FORUM - 1ER MAI 2000

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125 ans de labeur à l'Université de Montréal

En cette fête des travailleurs, Forum se souvient.

En 1954, les outils de soutien pédagogique se limitent aux livres et au bon vieux tableau noir. Ici, le doyen de la Faculté de chirurgie dentaire, Ernest Charron, a dessiné à la craie une mâchoire humaine.

En 1967, Valère Lavallé reçoit une médaille de l'Université de Montréal, au côté de Hans Selye et d'autres personnalités universitaires. Bel hommage pour un cuisinier qui, en 50 ans de carrière, a nourri environ trois générations d'étudiants. En cette fête des travailleurs, Forum se souvient.

La première fois que M. Lavallé entre à l'Université de Montréal, en 1935, l'établissement loge encore rue Saint-Denis. Après le déménagement sur le mont Royal, il devient gérant des cuisines, poste qu'il occupera jusqu'à sa retraite. D'ailleurs, Valère Lavallé n'a jamais cessé de se dévouer, prenant part aux phonotons et aux campagnes de Centraide bien après avoir mis fin à ses activités professionnelles.

Véritable légende vivante, on crée en son honneur, durant les années 1950, le trophée Valère (une cafetière montée sur une base de bois), décerné à la faculté la plus généreuse lors de la quête du Prêt d'honneur. Une initiative de... Bernard Landry, actuel vice-premier ministre et ministre des Finances du gouvernement du Québec. D'ailleurs, M. Lavallé a servi des repas à un grand nombre d'étudiants en finances, au point où il s'était promis de se faire "payer le lunch sur la rue Saint-Jacques" aussitôt qu'il prendrait sa retraite.

Lorsque les Services alimentaires ont déménagé du Pavillon principal au Centre communautaire (aujourd'hui le Pavillon J.-A.-DeSève), les distributrices qui ont remplacé la main-d'oeuvre ont été surnommées les "Valère à pitons". M. Lavallé est décédé le 13 janvier 1995.

Des employés non payés
Si les employés de l'an 2000 trouvent que les temps sont durs, il faut voir ce que leurs prédécesseurs ont subi dans les années 1930 et 1940. Commencée en 1928, la construction du Pavillon principal de l'Université de Montréal est interrompue en 1931, pendant 10 années, et l'immeuble est inauguré officiellement en 1943. Le frère Marie-Victorin parle carrément du "drame de la montagne" dans l'Histoire de l'Institut botani-que.

Pendant sept mois, l'Université est incapable de payer son personnel. Georges Bourgeois, directeur du Service des achats, affirme s'être adapté à la situation tant bien que mal. "On s'y est faits le jour où l'on nous a dit 'Messieurs, l'Université n'a pas assez d'argent pour vous payer; si vous voulez, on va réduire vos salaires de dix pour cent, on vous remettra ça quand on aura les moyens'. On a accepté, tout le monde a accepté la réduction de salaire de dix pour cent. Quant à la remise plus tard, là, on n'en a jamais entendu parler."

Durant la crise, témoigne M. Bourgeois, les revendications sont vaines. "On était très heureux d'avoir un endroit pour travailler et une paye, si petite soit-elle", dit-il.

Des procès-verbaux manuscrits
Par ailleurs, malgré les crises, les outils de travail du personnel se sont perfectionnés au cours des années. La Division des archives possède de nombreux procès-verbaux écrits à la main, particulièrement dans les fonds de la Faculté de médecine. Puis, les machines à écrire avec leur ruban noir et rouge ont fait leur apparition. Quand la personne faisait des fautes, elle devait tout recommencer. Pour obtenir deux exemplaires d'un texte, un papier carbone était utilisé et une copie était réalisée sur "papier oignon". Pour l'archiviste, ce papier très friable est un cauchemar.

Ensuite apparaissent les appareils de stencils à alcool. Enfin, les photocopieurs de différentes générations et les ordinateurs viendront alléger le travail de reproduction de plus en plus nécessaire. Le travail de secrétariat s'est complexifié et la formation collégiale est devenue une exigence de base pour tout candidat.

L'arrivée des syndicats, comme dans la plupart des milieux de travail, a fait évoluer les relations de travail. Il ne saurait plus être question de travailler dans un milieu universitaire sans cette certitude. Il suffit de regarder les conventions collectives pour comprendre la complexité de l'organisation et de la gestion du travail de toutes les catégories de personnel. Les relations de travail et les conditions de vie ont également nécessité la mise sur pied d'un programme d'aide au personnel.

L'année 2001 marquera le 125e anniversaire de l'Université de Montréal. N'est-ce pas une bonne occasion de rendre hommage à toutes les catégories de personnel qui ont fait ce que l'Université est devenue?

Denis Plante, archiviste
Division des archives
Http://www.archiv.umontreal.ca


Sources: Direction des ressources humaines; Bureau de recherche institutionnelle; Programme d'accès à l'égalité; Division des archives; Fonds du Secrétariat général (D35); Annuaire général de l'Université de Montréal, 1950-1951; Jacques St-Pierre, "Valère, un artisan dévoué de l'Université", Forum, 30 janvier 1995, p. 9; "C.B., Le légendaire Valère", L'Interdit: journal des diplômés de l'Université de Montréal, no 273, mars-avril 1980, p. 13; la Division des archives de l'Université de Montréal possède une entrevue d'histoire orale avec Valère Lavallée qui a été réalisée en 1981.


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