par les étudiants de premier cycle!
Pour lui, cette expérience fut lumineuse par son contenu et
la façon dont lhistorienne de lart établit
les contacts avec ses étudiants. Eux aussi sont séduits
par les cours magistraux et, parfois, par les théâtrales
leçons de la professeure. «Jessaie simplement de
leur communiquer ma passion de lhistoire de lart, confie-t-elle
le sourire aux lèvres. Et je veux aussi faire deux des
êtres capables de concilier une pratique professionnelle avec
un engagement intellectuel, social et affectif. Cest pour moi
un beau défi à relever.»
Selon la directrice du Département, Constance Naubert-Riser,
Mme Lamoureux réussit admirablement à conjuguer recherche
et pédagogie et à transmettre non seulement des connaissances
mais son enthousiasme pour la discipline. «Elle sest toujours
beaucoup souciée du cheminement des étudiants, ajoute
la directrice, et sa position de conseillère pédagogique
est très respectée par le Département.»
Douze
heures par jour
Femme totalement dévouée à son travail, Mme Lamoureux
avoue rester au bureau souvent très tard le soir. Mais elle
se réserve toujours du temps pour les amis et amies, les randonnées
pédestres en montagne, lécoute dopéras
baroques et la lecture. Au Département dhistoire de lart,
comme ailleurs, tous apprécient son engagement professionnel,
son dynamisme et son énergie. Ces qualités alliées
à un sens pédagogique ont contribué à
lentrée de la professeure, en 1999, dans le club sélect
des lauréats des prix dexcellence en enseignement de
la Faculté des arts et des sciences. Cette année, elle
a reçu le Prix dexcellence en enseignement de lUniversité
de Montréal dans la catégorie des professeurs agrégés.
«Je suis très flattée de cette reconnaissance
par mes pairs et mes étudiants, affirme-t-elle. Cest
encourageant de voir que lUniversité gratifie leffort
investi dans lélaboration et la présentation des
cours.» Elle admet y consacrer beaucoup dheures et elle
nhésite pas à accepter de nouvelles charges de
cours ou à réadapter ses contenus en fonction des clientèles.
Ces dernières années, sa tâche était constituée
à 50% denseignements nouveaux assumés à
travers différents programmes, notamment ceux de cinéma
et de muséologie. Elle a également donné des
cours à lUniversité McGill et animé le
séminaire de méthodologie dans le cadre du doctorat
commun en histoire de lart.
Son investissement dans lenseignement de la discipline ne se
limite pas quaux activités pédagogiques. À
cet engagement sajoutent des projets de recherche et dautres
occupations complémentaires comme la participation à
des jurys, la présentation de communications dans différents
congrès et conférences et la publication darticles
scientifiques.
Lannée dernière, à titre de commissaire
invitée par le Musée du Québec, la professeure
Lamoureux a mené à bien la réalisation de lexposition
Irène F. Whittome: Bio fictions. Cette exposition a regroupé
27 oeuvres dIrène F. Whittome, dont les plus récentes
se basent sur les illustrations de Germaine Bernier, lune des
premières chercheuses en sciences biologiques à lUniversité
de Montréal.
Ce projet a nécessité un travail de recherche considérable
qui a permis lélaboration dun magnifique catalogue
de 114 pages. Mais pour lhistorienne de lart, le défi
était dabord et avant tout de ne pas refaire les autres
expositions consacrées à Mme Whittome. Mission accomplie!
Par un rassemblement thématique des premières créations
de lartiste et la rencontre judicieuse avec sa production récente,
lexposition a proposé une relecture des oeuvres de cette
lauréate du prix Paul-Émile-Borduas.
Une
professeure appréciée
«Je considère létudiant comme un individu
intellectuellement prêt à assumer sa formation et ma
première responsabilité consiste à laccompagner
en signalant les progrès et en spécifiant la nature
des problèmes», déclare Mme Lamoureux. Selon la
rumeur, elle note sévèrement. Mais les étudiants
ne semblent pas lui en tenir rigueur. Ils apprécient son érudition
et ses habiletés de pédagogue, comme lattestent
chaque année leurs évaluations. Et de nombreux témoignages
appuient ces éloges.
Lun de ses étudiants affirme: «Mme Lamoureux démontre
un talent réel pour la vulgarisation et possède cette
précieuse faculté dadapter son enseignement au
niveau et aux besoins des étudiants. Une telle orchestration
ne se fait pas sans difficulté et témoigne de ses qualités
intellectuelles et de sa polyvalence.» Un autre conclut même
son évaluation par un aveu: «Je suis amoureux de Mme
Lamoureux.»
Manifestement, son enthousiasme pour lhistoire de lart
a de leffet. Le photographe du journal Forum, Bernard
Lambert, sest même proposé comme président
du «fan club» de Mme Lamoureux. Outre son charisme, les
étudiants apprécient aussi sa grande disponibilité.
Mais
on ne peut pas être partout à la fois! «Oui,
bien sûr. Mais la disponibilité du professeur, cest
important. Il faut prendre le temps», dit celle qui se fait
un point dhonneur de connaître tous ses étudiants
par leur nom.
Autre particularité dont ils se réjouissent: Mme Lamoureux
propose, parallèlement aux bibliographies officielles, des
lectures, des films et des thèmes de réflexion susceptibles
de mieux faire comprendre aux futurs historiens de lart le travail
accompli en classe. Par exemple, elle suggère de voir La
nuit de Varennes, du réalisateur italien Ettore Scola,
ou encore de lire Frankenstein, de la romancière britannique
Mary Shelley.
«Jencourage les étudiants à adopter une
démarche dapprentissage qui ne dépend pas seulement
de la mémorisation et de la cognition, mais aussi de limaginaire.
Pour moi, lenseignement doit viser lappropriation dun
savoir plutôt que la reproduction dun discours.»
En parlant ainsi, elle rend hommage à son maître aujourdhui
décédé, René Payant. Cest ce professeur
dhistoire de lart, à lUniversité de
Montréal, qui lui a donné le feu sacré de la
pédagogie.
Dominique Nancy