FORUM - 15 MAI 2000

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Le sport est à l'honneur à l'expo d'aménagement

L'exposition a réuni une centaine de projets des cinq disciplines de la Faculté.

Le Seapack, de Patrice Guillemin, est un canot pliable qui se transforme en sac à dos.

Vous rêvez de courir le Marathon de Montréal en moins de deux heures? Les chaussures de course à mémoire active de Réginald Dubuisson pourraient peut-être vous permettre d'atteindre cet objectif. L'étudiant à l'École de design industriel a conçu une semelle qui améliore les performances du joggeur.

"Les chaussures de course offertes sur le marché possèdent des semelles molles qui absorbent une partie de l'énergie du coureur, dit-il. La semelle à mémoire active est fabriquée à partir de fibres de carbone. Ce matériau rigide et souple à la fois agit comme un ressort qui permet de plus grandes enjambées aux joggeurs."

Le prototype de cette chaussure de sport faisait l'objet d'une présentation publique du 5 au 7 mai derniers à la Faculté de l'aménagement. Une centaine d'autres projets d'étudiants sortants dans les cinq disciplines de la Faculté (design industriel, design d'intérieur, architecture, architecture de paysage et urbanisme) étaient exposés à l'occasion de cet événement annuel.

La remorque multisport, conçue par Charles-Antoine Montpetit, a la particularité de s'adapter à plusieurs types d'activités. Elle est à la fois une voiturette pour vélo, une poussette de randonnée et un traîneau pour ski de fond.


Sport et transport

Des 54 travaux présentés par les jeunes designers industriels, plusieurs étaient axés sur l'activité physique. Parmi ceux-ci, la remorque multisport, destinée aux personnes actives qui désirent partager leur intérêt pour le plein air avec leur marmaille, a particulièrement attiré l'attention. Cette remorque a la particularité de s'adapter à plusieurs types d'activités.

"L'idée était de réfléchir à un nouveau système de transport pour enfants âgés de un à trois ans qui pourrait être utilisé en été comme en hiver, raconte son concepteur, Charles-Antoine Montpetit. La structure en aluminium pliable, recouverte d'une toile de nylon tendue, permet à la remorque Globule d'être une voiturette pour vélo, une poussette de randonnée ou un traîneau pour ski de fond."

Egon de Roth a, quant à lui, créé une nouvelle activité sportive à partir des sensations et des mouvements retrouvés dans le bmx (sport de sauts acrobatiques en vélo). Le Bikeboard, conçu sans roues ni chaîne et pédales, permet les mêmes manoeuvres que le bmx mais s'utilise sur la neige. C'est une innovation issue d'un croisement entre la planche à neige et le vélo.

Un autre produit hybride: la motoluge. Le contrôle de ce véhicule récréatif, conçu par Guillaume Longpré, s'effectue à l'aide des pieds. La motoluge provient d'une analyse des tendances et des goûts des jeunes. Depuis quelques années, la fusion de deux activités sportives dans la recherche de nouvelles émotions est, en effet, une mode chez eux.

C'est cet engouement pour les sports extrêmes qui a amené Christian Dufort à concevoir la combinaison protectrice Freezeland. Le rôle principal de ce produit est de protéger les adeptes de sports dits à risque contre les blessures inhérentes à la pratique de leur activité.

"Je me suis essentiellement intéressé aux sports de glisse marginaux, comme la planche à neige et le ski extrême. Le défi consistait à créer un vêtement qui préserve les planchistes et les skieurs à la fois du froid et des chocs lors d'atterrissages sur des surfaces glacées ou très dures. La combinaison devait aussi être esthétique et à l'image de ces jeunes téméraires."

Le Seapack, de Patrice Guillemin, est un autre exemple de produit associé à une activité de plein air. Il s'agit d'une embarcation de type kayak, faite d'aluminium et de tiges de carbone, qui permet de naviguer en toute sécurité sur les lacs et les rivières. L'originalité du produit réside dans sa configuration: ce canot pliable se transforme en sac à dos et permet à l'utilisateur de porter seul son embarcation, qui peut être assemblée en huit minutes.

