FORUM - 5 JUIN 2000

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Chaires de recherche: l'UdeM, deuxième au Canada

Avec ses 172 chaires, le complexe UdeM-HEC-Poly est au deuxième rang, derrière l'Université de Toronto.

Pour le recteur Robert Lacroix, ce classement reflète bien la performance en recherche de l'Université de Montréal et des écoles Polytechnique et des Hautes Études Commerciales. En effet, ces chaires sont attribuées sur la base du volume des subventions de recherche accordées par les trois grands conseils subventionnaires fédéraux au cours des trois dernières années.

Ce programme de chaires de recherche du Canada, annoncé dans le discours du Trône d'octobre dernier, vise à faire en sorte que les universités canadiennes puissent d'une part conserver leurs plus brillants chercheurs - qui sont courtisés par les universités américaines et européennes - et d'autre part recruter aux États-Unis, en Europe ou ailleurs des chercheurs de calibre international. On prévoit ainsi la création de 2000 nouvelles chaires dans les universités canadiennes au cours des cinq prochaines années (voir les faits saillants du programme*).

En vertu de ce programme, l'Université de Montréal obtient 138 chaires, l'École des Hautes Études Commerciales, 6 et l'École Polytechnique, 28.

"Ces chaires s'inscrivent à l'intérieur de la coopération de plus en plus grande qui s'est instaurée entre nos trois établissements depuis l'élaboration du projet de technopole et des projets communs préparés dans le cadre de la campagne de financement, a signalé M. Lacroix dans une entrevue à Forum. Les trois établissements qui forment le complexe universitaire de l'Université de Montréal vont ainsi connaître une transformation considérable au cours des années à venir."

Position concurrentielle
Pour l'Université de Montréal, les 138 chaires sont ainsi réparties: 72 relèveront du Conseil de recherches médicales (CRM), 33 du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) et autant du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH).

"Ces chaires tombent à point nommé", constate M. Lacroix. En effet, au cours des quatre prochaines années, les départs à la retraite de plusieurs professeurs libéreront de nombreux postes tandis que les impératifs de la croissance nécessiteront qu'on en ouvre d'autres.

Pour le recteur, il ne s'agit donc pas d'additionner 138 postes aux 400 déjà prévus, mais plutôt d'obtenir une marge de manoeuvre pour attirer des sommités internationales, reconnues par leurs pairs comme des chefs de file dans leur domaine, ou encore de retenir les chercheurs prometteurs, susceptibles de le devenir.

"Nous comptons sur ce programme pour améliorer notre capacité concurrentielle dans le recrutement de chercheurs de haut calibre et non pour créer des postes. Il n'est pas exclu que nous puissions augmenter un peu le nombre de postes, mais là n'est pas l'objectif du programme. Nous allons plutôt utiliser ces chaires pour consolider les offres que nous faisons aux meilleurs chercheurs afin de les attirer ou de garder ceux dont il nous faut bonifier la situation."

Au cours des dernières années, l'Université a dû déployer des efforts considérables pour retenir des chercheurs fortement sollicités par d'autres universités. Dans plusieurs cas, elle n'a pas pu, faute de moyens, concurrencer les offres d'universités canadiennes ou américaines mieux nanties.

Deux types de chaires
"Mais présentement notre situation est exceptionnelle au Québec parce que nous avons atteint l'équilibre budgétaire et que nous pouvons nous permettre d'ouvrir de nouveaux postes, a indiqué M. Lacroix. Or, si nous avions un déficit de 20 millions par année, nous serions forcés d'utiliser ce programme afin de pourvoir nos postes."

Dans le cas des chaires dites de second niveau, qui s'adressent à des chercheurs agrégés, le montant annuel alloué est de 100 000$. "Prenons l'exemple d'un chercheur qui gagne 70 000$ par année, plus les avantages sociaux: la chaire ne paierait alors pratiquement que le salaire, constate le recteur; il ne resterait donc presque rien pour bonifier l'environnement de recherche" si l'Université comptait sur la chaire pour créer le poste.

Pour les chaires de premier niveau, s'adressant aux chercheurs titulaires de calibre international, le montant alloué annuellement est de 200 000$.

"On peut donc, dans ce cas, espérer dégager 60 à 70 000$ pour engager des stagiaires postdoctoraux, réaménager le laboratoire, améliorer les collections, recruter des techniciens, soutenir indirectement la recherche... Il s'agit donc là d'une marge de manoeuvre considérable qui, si nécessaire, nous permettra de rester concurrentiels pour engager aux États-Unis et en Europe."

Un tel programme ne risque-t-il pas de se traduire par un maraudage des cerveaux entre les universités canadiennes?

