FORUM - 1ER MAI 2000

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La chimie a la cote

Avec 200 000$ de fonds de recherche par professeur, le Département de chimie est l'un des meilleurs au Canada.

Directeur du Département de chimie, Marius d'Amboise enseigne la chimie analytique en attendant que la relève arrive...

"Nous manquons de professeurs!" lance le directeur du Département de chimie de la Faculté des arts et des sciences, Marius d'Amboise. Lui-même spécialiste de la chimie analytique, M. d'Amboise doit, en plus de ses fonctions administratives, assurer une charge presque complète d'enseignement pour répondre à la demande. Plus de six postes (dont trois postes communs avec la Faculté de pharmacie) sont actuellement à pourvoir, à une époque où la plupart des facultés universitaires réduisent leur personnel.

Il faut dire que le Département de chimie de l'Université de Montréal accumule les honneurs depuis quelques années: il est premier au Canada pour ce qui est du nombre d'étudiants inscrits aux cycles supérieurs (150); premier pour les attributions de bourses du CRSNG au baccalauréat au plus récent concours; et même premier du campus de l'Université de Montréal en ce qui regarde... l'espace occupé. En effet, les chimistes ont peu à peu pris de l'expansion et occupent maintenant cinq étages du Pavillon principal.

"C'est un département qui réalise d'excellentes performances en recherche; il se situe même parmi les meilleurs", reconnaît Germain Carreau, directeur du Bureau de recherche institutionnelle (BRI). Après analyse des données fournies par le Bureau de la recherche, le BRI a calculé que chacun des 24 professeurs de chimie a obtenu, en moyenne, 204 914$ de fonds de recherche en 1998-1999. Par comparaison, les plus proches "rivaux" du Département dans le secteur des sciences, le Département de physique et celui d'informatique et de recherche opérationnelle, ont reçu respectivement 174 327$ et 165 938$ par professeur. La moyenne du secteur des sciences s'élève à 113 739$.

Un département jeune
Au-delà de ces chiffres, M. d'Amboise parle avec enthousiasme du département qu'il a vu grandir depuis sa venue sur le campus comme étudiant il y a plus de 40 ans. "Quand je suis arrivé, on aurait pu réunir tous les étudiants de l'Université dans la cour d'honneur, devant la tour. Aujourd'hui, on n'essaierait pas ça!"

Des chimistes qui sont devenus des leaders canadiens dans leur domaine, notamment Camille Sandorfy (aujourd'hui retraité) et Stephen Hanessian, ont apporté à l'Université de Montréal une notoriété internationale. Et ces chercheurs n'ont pas manqué de penser à la relève. André Charette, un spécialiste de la chimie de synthèse, a reçu l'un des plus grands honneurs canadiens pour un jeune chercheur, la bourse Steacie (voir Forum, vol. 34, no 24, 13 mars 2000).

La moyenne d'âge des professeurs du Département est de 46 ans, alors qu'elle atteint les 51 ans pour l'ensemble de l'Université. En plus de connaître un rajeunissement, le Département s'est féminisé au cours des dernières années. Trois nouvelles professeures ont été embauchées il y a quelques mois : Hélène Lebel, Joëlle Pelletier et Antonella Badia. Elles incarnent bien le nouveau visage de la profession. "Nous sommes heureux d'avoir trouvé ces candidates exceptionnelles, dit Marius d'Amboise. Nous ne les avons pas engagées parce qu'elles étaient des femmes, mais bien parce qu'elles étaient les meilleures."

D'autres professeures devraient suivre sous peu, mais, comme le processus administratif n'est pas encore terminé, le directeur préfère rester discret.

Des offres d'emploi au bout du monde
Lorsque le Département de chimie affiche un poste, l'offre d'emploi circule de manière internationale. Un bon nombre de postulants proviennent d'Europe. S'engage alors le processus de sélection. "Nous recrutons dans le monde entier, explique M. d'Amboise. Évidemment, il y a la contrainte de la langue française. Mais nous ne pouvons pas dire que c'est un gros problème. Le français demeure une langue assez populaire à l'étranger. Puis, Montréal a comme atout d'être en Amérique du Nord. Cela joue beaucoup."

Le candidat tout désigné est la Québécoise ou le Québécois parti à l'étranger pour entamer sa carrière mais qui souhaite revenir au pays. La situation se complique parfois si cette personne a un conjoint qui mène aussi une carrière scientifique. Il est arrivé qu'un couple accepte l'offre de l'Université de Montréal à la suite de l'engagement du conjoint par une autre université montréalaise. "Le phénomène des couples d'universitaires est une chose avec laquelle nous devons composer."

Quoi qu'il en soit, la véritable entrave au recrutement d'un personnel hautement qualifié, c'est l'attrait qu'exerce l'entreprise privée. "La carrière dans l'enseignementest tellement mois payante!" dit M. d'Amboise. Pourtant, ce chimiste originaire de Squatec, près de Rimouski, n'a jamais regretté d'avoir choisi l'université. Attiré par la physique ("à l'époque, tout le monde était fasciné par les spoutniks", dit-il), il a découvert la chimie sur son chemin et ne l'a jamais abandonnée.

Mathieu-Robert Sauvé


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