FORUM - 1ER MAI 2000

Bourses aux cycles supérieurs: les sommes allouées tripleront en trois ans

La FES, qui dispose actuellement de deux millions pour le soutien financier aux étudiants, en aura six en 2002-2003.

Louis Maheu

"Ces sommes auront pour effet de nous situer à un niveau concurrentiel par rapport à l'Université Laval et à l'Université McGill et de réduire l'écart avec l'Université de Toronto", a déclaré à Forum le doyen de la Faculté des études supérieures (FES), Louis Maheu. Pour rattraper Toronto, il aurait fallu atteindre les neuf millions de dollars.

"Mais avec six millions, on réduit substantiellement l'écart et ces sommes sont garanties", a ajouté le doyen, qui se réjouit que le plan d'action sur le soutien financier aux étudiants présenté par sa faculté ait été accepté par ses collègues de la direction de l'Université ainsi que par le Comité de la planification.

Avec l'aide du Fonds de relance, dont une partie sera capitalisée, et avec les dons recueillis dans le cadre de la campagne de financement, la Faculté compte créer à moyen terme un fonds de 30M$ dont les revenus serviront au soutien financier des étudiants. À cet égard, M. Maheu, qui rencontre présentement des personnalités du milieu des affaires, est très optimiste. Par exemple, une partie importante du don de 12M$ annoncé par le président de Bombardier, Robert Brown, au lancement de la campagne de financement le 11 avril dernier, ira à ce fonds.

À court terme, la Faculté compte atteindre son objectif de six millions en cumulant différentes sources de financement: bourses à l'admission, sommes obtenues pour éponger les frais indirects de la recherche, frais d'inscription pour les étudiants en rédaction, fonds de développement de la FES, etc.

Question de culture
Parallèlement, les différents programmes de financement gérés par la FES seront réévalués à la lumière de l'expérience acquise depuis leur création. Mais on sait déjà que les ententes de financement pour le doctorat, qui est le principal programme de financement étudiant de la FES, sont là pour rester; on veut même, après évaluation, étendre le programme à des unités qui en sont présentement exclues et l'ouvrir éventuellement aux étudiants à la maîtrise.

"Mais il faut surtout instaurer une véritable culture institutionnelle du soutien financier aux étudiants, culture qui doit devenir une préoccupation constante de la direction de chaque unité et de son corps professoral, a insisté M. Maheu. Il ne faut jamais perdre de vue que le financement direct accordé aux étudiants par les facultés des études supérieures est toujours un financement d'appoint."

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le plan d'action sur le soutien financier aux étudiants propose que la plupart des bourses de l'Université de Montréal soient transformées en bourses d'excellence à l'admission. Elles ne seront accordées que pour une année, ne seront pas renouvelables et ne seront attribuées qu'aux candidats qui s'engageront à faire une demande de bourse à un organisme externe.

"À McGill, pour chaque dollar de bourse accordé par l'Université, il en vient cinq de sources externes, a signalé le doyen Maheu. Il nous faut donc augmenter notre score aux programmes de bourses du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et au Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie. Ce score n'est pas à la hauteur de celui que nous obtenons en subventions de recherche auprès des mêmes organismes."

Décentralisation
La FES n'entend évidemment pas procéder elle-même à la sélection des candidats à ses bourses. Au contraire, elle veut laisser cette responsabilité aux unités, mais elle veutcependant revoir les critères d'attribution.

"Le rôle de la FES est d'outiller les unités de la base afin qu'elles puissent être les maîtres d'oeuvre du soutien financier aux étudiants, a déclaré M. Maheu. Nous allons établir les critères qualitatifs et quantitatifs pour guider la distribution des parts tout en incitant les unités à établir leur propre politique de sélection des étudiants."

Les unités sont également invitées à offrir à l'étudiant certaines garanties de financement pour la durée de ses études par des combinaisons à géométrie variable de diverses sources internes et externes de financement: bourses de recherche, budget d'aide à l'enseignement, bourses externes, ententes de financement avec la FES, charges de cours, surveillance de bibliothèques, etc.

"L'idée maîtresse [du plan d'action] est la décentralisation, a poursuivi le doyen. Il s'agit de faire en sorte que les unités qui ont déjà une politique de soutien financier aux étudiants l'actualise et que celles qui n'en ont pas s'en donnent une." Il est ici question non seulement de bourses mais aussi de postes d'auxiliaires d'enseignement, d'assistants de recherche, de chargés de cours, etc.

"Il faut tenir compte du fait que les étudiants des cycles supérieurs constituent le personnel, la main-d'oeuvre des équipes de recherche de l'Université; il est donc normal de se préoccuper d'améliorer leur situation financière, a précisé M. Maheu. Ce faisant, les chercheurs appuient leur propre recherche."

Ainsi la Faculté des études supérieures compte plutôt jouer un rôle d'animation et de coordination. Après avoir défini les grandes orientations et mis des moyens à la disposition des unités, elle leur accordera, par les ententes de financement, le pouvoir de décider de l'affectation des sommes versées sous forme de bourses. Dans ce redéploiement de ressources, la FES tiendra compte du plan d'action sur le soutien financier aux étudiants que se seront donné les unités. Elle sensibilisera les unités à la nécessité d'augmenter sur le campus le nombre de postes temporaires de travail disponibles pour les étudiants.

Le doyen de la FES, qui organise en ce moment des rencontres sectorielles, se réjouit de l'accueil favorable réservé au plan d'action de sa faculté.

Françoise Lachance