FORUM - 5 JUIN 2000Un virtuose de l'enseignementAndré-J. Bélanger reçoit le prix d'excellence en enseignement dans la catégorie des professeurs titulaires.
André-J. Bélanger, c'est un théâtre ambulant. Ses cours sont l'objet de toute une mise en scène. Il argumente, illustre, explique avec passion, les yeux pétillants de malice: on voit qu'il n'est pas là par obligation, mais par désir de communiquer un savoir à parfaire." Ce commentaire d'étudiants du Département de science politique en dit long sur les qualités de pédagogue de M. Bélanger et l'intérêt qu'il porte à sa matière. Il est le lauréat 2000 du prix d'excellence en enseignement dans la catégorie des professeurs titulaires. Depuis son entrée en fonction au Département de science politique, en 1973, André-J. Bélanger n'a cessé d'obtenir des évaluations remarquables de la part de ses étudiants. À son avis, le secret de sa réussite réside tout simplement dans le plaisir qu'il éprouve à partager ses connaissances. Son approche pédagogique, qu'il a su perfectionner au fil des ans, n'est pourtant pas étrangère à sa renommée. Dans ses cours magistraux et ses séminaires, qui sont devenus des incontournables dans l'acquisition d'une solide formation au premier cycle comme aux cycles supérieurs, tous, y compris le professeur, disposent du droit fondamental de se tromper. "La reconnaissance de l'erreur est partie prenante de l'apprentissage", dit-il. "Oser, justifier et structurer" "Tous mes cours sont axés sur des objectifs précis. Il s'agit, pour moi, d'offrir aux étudiants l'occasion de développer, par eux-mêmes, des aptitudes déterminées, appelées à se perpétuer par la suite. Un tel exercice n'est pas de tout repos puisqu'il n'existe pas de réponses toutes faites à la bibliothèque ou ailleurs. L'étudiant doit faire preuve d'audace analytique. Il faut oser, prendre des risques, se faire confiance. Mais il faut également savoir justifier son propos et le structurer de manière à le rendre convaincant." Selon M. Bélanger, la formation dans une discipline universitaire doit s'accompagner de la maîtrise de la rhétorique du langage et de l'autonomie intellectuelle. L'idée qu'il se fait du pédagogue est d'ailleurs celle d'un enseignant discret qui a la volonté de stimuler les échanges et d'orienter, au besoin, les réflexions. "J'essaie d'amener les étudiants à ne plus rechercher le jugement du professeur pour sanctionner les points de vue avancés ou les conclusions tirées." Au terme de leur expérience, les étudiants ont acquis une indépendance d'esprit qui leur permet de porter un regard critique sur eux-mêmes. C'est du moins ce qu'ils expriment dans une lettre adressée au Comité de sélection du prix d'excellence en enseignement. "Suivre un cours donné par ce pédagogue-né, ce n'est pas tant assimiler une matière que s'engager dans un développement personnel qui dépasse largement le cadre du cours." Créateur dans l'âme Mais sa contribution à l'enseignement de la discipline ne se limite pas qu'à son engagement pédagogique. À cet investissement s'ajoutent une multitude d'activités complémentaires auxquelles André-J. Bélanger se consacre avec passion. On lui doit notamment de nombreux articles et ouvrages scientifiques. Son dernier livre, The Ethics of Catholicism and the Consecration of the Intellectual, publié par les presses McGill-Queen's, a valu au chercheur de figurer parmi les finalistes du prix Innis, de la Fédération canadienne des sciences humaines et sociales. Il a élaboré, par ailleurs, un instrument d'analyse permettant d'élucider les postulats qui orientent le raisonnement d'un auteur. Aujourd'hui, plusieurs chercheurs ont recours à la "grille Bélanger", comme on l'appelle dans le milieu universitaire, pour cerner l'état de la recherche dans divers champs des sciences politiques et de la philosophie. M. Bélanger démontre également une créativité peu ordinaire dans son encadrement des étudiants aux cycles supérieurs. Plusieurs d'entre eux soulignent leur satisfaction quant à sa disponibilité et sa façon de susciter les réflexions. C'est d'abord et avant tout la formation des jeunes qui lui tient à coeur. Une tâche dont il s'acquitte avec plaisir. À la demande d'étudiants, ses horaires d'enseignement débordent du calendrier universitaire. Depuis près de deux ans, le pédagogue rencontre en effet tous les mois, été comme hiver, un groupe de jeunes pour discuter d'un ouvrage politique ou philosophique. Il considère comme un honneur le fait d'animer les discussions de ces émules d'Aristote, Tocqueville, Durkheim et Weber. Avec six de ses meilleurs étudiants, le professeur s'est d'ailleurs rendu l'automne dernier à l'Institut d'études politiques de Lille II, en France, pour la 3e Semaine européenne de la philosophie. Les étudiants étaient invités à débattre des fondements et limites du libéralisme au cours d'un atelier-débat organisé dans le cadre de Cité philo. Ils ont, dit-on, représenté avec talent l'Université de Montréal grâce à leur maître, qui les encourage constamment à se dépasser. Selon eux, cela correspond ni plus ni moins à ce qu'André-J. Bélanger s'impose à lui-même. Dominique Nancy Quatre lauréatsAndré-J. Bélanger est l'un des quatre lauréats des prix d'excellence en enseignement pour l'année 2000. Les trois autres sont:
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