Savoir enseigner s'apprend!Selon Huguette Bernard, une formation pratique en enseignement supérieur répond vraiment à un besoin.
Un docteur en mathématiques ne fait pas nécessairement un bon professeur. Tous ceux qui sont sur le terrain ne cessent de le répéter: le savoir n'est pas synonyme de savoir-faire. Le cours de formation pratique en enseignement supérieur (PLU 6035), offert par la Faculté des études supérieures, veut aider les futurs professeurs à mieux enseigner. "Savoir enseigner s'apprend, lance Huguette Bernard, professeure à la Faculté des sciences de l'éducation. Une réflexion sur ce qu'est un enseignement de qualité, avec des théories à l'appui, augmente les chances de devenir un bon pédagogue." Cela est d'autant plus vrai et nécessaire que la tâche des professeurs subit depuis quelques années des transformations pédagogiques. De nos jours, il n'est pas rare qu'une classe se compose d'une centaine d'étudiants de diverses cultures et disciplines, note Huguette Bernard. Dans un tel contexte, il est ardu pour le professeur de transmettre l'engouement pour la matière et d'avoir le temps de rencontrer et d'aider les étudiants individuellement. En fait, la situation de l'enseignement est devenue, à son avis, si difficile qu'il ne faut refuser aucune aide. Décrit d'ailleurs par la professeure comme un allié, le séminaire pluridisciplinaire est axé sur une formation adaptée qui fournit des outils pratiques pour l'enseignement supérieur. Un petit plus Aujourd'hui, plus de 60 étudiants s'y inscrivent à chaque trimestre. Ils proviennent principalement de la Faculté des arts et des sciences, souligne Mme Bernard, mais aussi des facultés de Médecine et des Sciences de l'éducation, du Département de kinésiologie, de l'École Polytechnique, de l'École des Hautes Études Commerciales, des universités McGill, Concordia, Université du Québec à Montréal et de l'École nationale d'administration publique. "Malgré l'intérêt et le besoin de formation en enseignement, certains semblent douter de la valeur et de la pertinence d'un cours de trois crédits", déplore la professeure. Elle reconnaît qu'il s'agit d'une introduction à la profession et que, dans ce sens, le cours ne saurait à lui seul suffire à la formation des futurs pédagogues. "Cependant, et en dépit de ses limites, affirme Mme Bernard, le séminaire permet d'acquérir des habiletés précises comme planifier et donner un cours, évaluer les étudiants et, surtout, analyser son enseignement et être apte à l'améliorer." Et cette initiation ne se réduit pas à quelques heures de cours théoriques sur l'enseignement. Elle constitue un véritable entraînement à la pratique de l'enseignement supérieur, de dire la spécialiste en évaluation pédagogique. Parmi les aspects pratiques, les étudiants doivent assister à un cours donné par un excellent professeur. Par la suite, ils font une analyse détaillée de leurs observations, explique l'initiatrice et la responsable du séminaire. Celle-ci tient à souligner la précieuse collaboration de divers collègues, dont en particulier celle de Richard Prégent, du Bureau d'appui pédagogique de l'École Polytechnique. Contre l'isolement de l'enseignement D'après Mme Bernard, il serait temps de se rendre compte de l'ampleur du problème, qui ne se limite pas qu'aux futurs enseignants. Mais pour l'instant, à l'Université, la formation en enseignement n'est obligatoire que dans le cadre du doctorat mixte en administration, mentionne-t-elle. Autre sujet qui la préoccupe tout autant: "Comment une université intéressée par l'excellence de l'enseignement peut-elle encore ne pas avoir de programme plus complet de formation à l'enseignement supérieur?" En tout cas, Mme Bernard ne lâche pas prise: "Savoir enseigner, clame-t-elle, n'est pas inné. Pour devenir un bon professeur, il ne suffit pas de posséder la matière. Encore faut-il savoir utiliser les méthodes et les moyens d'enseignement appropriés." Dominique Nancy |