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Quartier libre: un lieu d'expression pour les étudiants

Le journal sert souvent de tremplin vers les métiers de la communication.

"Le journal existe d'abord pour informer l'ensemble de la communauté étudiante de l'Université. C'est aussi un lieu d'expression et d'échanges", fait valoir Bernard Leduc, le nouveau directeur de Quartier libre.

Qu'est-ce que Jean Drapeau, Camille Laurin, Gilles Duceppe, Denise Bombardier, Jacques Girard, Serge Ménard, Jacques Genest et Hubert Aquin ont en commun? Tous ont signé des textes dans Le Quartier latin, le journal étudiant de l'Université de Montréal de 1918 à 1970. Leur engagement a contribué à leur formation et a même servi de tremplin à la carrière publique de certains. Aujourd'hui, le journal a pour nom Quartier libre, un clin d'oeil en hommage à son prédécesseur.

"L'appellation renvoie aussi à la liberté d'opinion", signale le nouveau directeur, Bernard Leduc. Et plus encore. Le lancement de Quartier libre en 1993 marque un nouveau départ: finies les querelles avec la Fédération des associations étudiantes du campus de l'Université de Montréal (FAECUM). Le financement du journal est assuré cette même année par une cotisation étudiante et, bien sûr, par la publicité. Depuis, la FAECUM achète de l'espace publicitaire au même titre que les autres annonceurs et du coup elle cesse d'avoir un droit de regard sur le contenu du journal.

Un journal libre
Le bimensuel, au tirage de 15 000 exemplaires, prône aujourd'hui fièrement son indépendance. À la base de cette victoire, une équipe qui a su tirer profit de la courte vie de L'Affranchi. Un des membres fondateurs de Quartier libre, Carlos Soldevila, se rappelle: "Un an après le naufrage du journal de la FAECUM (Continuum), des étudiants ont fondé L'Affranchi. Mais faute de financement, il a rendu l'âme après seulement une dizaine de numéros." L'année suivante, Carlos Soldevila prend le relais. "J'ai réuni chez moi des dissidents de Continuum ainsi que des collaborateurs de L'Affranchi. Et puis l'idée d'un journal financé par les étudiants a jailli", raconte le premier directeur de Quartier libre.

Le journal est écrit, monté et géré par des étudiants désireux de communiquer. Ce sont des jeunes âgés de 21 à 27 ans qui veulent tenter l'aventure du journalisme et des communications sans nécessairement envisager d'en faire une carrière. "Mais pour ceux et celles que ces métiers intéressent, c'est un lieu privilégié pour se faire les dents", constate Bernard Leduc. La preuve? Bon nombre d'anciens collaborateurs travaillent à l'heure actuelle pour Le Devoir, La Presse, Le Droit, Voir ou Radio-Canada.

Marc Laurendeau, chargé de cours au Certificat en journalisme à la Faculté de l'éducation permanente, considère lui aussi comme éminemment formateur le fait d'écrire pour un journal étudiant. "Cela permet de se coller de près à la controverse sociale, économique et culturelle", dit-il. Si l'on apprend beaucoup sur le tas, une base en journalisme est néanmoins utile pour apprendre à maîtriser ce type d'écriture. "L'idéal est la combinaison d'une formation journalistique et de contenu", souligne le professeur qui a lui-même collaboré au Quartier latin.

Jean-François Nadeau partage cet avis. "Le journalisme est en partie instinctif, mais le contenu requiert des connaissances particulières", déclare le directeur littéraire d'Hexagone. Il sait de quoi il parle. Pendant ses études à l'UdeM, Jean-François Nadeau était sérieusement engagé au Quartier libre. C'est même lui qui a suggéré le nom du bimensuel. "Chaque minute de notre temps libre était consacrée au journal. Je me suis même déjà levé à six heures du matin pour aller faire la distribution, relate-t-il. On fait ça par plaisir!"

Le plaisir anime aussi Sophie Pouliot. Étudiante en histoire de l'art, la jeune femme âgée de 23 ans investit depuis deux ans un temps fou dans la préparation de la section culturelle du journal. "Le travail de chef de pupitre exige beaucoup d'énergie, mentionne-t-elle. Il faut s'occuper de la recherche de sujets, planifier la rentrée des articles, faire les corrections des textes, maintenir un contact avec les attachés de presse... et aussi trouver le temps d'écrire! Mais quand on aime ce qu'on fait, ce n'est pas vraiment du travail."

Elle n'est pas la seule à justifier son engagement par le besoin de communiquer son intérêt et sa passion pour un sujet. Pour elle, c'est l'art. Pour un autre, c'est la politique, l'histoire, l'astronomie, la médecine...

En fait, la majorité des collaborateurs du journal sont spécialisés dans un domaine. Résultat ? Un contenu fouillé, mais un style parfois un peu lourd. "La qualité d'un journal étudiant est tributaire des changements d'équipes", souligne Carlos Soldevila. À son avis, l'Université devrait soutenir l'initiative étudiante en invitant un professeur qualifié pour superviser le groupe. "Mais attention, prévient-il, l'aspect créatif et identitaire des étudiants doit être préservé à tout prix." Une idée intéressante qui pourrait bien faire son chemin. D'autant plus que cette approche semble porter ses fruits au Montréal Campus, journal étudiant de l'UQAM.

Journalisme d'enquête et militantisme
Sans viser une publication en particulier, Jean-François Nadeau estime qu'un journal étudiant ne doit pas être une pâle copie de ce que font les autres médias. Chose certaine, au Quartier libre, on entend bien privilégier un ton différent. "Le journal existe d'abord pour informer l'ensemble de la communauté étudiante de l'Université. C'est aussi un lieu d'expression et d'échanges", fait valoir Bernard Leduc. Et le militantisme ? L'étudiant de deuxième cycle en histoire sourit, jette un regard sur les dossiers éparpillés sur la table et lance: "Quelques batailles sont au programme cette année: la publicité sur le campus, l'encadrement scolaire et la formation en enseignement, notamment." S'il estime important de mettre l'accent sur les nouvelles qui concernent le campus, le nouveau directeur a bien l'intention de ne pas tomber dans la facilité. Il projette d'ailleurs d'exploiter le journalisme d'enquête. Et puis, les problèmes sociaux, économiques et politiques font aussi partie des préoccupations de la nouvelle équipe.

Sophie Pouliot (culture), Charles Désy (société et monde) et Frédéric Tremblay (campus) secondent Bernard Leduc dans la supervision du travail rédactionnel. Le groupe se compose également d'un photographe, d'un illustrateur, de deux correcteurs, d'une administratrice et de responsables pour l'impression, la distribution et la publicité. Quartier libre n'a vraisemblablement rien à envier aux professionnels.

Dominique Nancy


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