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La fête du Travail a perdu sa valeur symbolique

C'en est fini des traditionnels rassemblements d'autrefois, constate Jacques Rouillard.

Jacques Rouillard, professeur au Département d'histoire et auteur prolifique sur le syndicalisme et l'histoire sociale du Québec


"À partir du champ de Mars, les travailleurs syndiqués défilent dans les rues du centre-ville en vêtements de travail: les plâtriers en costume blanc, les ferblantiers en salopette, les mouleurs avec leur pelle sur l'épaule... Ils sont plus de 2000 à déambuler selon un ordre précis avec des fanfares et des bannières", raconte Jacques Rouillard, professeur au Département d'histoire. Non, il ne s'agit pas d'une grève générale. C'est plutôt la première manifestation de la fête du Travail à Montréal. La scène se déroule le 6 septembre 1886.

L'année 1914 marque l'apogée de la célébration, avec environ 30 000 personnes, 67 syndicats de métiers, 12 fanfares, une dizaine de chars allégoriques, un nombre incalculable de drapeaux et de bannières ainsi qu'une foule de spectateurs massés le long du parcours!

"Aujourd'hui, rien ne vient marquer cette journée, qui est devenue un simple jour de congé, note l'historien. C'est un jour de fête sans fête, qui a perdu toute valeur symbolique", ajoute-t-il.

Les cols bleus n'ont-ils plus le sentiment d'appartenance à la classe ouvrière? Peut-être, semble dire Jacques Rouillard. "En tout cas, la fierté d'appartenir à cette classe n'a plus le même sens, constate le professeur. À l'époque, ils étaient très fiers de leurs expériences, connaissances et réalisations. Au fil des ans, le rassemblement a plutôt eu pour but de faire connaître les problèmes liés au marché du travail", dit-il.

Un peu d'histoire
Les origines de la Journée internationale des travailleurs et des travailleuses remontent au 1er mai 1886. Date limite fixée par la Fédération américaine du travail (FAT) pour que les employeurs se conforment à la journée de travail de huit heures... sinon, c'était la grève! "Un vaste mouvement d'appui voit alors le jour aux États-Unis. À Chicago, les choses tournent mal: une bombe explose, tuant 7 policiers et en blessant plus de 70, révèle Jacques Rouillard. La tragédie du Haymarket, poursuit-il, a conduit injustement à la condamnation de huit leaders ouvriers, dont quatre ont été pendus."

Selon lui, l'événement sanglant de Chicago a contribué à sensibiliser les délégués au congrès de Paris à la lutte des syndiqués américains pour réduire légalement le temps de travail. "Ces délégués ont choisi en 1889, au congrès de fondation de la IIe Internationale à Paris, le 1er mai comme jour de fête dans une résolution qui passa presque inaperçue et dont personne ne soupçonnait que la célébration puisse prendre autant d'ampleur dans les années subséquentes", mentionne le professeur.

Paradoxalement, les syndicats américains ont considéré le 1er mai comme une fête socialiste même si elle commémore l'épisode tragique qui eut lieu aux États-Unis. "S'ils ont préféré le 1er septembre, signale Jacques Rouillard, c'est aussi parce que la FAT avait déjà choisi cette date en 1884, cinq ans avant le congrès de Paris et bien avant que la date du 1er mai s'étende en Europe, pour des raisons prosaïques: la température y est habituellement plaisante et le jour retenu se situe au milieu d'une longue période sans fête chômée", explique-t-il.

Et pourtant, chaque année, partout dans le monde à l'extérieur de l'Amérique du Nord, la célébration de la fête des travailleurs et des travailleuses a lieu le 1er mai. Même si le calendrier désigne le premier lundi de septembre comme le jour de la fête légale du travail.

"Le choix du 1er mai par les centrales syndicales pour célébrer la fête du Travail est d'adoption récente, souligne le professeur. C'est seulement depuis 1970, à l'instigation du Conseil central des Syndicats nationaux de Montréal, que cette date a été arrêtée, précise-t-il. Le Conseil prétendait à l'époque que le premier lundi de septembre était la fête du travail et non pas celle des véritables travailleurs salariés." De l'avis du chercheur, l'interprétation n'est cependant pas fondée historiquement puisque "les manifestations reflétaient, tant par l'organisation que par la participation, un haut niveau de conscience ouvrière", fait-il valoir.

N'empêche qu'après la Deuxième Guerre mondiale le défilé commence à perdre de sa popularité auprès des syndiqués. La majorité des travailleurs préfèrent s'éloigner de la ville pour cette dernière fin de semaine de l'été. Et puis, la fête est annulée en 1952 à cause de la pluie. "L'année suivante, souligne le professeur, le Conseil remplace le défilé par un spectacle de variétés au Palais du commerce. C'en est fini du traditionnel rassemblement visant à démontrer la force, la solidarité et l'unité des travailleurs", déclare-t-il.

On observe cependant encore quelques ralliements au Canada, mais la participation perd graduellement de l'ampleur, si bien que de nos jours les images télévisées de la célébration du premier lundi de septembre proviennent du défilé de Toronto ou de celui de New York.

Dominique Nancy



Travailleurs recherchés...

Tout le monde le sait, les jeunes ont de la difficulté à se trouver un emploi. C'est pourquoi il existe un service universitaire de l'emploi (SUE) sur le campus.

"Le SUE a reçu plus de 5000 offres d'emploi en 1998-1999 et pourvu plus de 2700 postes, souligne Sophia Arès, conseillère en emploi. Depuis 1992, le SUE appuie les étudiants et finissants dans leurs démarches de recherche d'emploi. "On vise à faciliter leur intégration en les informant des marchés créateurs d'emplois, en les rapprochant du milieu de travail convoité et en les aidant dans leur cheminement de recherche", précise Mme Arès.

Dans cette optique, de nombreuses ressources sont mises à leur disposition. Il y a d'abord un service de placement personnalisé pour les finissants. "Le conseiller en emploi informe le finissant des offres d'emploi reçues dans son domaine d'études ou son champ d'intérêt, explique Sophia Arès. S'il est intéressé par le travail, le conseiller envoie directement le CV du candidat à l'employeur. Pour bénéficier de ce service, ajoute la conseillère, il faut que le finissant se présente au bureau avec trois copies de son curriculum vitae."

Le SUE a aussi mis sur pied un programme de mentorat de groupe. Il permet aux récents diplômés de rencontrer des employeurs et de discuter avec eux des exigences et réalités de divers métiers. Des ateliers sur des aspects importants à considérer avant d'entamer toute recherche (rédaction du curriculum vitae, techniques de recherche d'emploi, préparation de l'entrevue, etc.) sont par ailleurs offerts tout au long de l'année.

Un guide de recherche d'emploi - maintenant accessible sur le Web - ainsi qu'une banque de données et des babillards d'offres d'emploi s'ajoutent également aux outils de recherche proposés aux étudiants. On peut aussi consulter au Centre d'information sur l'emploi un répertoire d'employeurs, des revues et des articles de presse sur des entreprises. En primeur cette année au SUE: des ordinateurs sont mis à la disposition des étudiants qui désirent faire des recherches sur Internet.

À noter enfin la sixième Semaine de l'orientation et de l'emploi, qui aura lieu les 8, 9 et 10 novembre. Au programme: stands d'information, ateliers et conférences. Ces activités sont organisées en collaboration avec le Service d'orientation et de consultation psychologique.

Pour d'autres renseignements, consultez le site Web du SUE: www.emploi.umontreal.ca.

D.N.


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