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Le sort du monde entre les mains des jeunes

Plus de 30 étudiants de premier cycle ont participé à une simulation d'une semaine à l'ONU.

Édith Brochu et Magdaline Boutros, 2 des 32 étudiants membres du Club des Nations Unies de l'Université de Montréal qui ont participé au printemps dernier à la simulation d'une semaine à l'ONU.

"L'Organisation des Nations Unies (ONU), c'est de la politique de couloir", lance Édith Brochu, étudiante au baccalauréat spécialisé en sciences politiques. "C'est en coulisses que les diplomates règlent les grands problèmes de l'heure", ajoute sa collègue, Magdaline Boutros, étudiante au premier cycle au nouveau programme de relations internationales.

Les deux jeunes femmes, âgées de 20 ans, ont participé à la simulation annuelle de l'ONU, qui s'est déroulée du 29 mars au 4 avril derniers, à laquelle l'Université de Montréal a pris part pour la neuvième année d'affilée. "C'est une simulation, mais tout se passe comme si nous prenions la place des diplomates des pays qui siègent à l'ONU", explique Magdaline Boutros. Première constatation des étudiantes: le sort du monde se décide dans les ascenseurs et les couloirs ou encore pendant l'heure des repas. Bref, à tout autre moment qu'au cours des sessions officielles!

Cette année, la direction du National Model United Nations (NMUN) a attribué à l'Université de Montréal la représentation de la Suède. "Nous étions tous assez contents de cette décision, souligne Édith Brochu, car les délégués siègent aux mêmes comités que la nation représentée. Cela dépend de l'importance du pays. La Suède, par exemple, participe à beaucoup plus de comités (Assemblée générale, Conseil de sécurité, Conseil économique et social, etc.) que le Bénin, représenté à cette simulation par l'Université de Sherbrooke." La délégation, composée de 30 autres étudiants membres du Club des Nations Unies de l'Université de Montréal (CNUUM), a donc défendu avec enthousiasme les intérêts de ce pays à la 54e assemblée générale du NMUN.

Les dessous de la diplomatie
À titre de représentantes au comité de la Conférence internationale sur la population et le développement, Magdaline et Édith avaient par exemple pour mandat de soumettre des résolutions relatives à trois axes: l'urbanisation dans les pays sous-développés, l'évolution de la population et la promotion de la santé. Elles ont dû ensuite défendre la position de la Suède afin de faire adopter le plus de résolutions possible par les autres pays membres. Et tout cela dans la langue de Shakespeare!

"Il faut pouvoir s'exprimer aisément en anglais. C'est un des critères de sélection", affirme Magdaline Boutros qui, comme son amie, a été choisie à la suite d'un test de connaissances et d'une entrevue. "On doit investir beaucoup de temps dans la préparation si l'on souhaite faire partie de la délégation. Et une fois sélectionné, c'est encore pire. Mais l'expérience sur le terrain en vaut vraiment la peine", fait valoir Magdaline Boutros.

Édith Brochu partage cet avis. Selon elle, la simulation permet de mettre en pratique les notions apprises dans les cours, de développer l'esprit d'équipe et d'éprouver les dessous de la diplomatie. "On doit rapidement reconnaître nos adversaires et nos alliés, les rencontrer (en coulisses!) et tenter de créer des alliances avec eux de manière à obtenir leur appui au moment du vote de l'ordre du jour et des résolutions. Et puis, il faut apprendre à défendre sa position (celle du pays) tout en demeurant 'diplomate' ", dit Édith Brochu.

Seule ombre au tableau: aucun professeur ne supervise cette initiative étudiante. "Les Américains, eux, arrivent avec leur ordinateur portable et un professeur soutient chaque délégation. La participation à la simulation leur permet aussi d'accumuler trois crédits. Pas nous", déplore Édith Brochu. Elle se dit néanmoins elle aussi très satisfaite de son expérience.

Les deux étudiantes ne sont pas les seules à apprécier ce type d'apprentissage. Chaque année, des milliers d'étudiantes et d'étudiants (il y a autant de filles que de garçons) se familiarisent avec les rouages de l'ONU et prennent part à des débats politiques, sociaux et culturels. Au printemps dernier, ce sont 2500 étudiants, venus d'un peu partout dans le monde, qui ont afflué à New York pour débattre des grands problèmes de notre fin de siècle.

Un événement prestigieux
Comment expliquer la popularité de cet événement? C'est la seule simulation à avoir lieu au siège même de l'ONU et à laquelle assistent de véritables acteurs de l'organisme international comme Lloyd Axworthy, répondent les étudiantes. Le prestige a toutefois un prix. Outre le travail à accomplir en vue de la sélection, chaque équipe de la délégation doit assister à des rencontres préparatoires, effectuer des recherches, lire des documents et élaborer un dossier de présentation. Au total: six mois de préparation! Sans compter les nombreuses activités auxquelles les délégués sont tenus de participer pour payer le séjour dans la métropole américaine.

Si la période d'organisation et de formation est exigeante, c'est pendant la semaine à New York que les étudiants ressentent le plus de pression. Parler au micro et rédiger des textes dans une langue étrangère, c'est du sport. D'où l'importance de préparer longtemps d'avance sa prestation même si tout se joue sur les lieux, soulignent Édith Brochu et Magdaline Boutros. "Nous ne devons pas perdre la face... Nous représentons l'Université. Et puis, le texte des résolutions est lu par le personnel des consulats. On ne peut quand même pas dire n'importe quoi!"

Les jeunes femmes admettent toutefois que la somme de travail de tous les délégués ne représente pas la moitié de ce que font les membres du comité de direction du CNUUM. C'est grâce à leur engagement et à leur dévouement que des étudiants de premier cycle peuvent vivre une expérience aussi enrichissante, signalent Magdaline et Édith.

En 1998-1999, le comité du CNUUM était composé des étudiants suivants: Émilie Potvin, Martin Franche, Nicolas Morin et Catherine Émond. Laurent Morrissette a également contribué au soutien de l'équipe en effectuant des recherches. Un nouveau groupe chargé d'assurer la logistique, le financement ainsi que la préparation des nouveaux venus devrait être formé sous peu puisque dès le début d'octobre débutera la présélection des membres de la nouvelle délégation. À leur tour, ces étudiants représenteront l'Université de Montréal à la prochaine simulation de l'ONU, au printemps de l'an 2000.

Cette activité est offerte à tous les étudiants de premier cycle de l'Université. Une base en sciences politiques ou en relations internationales n'est pas obligatoire mais utile, dit-on. Outre l'Université de Montréal, les universités Laval, du Québec à Montréal, Sherbrooke et Bishop prennent également part à cette simulation.

Dominique Nancy


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