Des
patrouilleurs à vélo
Cinq
constables de la Sûreté sillonnent le campus.
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Cest
pour se rapprocher de la clientèle que Claude Béliveau
et Carole Audy, constables spéciaux de la Sûreté
de lUniversité de Montréal, ont mis
sur pied une patrouille à vélo. Trois autres
constables ont reçu la formation sur mesure du Service
de police de la Communauté urbaine de Montréal.
Ils sillonneront le campus
jusquaux premières neiges. |
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Le campus de lUniversité
de Montréal est étendu et parsemé de boisés,
sentiers étroits et autres recoins quil est difficile
de bien surveiller. Surtout en auto-patrouille. Cest pourquoi
les constables Carole Audy et Claude Béliveau, de la Sûreté,
ont suggéré dimiter le Service de police de la
Communauté urbaine de Montréal, qui compte depuis six
ans des patrouilleurs à bicyclette.
«Les gens ne se méfient pas dun vélo alors
que, cest bien connu, les malfaiteurs déguerpissent quand
ils voient arriver une auto-patrouille», explique Carole Audy,
constable à lUniversité de Montréal depuis
14 ans.
Dans lesprit de la police communautaire, la patrouille à
vélo est un excellent moyen de faire de la prévention.
Le patrouilleur est facile daccès et paraît moins
répressif que son collègue motorisé. «Pendant
les initiations, nous allons certainement être plus utiles que
par les années passées», reprend Mme Audy. Certains
initiateurs font boire les nouveaux avec un entonnoir. Cest
formellement interdit. Jusquà main tenant, les joyeux
lurons cachaient lobjet litigieux lorsque lauto-patrouille
approchait. Le vélo sera plus difficile à voir venir.
Les constables doivent également intervenir en situation durgence.
Tous les agents de la Sûreté ont une formation de policier,
ce qui signifie quils ont le pouvoir denquêter et
darrêter; la seule différence, cest quils
ne portent pas darme à feu.
«Le vélo, quand on sait sen servir, est une arme
offensive au même titre que la matraque, signale M. Béliveau.
On peut le placer comme une barricade devant des agresseurs en le
faisant pivoter sur la roue arrière ou en le soulevant. Des
choses auxquelles nous naurions jamais pensé si nous
navions pas suivi une formation spécialisée.»
Une
formation de trois jours
En plus des deux promoteurs du projet, les constables Richard Borden,
Richard Martin et Nathalie Vézina ont suivi, en mai dernier,
une formation sur mesure. Pendant trois jours, les patrouilleurs ont
appris à manuvrer leur véhicule de façon
à intervenir rapidement et avec efficacité. Ils ont
reçu un certificat à lissue de leur session et
ils sont les seuls à pouvoir utiliser les vélos de la
Sûreté.
Offert par le Service de police de la Communauté urbaine de
Montréal, le cours sadressait aux agents qui ont déjà
une certaine aisance sur deux roues. Le premier exercice consistait
à évaluer les habiletés des participants, qui
devaient circuler entre des bornes, toucher certaines cibles, faire
diverses opérations de freinage et effectuer de multiples virages.
En cas déchec à ce test, lagent ne pouvait
pas obtenir le certificat.
Le cours comportait un entraînement sur le terrain, où
lagent a appris à descendre des escaliers ou à
franchir un talus sans quitter sa selle. Il devait aussi apprendre
à maîtriser le freinage en crochet, la projection du
vélo sur un assaillant en faisant volte-face et différentes
manuvres défensives. La troisième partie du cours
se déroulait après le coucher du soleil. Les agents
devaient se montrer capables dinterpeller en pleine nuit un
suspect dactivité criminelle dans un parc ou dans la
rue.
«Les corps policiers du Canada et des États-Unis qui
ont appliqué le principe du patrouilleur à vélo
sont très satisfaits, signale Carole Audy. Il sagit dun
mode dintervention très efficace tant pour la prévention
que pour la répression.»
Une initiative soutenue
Marcel Descart, surintendant de la Sûreté, et Laurent
Lamerre, le supérieur immédiat des constables, ont appuyé
sans réserve linitiative de Carole Audy et Claude Béliveau.
«Pour nous, ce mode dintervention sinscrit dans
la philosophie de lapproche client, dit M. Descart. Nous allons
lapprécier dès la rentrée puisque les initiations
se déroulent simultanément dans une quinzaine de lieux.
Le vélo permet un contact direct avec les usagers.»
De plus, comme le souligne M. Lamerre, les patrouilleurs peuvent se
déplacer beaucoup plus rapidement dun endroit à
lautre, car ils connaissent des raccourcis entre les pavillons.
«Et ils pourront surveiller beaucoup plus étroitement
les parcs de stationnement pour bicyclettes, où lon rapporte
occasionnellement des vols», dit-il.
Pour les premiers mois de cette opération, on laisse le choix
aux cinq patrouilleurs de prendre lauto ou le vélo. Par
temps de pluie, notamment, personne ne sera forcé denfourcher
la bicyclette. De plus, aucune contrainte na été
exercée sur les constables pour quils se mettent au vélo.
Mais dans certains cas, ce sera joindre lutile à lagréable.
Mme Audy et son collègue sont depuis longtemps des amateurs
de vélo. M. Béliveau, qui habite dans lest de
Montréal, vient tous les jours travailler à bicyclette.
Une distance de 30 kilomètres, beau temps mauvais temps. Quand
il nen a pas assez, il fait un détour et gravit la côte
Camillien-Houde. «Il faut trouver des moyens de rester en forme
pour suivre les jeunes, dit-il en souriant. À mon âge...»
Mathieu-Robert
Sauvé