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L'invitation au voyage

Les étudiants sont invités à parcourir le monde sans cesser d'étudier.

Grâce aux programmes d'échanges, Julie Sirois a étudié cinq mois à Taïwan et cinq mois à Paris.

Désargentés, affamés, Yannick Turenne et Pascal Létourneau étaient coincés depuis trois jours entre le Guatemala et le Mexique quand les douaniers ont bien voulu les laisser passer, mais sans renoncer à leur "petit cadeau". Les deux étudiants en architecture ont dû leur offrir chacun un rafraîchissement pour avoir la voie libre.

"Nous avions dépensé presque tout notre argent liquide, explique Pascal Létourneau, qui travaille aujourd'hui comme architecte chez Beaupré et Michaud, sur le boulevard Saint-Laurent, tout en poursuivant une maîtrise à l'École d'architecture. Au Guatemala, impossible de faire des retraits par guichet automatique. Et l'on ne pouvait pas encaisser nos chèques de voyage. Il ne restait plus rien pour corrompre les douaniers", dit-il en riant.

Après cette mésaventure, les étudiants ont pris quelques jours de repos bien arrosé dans un hôtel sympathique où l'on accroche son hamac pour 2$ la nuit... Puis, ce fut le retour aux études. Yannick Turenne a pris la direction de l'Université autonome de Mexico et Pascal Létourneau s'est dirigé vers Monterrey, dans le nord-est du pays.

Chaque année, des centaines d'étudiants adhèrent comme Pascal et Yannick à des programmes d'échanges. Le principe est simple: le candidat recommandé par le responsable des études de son unité fait son inscription comme à l'habitude à l'Université de Montréal, mais il va suivre ses cours dans l'une des universités qui ont conclu une entente de coopération avec l'établissement d'attache. Dans le cas de Pascal, un élément supplémentaire l'incitait à partir: une bourse du gouvernement du Canada offerte dans la foulée de l'ALENA. Elle couvrait la totalité de ses dépenses. Pour ce voyageur dans l'âme qui a envisagé la carrière de coopérant, l'occasion était trop belle.

Julie Sirois a constaté que les marchés publics de Taipei étaient colorés.

Taïwan et Paris
Julie Sirois a également profité d'une bourse pour aller étudier le mandarin à Taïwan durant un trimestre de son baccalauréat bidisciplinaire en études est-asiatiques et anthropologie. Elle a même remis ça dès son retour au pays et adhéré à un autre programme d'échanges avec l'Institut des langues et civilisations orientales, à Paris. Deux séjours de cinq mois chacun, avec tout juste une semaine à Montréal entre les deux, le temps de saluer la famille et les amis.

"Les programmes d'échanges, c'est super, dit-elle. C'est une excellente occasion de voyager tout en continuant d'étudier. Mes deux séjours m'ont permis de vivre la plus belle année de mon baccalauréat."

Pour Julie Sirois, il ne faut pas s'arrêter au fait que seuls les étudiants possédant un "excellent" dossier scolaire pourront partir. "Ça vaut la peine d'essayer. Je ne m'attendais pas à être boursière."

Sur place, Julie a même trouvé du travail. "Taïwan est très prospère, explique-t-elle. Des gens sont prêts à tout pour faire en sorte que leurs enfants apprennent l'anglais et améliorent leurs chances de réussir sur la scène internationale. J'étais payée jusqu'à 50$ l'heure pour enseigner l'anglais!"

Par la suite, à Paris, Julie a travaillé pour la délégation du Québec, car le Printemps du Québec battait son plein et l'on était à la recherche d'employés temporaires. Ces petits boulots lui ont permis de diminuer les frais entraînés par les déplacements. Car les étudiants voyageurs profitent souvent de l'occasion pour voir du pays.

Alors qu'ils étaient étudiants en architecture, Yannick Turenne et Pascal Létourneau ont profité d'un programme d'échanges au Mexique, l'un à Mexico, l'autre à Monterrey. Ils se sont retrouvés pour visiter le site maya de Palenque, au Chiapas.


L'espagnol dans la main
La barrière de la langue est un autre facteur qui décourage certains candidats. Pourtant, il y a toujours moyen de s'en sortir. "Mon programme d'échanges consistait en six mois d'études à l'Université Nuevo Leon, reprend Pascal Létourneau. Monterrey est une ville grise, industrielle, de cinq millions d'habitants. J'étais un peu découragé à mon arrivée. En plus, je ne parlais pas un mot d'espagnol."

Recourant au système D, Pascal a inscrit chaque matin des mots en espagnol dans sa main de façon à pouvoir "survivre" aux conversations les plus banales. "J'allais à l'école les mains pleines d'encre..."

Mais cela a fonctionné. Au premier examen, il constate que sa matière est bien assimilée. Puis, surprise: c'est le Montréalais qui obtient la meilleure note de la classe. "Il faut dire que le niveau scolaire est plus faible qu'ici et que les étudiants sont plus jeunes, relate-t-il. Et comme l'espagnol est une langue assez facile à apprendre, je n'ai pas eu trop de mal à m'adapter."

Pour les quatre cours suivis au pays des sombreros, sa note la plus faible dépassait les 90%. Succès scolaire, donc. Mais le plus satisfaisant pour le jeune homme est d'avoir rebâti une vie sociale en moins de deux mois.

Le jour où il a représenté la faculté d'architecture à la compétition de basket-ball qui opposait les différentes unités de l'université de Monterrey (plus de 250 000 étudiants), il s'est senti réellement accepté. "Les Mexicains sont extrêmement chaleureux. Tout le monde voulait connaître le Canadien en architecture. Pour mon anniversaire, des amis ont distribué des tracs dans les corridors. Il y avait 50 personnes chez moi!"

Pour Pascal Létourneau, la mésaventure à la frontière du Guatemala est négligeable dans l'ensemble de son séjour en Amérique latine. "Et puis, il faut bien qu'on vive des choses en voyage, sinon, on ne saurait pas de quoi parler", blague-t-il.

En un mot, résume l'étudiant, il a vécu quelques-uns des plus beaux mois de sa vie.

Mathieu-Robert Sauvé


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