Régime de retraite: les rentes indexées à
100%
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Éric Filteau, directeur
de la division du Régime de retraite à la Direction
des ressources humaines |
Malgré le congé de cotisation
de l'Université, le programme de rachat d'années
de service passées et un rendement sur les placements
moindre qu'au cours des années précédentes,
la caisse du Régime de retraite de l'Université
de Montréal (RRUM) affichait toujours un confortable surplus
actuariel à la fin de 1998.
En février dernier, le Comité
de retraite a donc demandé à un groupe d'experts
d'étudier plus d'une vingtaine d'hypothèses de
mesures pouvant contribuer à le résorber. Le Conseil
de l'Université a retenu certaines d'entre elles, dont
l'indexation automatique des rentes à 100% de l'indice
des prix à la consommation jusqu'en 2002.
"Ce sont 112M$ qu'il fallait pouvoir
utiliser pour être en règle avec les lois sur l'impôt",
a précisé Éric Filteau, directeur de la
division du Régime de retraite à la Direction des
ressources humaines, à l'assemblée annuelle statutaire
du RRUM, qui avait lieu le 27 octobre. Rappelons que les gouvernements
imposent des plafonds aux surplus actuariels qu'on peut accumuler
dans les fonds de retraite privés ainsi que des pénalités
si ces surplus ne sont pas résorbés.
À elle seule, l'indexation automatique
à 100% de tous les crédits de rentes qui sont accumulés
et qui continueront de l'être d'ici le 30 juin 2002, aura
raison de la quasi-totalité du présent surplus.
"Cette mesure constitue en somme une
garantie d'indexation à vie pour tous les retraités
et ceux qui prendront leur retraite d'ici juin 2002 et leurs
ayants droit, a observé M. Filteau. Quant à ceux
qui prendront leur retraite après cette date, ils sont
assurés d'une indexation à 100% pour les crédits
de rentes qu'ils auront accumulés jusqu'en 2002 et d'une
indexation automatique minimale de 75% par la suite."
Cependant, étant donné que le
règlement du RRUM prévoit que les surplus actuariels
doivent être appliqués en priorité à
l'indexation des rentes des retraités, il y a de fortes
chances que les futurs retraités profitent également
d'une indexation à 100% pour encore de nombreuses années.
"Notre régime est techniquement indexé à
100%", signale M. Filteau.
Parmi les autres mesures adoptées pour
résorber le surplus, mentionnons:
- la bonification du programme de rachat d'années
de service passées dont bénéficient 80%
des participants actifs;
- la garantie d'une prestation minimale équivalant
à deux fois les cotisations, plus les intérêts,
mesure qui profitera surtout aux personnes qui quittent prématurément
le Régime;
- une augmentation des cotisations à
compter de 2006, augmentation qui demeure théorique puisque
d'éventuels surplus actuariels pourraient avoir pour effet
de la retarder;
- un nouveau report du remboursement de l'employeur,
qui s'était vu accorder un congé de cotisation
de trois ans en décembre 1997;
- l'établissement d'un régime
surcomplémentaire de retraite à compter de janvier
2001. "Le participant au Régime cotise sur son plein
salaire, tandis que les règles fiscales imposent un plafond
au montant de la rente qui peut lui être versée",
a expliqué M. Filteau. Le régime surcomplémentaire
de retraite lui permettra donc de recevoir une rente en proportion
des cotisations qu'il aura versées.
En début de séance, M. Filteau
a rappelé les modifications apportées au règlement
du Régime de retraite en 1998. Celles-ci visaient principalement
à rendre le Régime conforme à la loi 102,
adoptée en 1997 par l'Assemblée nationale pour
favoriser la retraite progressive et la retraite anticipée.
L'une d'entre elles spécifie les montants que peut exiger
du RRUM un employé de 55 ans et plus qui a réduit
son temps de travail après entente avec l'employeur. Une
autre mesure vise à alléger les frais administratifs
en permettant au Comité de retraite d'obliger les personnes
qui ont quitté l'Université après peu d'années
de service à se retirer du Régime lorsque la valeur
des droits qu'elles y ont accumulés est inférieure
à 10% du maximum des gains admissibles, soit environ 3700$
en 1999.
Rendement
Au 31 décembre 1998, la valeur marchande de la caisse
de retraite du RRUM s'élevait à près de
1,5 milliard, plus exactement 1,484 milliard, en hausse
de 45,82 millions par rapport à l'année précédente.
Cette faible croissance est due bien sûr au congé
de cotisation de l'employeur et à l'augmentation des prestations
versées aux retraités, mais aussi à la volatilité
des marchés financiers. En effet, le rendement sur les
placements a été de 5,8%, soit légèrement
inférieur au taux de rendement moyen obtenu par les caisses
de retraite ayant plus de 250M$ d'actif. Rappelons que l'année
précédente le RRUM s'était classé
au premier rang au Canada avec son rendement de 20%.
Le directeur des placements Germain Bourgeois
attribue aussi ce faible rendement aux difficultés vécues
par un des gestionnaires de portefeuille. Le RRUM en compte une
dizaine, aucun d'entre eux ne gérant plus de 18% de l'actif.
M. Bourgeois précise toutefois que
la stratégie de placement est fondée sur une vision
à long terme et qu'il se peut que, d'une année
à l'autre, il y ait des variations substantielles de rendement.
Il rappelle que le rendement total de la caisse s'élève
à 12,7% sur deux ans et que sa performance dépasse
celle de la Caisse de dépôts et placement, qui gère
la caisse de la Régie des rentes du Québec sur
les périodes de 4 ans (15,3% contre 14,2%) et de 10 ans
(12,1% contre 11,1%).
Françoise Lachance
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