Le SAC déballe son sac

Au programme automnal: sculpture en sacs de papier, graphologie, enluminure, astronomie...

Jean-Pierre Trépanier, lauréat d'une bourse de 13 000$ du Conseil des arts et des lettres du Québec, privilégie le papier comme matériau pour ses sculptures. Il réalise aussi des flip books et des films d'animation. Ces activités sont au programme automnal du SAC.

Imaginez un masque de Bouddha, un palais arabe, une cathédrale gothique et d'immenses murales en trois dimensions conçus entièrement à partir de sacs en papier... Invraisemblable? Eh bien non. Pour Jean-Pierre Trépanier, le papier kraft est un matériau aussi noble que le bois, le granit ou même le bronze. "Cette matière a la propriété d'offrir à la fois une certaine résistance et une souplesse qui permettent de laisser libre cours à l'inspiration", lance le sculpteur.

Plusieurs techniques peuvent aussi être exploitées pour transformer le papier, explique M. Trépanier. "On peut par exemple produire des effets particuliers en le gaufrant, en le javellisant ou encore simplement en le manipulant", affirme-t-il. Mais ce support n'est-il pas fragile? "C'est justement cette caractéristique qui permet d'évoquer à travers les créations le caractère sacré de l'homme et de son environnement", répond l'artiste.

Ce souci écologique est d'ailleurs à l'origine de ses sculptures en papier kraft. "Il fallait que je trouve quelque chose à faire avec tous ces sacs amassés", avoue-t-il. Et c'est ainsi que, depuis une dizaine d'années, Jean-Pierre Trépanier utilise le papier comme moyen d'expression artistique. Il réalise aussi des flip books (cinéographes à feuilles) et des films d'animation qui ont été présentés dans maints festivals de cinéma. S'il a osé repenser la matière, il ne privilégie pas pour autant le support au détriment du visuel. Les fleurs de lotus, les symboles taoïstes (le yin et le yang) et l'architecture tibétaine sont autant de thèmes récurrents dans le travail de M. Trépanier. Bref, des motifs complexes qui somme toute exigent une grande dextérité.

L'aménagement Papier kraft, une gigantesque installation faite à partir de milliers de sacs, a d'ailleurs impressionné tant par son envergure - elle occupait l'espace principal de l'atelier Casa Obscura sur le Plateau-Mont-Royal - que par la qualité du projet: les murs et le plafond étaient entièrement recouverts de briques, de spirales, d'images en relief et de mandalas (représentations géographiques et symboliques de l'univers dans la religion bouddhiste) fabriqués avec du papier.

Un second projet, intitulé Tout un papier, est actuellement en préparation et sera présenté le 24 septembre prochain à la maison Bruck, de Cowansville. Cette fois encore, l'artiste mettra en question les sentiments qui habitent l'être humain, la dimension spirituelle et humaniste notamment. "L'effet en trompe-l'oeil qui convie le visiteur dans un monde illusoire sera toutefois davantage exploité", mentionne l'artiste. Ça promet!

S'il s'amuse autant à produire des images qui modifient notre perception du réel, c'est que pour lui l'acte créateur est un jeu. Il se manifeste parfois par la dimension spatiale et la symbolique ou encore par la réflexion. Mais en tout temps, le jeu permet l'exploitation du sujet. Un esprit ludique constitue d'ailleurs un préalable, mentionne-t-on dans Le fureteur, pour s'inscrire à l'atelier de sculpture en sacs de papier offert par le Service des activités culturelles (SAC).

Un programme éclectique
Outre la sculpture en sacs de papier, le secteur Arts et monde du SAC propose des ateliers en peinture à l'acrylique, aquarelle, graphologie, danse (folklorique, sociale et orientale), dessin et film d'animation, etc. "Au total, 30 activités culturelles, dont une dizaine de nouveautés, seront offertes en automne et à l'hiver", souligne Marie-France Labelle. En renouvelant l'offre, Mme Labelle espère augmenter l'achalandage, mais elle rappelle aussi la raison première de cet objectif: la compréhension des apports culturels et l'expérimentation concrète des arts favorisent l'intégration des étudiants sur le campus.

L'année dernière, plus de 3500 personnes ont participé aux ateliers du SAC avec une moyenne de 12 inscriptions par activité. "Pour 1999-2000, nous cherchons à accroître de 10% le nombre de participants dans le secteur Arts et monde", précise la coordonnatrice. L'intérêt de la clientèle, composée à 75% d'étudiantes, devrait au moins se maintenir grâce aux primeurs: enluminure, calligraphie (anglaise et semi-onciale irlandaise), conception de montages de fleurs séchées, baladi, astronomie instrumentale, création littéraire, communication orale et médias, recherche sur Internet et production de sites Web. À noter également que deux nouveaux ateliers de langues, soit le chinois et l'italien, figurent au programme.

Pour de plus amples renseignements sur les activités du SAC, les horaires et les coûts, consultez Le Fureteur, disponible sur les divers présentoirs des pavillons, ou le site Internet www.sac.umontreal.ca.

Dominique Nancy