"C'est la partie médiane en fibre de verre, servant à la fois de cockpit et de structure pour le sac à dos, qui diminue le temps d'assemblage", explique Patrice Guillemin. Un autre projet de cet étudiant, le casque de scaphandrier Deep Space, faisait récemment l'objet d'un article dans Forum (voir vol. 34, no 17, 17 janvier 2000).

Dans le cadre de cette exposition, on pouvait aussi admirer le prototype d'un vélo urbain, dont on prévoit faire la distribution par le biais d'Internet. Le Velocity, imaginé par Olivier Morin, vise à permettre aux clients de personnaliser leur vélo et à contribuer à l'évolution du design de ce type de produit.

Caroline Rolland, étudiante à l'École d'architecture de paysage, présente la maquette d'un sentier d'interprétation aménagé en bordure de la rivière Chicoutimi.

Une exposition d'envergure
Les travaux des bacheliers de l'École de design industriel étaient présentés dans un catalogue, dont la conception graphique a été réalisée par des étudiants de deuxième année. D'autres ont collaboré à l'organisation, à la coordination ou à la promotion de l'exposition. Guillaume Bélisle et Marianne Defoy faisaient partie du groupe chargé de fournir aux étudiants sortants les outils nécessaires à la présentation de leur projet: éclairage, tapis, supports, stand, etc.

"Ce travail s'effectue dans le cadre d'un atelier crédité pour lequel nous devons aussi produire un rapport, fait valoir Guillaume Bélisle. Comme la plupart d'entre nous n'ont pas ou du moins n'ont que très peu d'expérience, le document écrit sert à faire profiter les prochains étudiants de notre apprentissage."

La mise sur pied d'un tel événement, couru tant par les jeunes créateurs que par les professionnels du design, nécessite que tous assument leur rôle avec efficacité et leadership. Comme chaque année, l'exposition a impressionné tant par son envergure - elle occupait trois étages de la Faculté - que par la qualité des projets.

Mais il n'y a pas que les travaux en design industriel qui méritent d'être soulignés. Du côté de l'École d'architecture - qui a elle aussi élaboré un petit catalogue à l'usage des visiteurs -, une quarantaine de maquettes étaient présentées. Parmi celles-ci, un musée du génocide, une pisciculture urbaine sur les rives du Saint-Laurent et quelques projets de recyclage de terrains et de bâtiments, dont celui de l'îlot Saint-Amable à Québec.

Ce projet de Maud Joubert a été entrepris l'été dernier, au cours d'un stage de trois mois à la Commission de la capitale nationale du Québec. "On m'avait demandé de faire une proposition architecturale pour une aire de stationnement où il était prévu de bâtir deux bâtiments connexes à un vieil immeuble. L'autre contrainte était la présence d'une ruelle, caractérisée par un fort rétrécissement, qui donnait à l'endroit l'impression d'être un non-lieu."

Après une analyse minutieuse des éléments et une recherche historique sur la ruelle - répertoriée dans plusieurs rapports gouvernementaux -, l'étudiante décide d'investir le lieu en prenant la petite rue comme point de départ de son travail. C'est ainsi que la ruelle de l'îlot Saint-Amable se transforme en une cour intérieure dont l'aménagement est investi de sens et qui devient le lien entre les nouveaux bâtiments et l'ancien.

De l'École d'architecture de paysage, Caroline Rolland et Claudia Gaudrault se sont intéressées au secteur Portage-des-Roches, de la rivière Chicoutimi. Ce lieu, jadis fréquenté par les Amérindiens, est connu de tous depuis les inondations de 1996, qui ont ravagé la région. Les jeunes femmes y ont aménagé un sentier d'interprétation axé sur le patrimoine et sur l'environnement.

Les étudiants de l'Institut d'urbanisme ont présenté des créations portant, entre autres, sur la promotion immobilière de l'hôpital Louis-Hippolyte-LaFontaine, l'aménagement d'infrastructures portuaires aux abords du Saint-Laurent et la restructuration d'un quartier pauvre de Montréal.

Les bacheliers en design d'intérieur exposeront leurs projets finaux au Salon international de design d'intérieur de Montréal. Le 25 mai prochain, des milliers de personnes pourront ainsi mieux connaître la relève. La Faculté de l'aménagement, qui fête cette année ses 30 ans, est la seule au Québec à offrir un tel programme de baccalauréat.

Dominique Nancy


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