"À la dernière réunion des recteurs du groupe des 10 grandes universités de recherche canadiennes, nous nous sommes entendus pour faire preuve d'autodiscipline et de fair play. Il ne faut pas faire dévier le programme de son objectif, qui est de freiner l'exode des cerveaux là où il se produit et d'aller chercher là où ils se trouvent dans le monde ceux qu'on n'aurait pas pu recruter autrement."

La chasse aux cerveaux
Avec la vague de départs à la retraite, qui s'accélérera à compter de 2002-2003 non seulement au Canada, mais aussi aux États-Unis et en Europe, les pays du G-7, particulièrement nos voisins du Sud, ratissent le monde à la recherche des plus brillants cerveaux, écrivent les responsables du programme dans un document qui en résume les grandes lignes.

Néanmoins, selon M. Lacroix, la mise sur pied de ces chaires met l'Université de Montréal dans une position avantageuse comme jamais auparavant. Avec ce programme, croit-il, le projet de technopole connaîtra un essor considérable.

Avant de réclamer les 25 chaires qui lui sont attribuées pour cette année, l'Université doit déposer, au plus tard le 1er septembre, un plan stratégique. Le recteur, qui est responsable de ce plan en vertu des règles du programme, compte bien respecter cette échéance.

"Il s'agit de ramasser ce qui est déjà contenu dans le plan de relance, le rapport au ministre ('Pour un complexe universitaire de calibre mondial') et les orientations stratégiques 2000-2003." Ce dernier document a été présenté à l'Assemblée universitaire le 29 mai. Par ailleurs, le vice-recteur à la recherche, Alain Caillé, rencontre présentement les doyens ainsi que les représentants des écoles, hôpitaux et instituts affiliés afin de préciser ces orientations et de déterminer l'affectation des chaires pour la première année.

"Les délais sont courts, mais comme le plan est à revoir chaque année, nous présenterons d'abord nos grandes orientations, que nous raffinerons par la suite", a signalé M. Lacroix. Il s'attend d'ailleurs à ce que les premières années du programme servent surtout à la consolidation et à la rétention des chercheurs déjà en poste pour mener progressivement à du recrutement stratégique à l'étranger.

Françoise Lachance


Points saillants

  • Le Programme des chaires de recherche du Canada vise à créer 2000 nouvelles chaires de recherche d'ici 2006. Il est administré par les trois conseils subventionnaires fédéraux (CRM, CRSNG et CRSH) en collaboration avec la Fondation canadienne pour l'innovation (FCI) et Industrie Canada.
  • Le nombre de chaires allouées à chacune des universités est fonction des subventions de recherche qu'elles ont obtenues des trois conseils au cours des trois dernières années.
  • Ces chaires permettront aux universités d'offrir des conditions de recherche exceptionnelles afin d'attirer les plus éminents chercheurs ou de retenir les jeunes cerveaux.

Les chaires de premier niveaux s'adressent aux titulaires, ou aux agrégés sur le point de le devenir, qui sont des chercheurs reconnus mondialement comme des chefs de file dans leur domaine. Ces chaires sont de 200 000$ par année pendant sept ans; elles sont renouvelables.

Les chaires de second niveau s'adressent aux agrégés et aux adjoints considérés comme les plus aptes à devenir des leaders internationaux dans leur champ d'activité. Elles sont de 100 000$ par année pendant cinq ans, renouvelables une fois.

Les établissements jouiront d'une certaine latitude en ce qui concerne l'utilisation des fonds, pourvu que ceux-ci servent à financer le programme de recherche de la chaire et le salaire de son titulaire.

  • Les universités peuvent inclure dans leur mise en candidature une demande de soutien à l'infrastructure de la FCI allant jusqu'à 125 000$ par chaire.
  • Les candidatures seront évaluées par un collège d'examinateurs qui fera ses recommandations au Comité directeur du programme en matière de financement. Les décisions seront prises quatre fois par année: en mars, juin, septembre et décembre. Les premières décisions seront arrêtées à la mi-décembre; les candidatures doivent donc être soumises au plus tard le 1er septembre.
  • Avant de soumettre des candidatures, l'université doit remettre un plan stratégique où elle expose ses secteurs prioritaires et le déploiement des chaires à l'intérieur de ceux-ci. Chaque année, elle devra également présenter un rapport sur les progrès de son plan stratégique en mettant l'accent sur l'influence qu'y ont eue les différentes chaires ainsi que sur la façon dont les fonds ont été utilisés.
  • Les candidatures seront examinées en fonction de deux critères: l'intégration au plan stratégique et l'excellence du candidat.
  • Pour en savoir plus: www.sshrc.ca, www.mrc.gc.ca, www.nserc.ca.

F.L.


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