FORUM - 5 JUIN 2000Docteurs honoris causa
Le doctorat honoris causa est attribué à des personnalités de renommée nationale ou internationale. Il souligne leur contribution exceptionnelle à un domaine particulier, qu'il soit scientifique ou artistique, culturel ou économique, littéraire ou politique. Louise ArbourAlors qu'elle était procureure du Tribunal pénal international (TPI) pour le Rwanda et l'ex-Yougoslavie, Louise Arbour faisait la une de toutes les télévisions du monde. Depuis le 15 septembre 1999, elle a quitté les feux de la rampe pour devenir l'une des neuf juges de la Cour suprême du Canada, un travail plus discret et plus austère mais néanmoins déterminant pour l'évolution de la société canadienne. Mme Arbour, qui a étudié le droit à l'Université de Montréal, a été entre autres vice-présidente de l'Association canadienne des libertés civiles et son engagement social a été reconnu par différents prix, dont la médaille de la Women's Law Association et la médaille d'honneur de l'Association internationale des procureurs. En juin dernier, elle a reçu le Prix de la fondation Louise-Weiss pour son courage, sa lucidité et son indépendance. Le mandat de Louise Arbour au TPI a démontré sa détermination de faire prévaloir l'État de droit à l'échelle internationale. "Elle est prête à ignorer les conventions pour défendre des points de vue et elle sait aussi faire preuve de sagesse. C'est en grande partie grâce à elle si la justice internationale a autant progressé ces dernières années", fait valoir Marc Gold, un ancien collègue avec qui elle a enseigné à l'Université York de Toronto. En 1987, Louise Arbour est devenue juge à la Haute Cour de justice de l'Ontario et, en 1990, membre de la cour d'appel de cette province. En 1995, elle a présidé la commission d'enquête sur les événements survenus à la prison des femmes de Kingston. Nancy HustonOriginaire de l'Alberta, Nancy Huston est l'un des rares écrivains canadiens à mener une carrière internationale et à posséder autant de lecteurs francophones qu'anglophones. "On connaît surtout Nancy Huston pour ses romans. Mais elle a écrit une quantité d'essais très intéressants", signale Amaryll Chanady, directrice du Département de littérature comparée. Plus que toute autre personne, Mme Huston incarne la dualité canadienne. Son roman Le cantique des plaines, qui évoquait son enfance dans les Prairies, a d'abord été écrit en anglais, puis l'auteure l'a elle-même traduit en français. L'ouvrage, publié en 1993, a reçu le Prix du Gouverneur général pour le meilleur roman de langue française. Mme Huston a étudié la sémiologie à Paris sous la direction de Roland Barthes. Par la suite, elle n'a jamais tout à fait abandonné le milieu universitaire, car elle a été successivement professeure de littérature française, d'anglais, de composition et de stylistique. Elle a aussi donné des cours à l'Institut des études féministes, à l'Université Columbia de Paris. Dans son oeuvre, qui compte une vingtaine de romans et un grand nombre d'essais, Nancy Huston n'a jamais cessé de s'interroger sur les différents aspects de la création. Le féminisme y tient également une grande place. Elle a reçu l'an dernier le titre de chevalier de l'Ordre des arts et des lettres. Elle vit à Paris. Robert Vaughan MoodyNé en Grande-Bretagne, Robert Vaughan Moody était encore enfant lorsque ses parents ont immigré dans l'Ouest canadien. Actuellement professeur à l'Université de l'Alberta, il figure parmi les deux ou trois plus célèbres mathématiciens canadiens. "Il est surtout connu pour sa découverte d'une classe d'algèbres de dimension infinie qu'on appelle les 'algèbres de Kac-Moody', précise Jiri Patera, professeur au Département de mathématiques et de statistique. Il a su reconnaître très tôt les aspects cruciaux de ces nouvelles structures et les développer afin de les rendre utiles à d'autres domaines." M. Moody est un invité régulier du Centre de recherches mathématiques de l'Université de Montréal. Il y a même passé un an comme chercheur invité au cours des années 1980. Ce doctorat honoris causa n'est pas le premier honneur qui lui échoit. M. Moody est membre de la Société royale du Canada depuis 1980 en plus d'être lauréat de plusieurs prix obtenus à la suite de la découverte des algèbres qui portent son nom. |