Le bulletin Vies-à-Vies élargit ses
horizons
Marie-Andrée Linteau a compilé des textes
psychologiques pour en faire un recueil.
|
Les témoignages des quelque 1000 étudiants qui
se présentent chaque année au SOCP pour des questions
psychologiques inspirent les textes du bulletin Vies-à-Vies,
confie Marie-Andrée Linteau. La psychologue a regroupé
35 d'entre eux dans un recueil. |
"La vie n'est pas facile: elle est parsemée
de deuils, de pertes, d'échecs, de blessures inévitables.
La souffrance fait partie de la vie et, dans un sens, c'est la
rencontre avec la souffrance qui permet de donner à la
vie sa profondeur, sa complexité."
C'est l'opinion qu'exprime la psychologue
Marie-Andrée Linteau dans l'avant-propos du livre La
vie est-elle belle? Publié aux Éditions de
Mortagne, l'ouvrage regroupe 35 articles écrits par une
vingtaine de psychologues cliniciens dont la moitié travaillent
actuellement au Service d'orientation et de consultation psychologique
(SOCP). Sous la direction de Mme Linteau, ce recueil présente
les meilleurs textes parus dans le bulletin Vies-à-Vies,
qui traite depuis une douzaine d'années de multiples réalités
psychologiques et sociales vécues par les étudiants.
Famille, enfance, deuil, relations amoureuses,
confiance en soi, stress, colère, état de crise
et processus thérapeutique figurent parmi les thèmes
proposés dans l'ouvrage. Un excellent panorama des sujets
fréquemment abordés par les étudiants qui
se présentent au SOCP. Et les auteurs ont un net parti
pris pour l'accessibilité des textes.
"Le livre reflète l'esprit de
Vies-à-Vies, souligne Marie-Andrée Linteau,
mais les préoccupations des étudiants sont aussi
un reflet de la société. En fait, l'intérêt
pour le bulletin s'étend à l'extérieur du
campus et c'est justement pour satisfaire les besoins d'un public
plus large que nous avons décidé de rassembler
en un volume les articles qui avaient eu le plus d'écho",
de dire celle qui a déjà retrouvé la publication
dans la salle d'attente de son médecin de famille.
Mais s'adresser à un public non initié
dans des articles qui ne font guère plus de quatre pages
relève de l'exploit et le lecteur restera plus souvent
qu'autrement sur son appétit. Peut-être les quelques
suggestions de lectures et la mention d'ouvrages de référence
apaiseront-elles sa faim. Quoi qu'il en soit, il pourra au moins
consulter le livre au gré de son humeur.
Un compagnon de route
La vie est-elle belle? "Il ne suffit pas de se répéter
que la vie est belle pour qu'elle le soit. Elle peut le devenir,
mais cela dépend en grande partie de nous", dit la
psychologue. Chose certaine, la question a suscité chez
les auteurs de nombreuses réflexions qui témoignent
d'une grande effervescence de la recherche sur les problématiques
de la vie psychologique. Mais l'objectif de la publication est
de faire naître le questionnement plutôt que de proposer
des solutions concrètes. En ce sens, fait valoir Marie-Andrée
Linteau, le livre est un "outil" d'aide à la
prise de conscience de soi.
Décrit d'ailleurs par la psychologue
comme un compagnon de route attentif et patient, il incite à
réfléchir sur la nature réelle de nos problèmes
afin de mieux les comprendre et de relever les défis qui
ponctuent le parcours de la vie. "Il y a tant d'impasses
qui n'en sont pas vraiment et qui peuvent se transformer en tremplins
pour peu que nous apprenions à mieux nous connaître,
soutient Mme Linteau. La quête de l'identité, de
l'autonomie et de l'amour passe par la connaissance de soi."
Des textes intéressants
Selon la spécialiste, le manque de confiance en soi, qui
souvent correspond à un besoin de se conformer à
une image idéale, est un problème courant chez
les étudiants. Mais les réalités auxquelles
renvoie le concept sont souvent confondues, estime Marie-Andrée
Linteau.
"Lorsque nous parlons de confiance en
soi, nous faisons référence à la confiance
d'être et à la confiance de faire, explique-t-elle.
La confiance d'être est la certitude intérieure
d'être une personne valable, avec ses qualités et
ses défauts, ses émotions et ses besoins; la confiance
de faire est la capacité de réaliser des choses
par soi-même, d'acquérir et d'exercer des habiletés
particulières dans un domaine ou un autre."
Le manque de confiance en soi, constate la
psychologue, cache fréquemment une mauvaise estime de
soi. Cette perception du moi risque d'agir sur la confiance de
faire, qui s'acquiert alors plus difficilement, prévient
Mme Linteau.
"Un des mythes les plus répandus
est de croire qu'avoir confiance en soi veut dire ne jamais douter
de soi, être infaillible et compétent dans tous
les domaines. C'est faux, déclare-t-elle. La véritable
force est la conscience réaliste de ses faiblesses et
la capacité d'en tenir compte."
Pour sa part, Nathalie Zimmer aborde la thématique
du deuil. Dans un article intitulé "Les pertes inévitables
de la vie", elle nous apprend les phases et le processus
d'adaptation aux différents types de deuils qui peuvent
survenir dans notre vie. "Au-delà de la peine et
de la révolte ressenties suite à une perte, il
devient important de regarder si d'autres émotions peuvent
être présentes en nous. [...] Les sentiments d'abandon,
d'impuissance, de culpabilité et de colère font
partie de la gamme des sentiments que nous refusons souvent de
vivre. Néanmoins, il est important de les révéler
pour arriver à mener à terme le processus de deuil",
soutient l'auteure.
Autres textes dignes de mention, "S'affirmer:
risquer d'être soi-même", signé Pascale
Poudrette; "Le tango de l'amour", de Johanne Bergeron;
"Les choix de carrières piégés",
de Ninon Chenier; "La colère pour ou contre soi",
de Paule Morin; "L'univers des rêves", de Marjolaine
Nantel; et "La faim pour exprimer des besoins", de
Marie-Claude Lavallée.
Dominique Nancy
Sous la direction de Marie-Andrée Linteau, La
vie est-elle belle?, Boucherville, Éditions de Mortagne,
1999, 200 pages, 19,95$.
|