FORUM - 13 MARS 2000 

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Grosse fin de saison pour le Choeur

Le Choeur de l'Université de Montréal présente deux concerts en trois semaines.

Si, pour Mary Jane Puiu, la Symphonie de psaumes, de Stravinski, est une première, le Requiem de Fauré n'en est pas tout à fait une, bien qu'elle ne l'ait jamais dirigé avec orchestre. Le concert du 25 mars lui donnera enfin cette occasion.

Loin de chômer, le Choeur de l'Université de Montréal prépare actuellement deux concerts: l'un fin mars, consacré à Fauré et Stravinski, et l'autre en avril, dans le cadre de l'hommage que l'Orchestre de l'Université de Montréal consacre à Bach à l'occasion du 250e anniversaire de sa mort.

La chef du Choeur depuis septembre, Mary Jane Puiu, compte plus de 30 ans d'expérience en direction chorale. Boulimique de travail, elle est en partie responsable de cette période fort chargée.

Diplômée de la Faculté de musique de l'Université McGill, mais davantage formée sur le terrain, elle est aujourd'hui à la tête de six ensembles montréalais: le Chamber Choir (Université Concordia), la McGill Choral Society, le choeur Cantare, le Montreal Council of National Women's Choir, le Choeur de l'église St Nicholas et, bien sûr, le Choeur de l'Université de Montréal. Et la musicienne s'enorgueillit de rester fidèle à ses ensembles, qu'elle suit depuis 11, 17 et même 36 ans!

Le défi Stravinski
Pour la soirée consacrée à Bach, le Choeur se limitera à interpréter La Passion selon saint Jean. Le concert de mars représente un plus grand défi, d'autant plus que l'univers musical du 20e siècle est toujours plus difficile. Et la Symphonie de psaumes, de Stravinski, choisie pour compléter le programme Fauré - le Requiem et une petite oeuvre, le Cantique de Jean Racine -, en est un bon exemple.

Prévue initialement dans le concert de décembre, la Symphonie de psaumes est vite devenue insurmontable. "Les gens n'étaient pas au niveau de l'oeuvre", admet Mary Jane Puiu, qui a donc décidé, après seulement trois semaines de répétition, de la reporter au printemps.

Oeuvre pour deux pianos, elle est construite selon une rythmique très variable. "Avec Haendel ou Bach, une fois que vous commencez un mouvement, vous vous y retrouvez. Les autres mouvements sont similaires, explique la chef. Mais chez Stravinski, ce n'est pas ça du tout. Vous exécutez un mouvement, le deuxième est complètement différent, le troisième aussi. Et la hauteur des notes rend l'oeuvre très difficile pour les sopranos."

Mary Jane Puiu a donc suivi une méthode qu'elle n'apprécie pas, mais qui devenait indispensable: faire écouter un enregistrement de la pièce aux choristes pour qu'ils en aient une idée plus claire. Avec un tel programme, Mary Jane Puiu a imposé un automne peu reposant. Il faut dire que la particularité du Choeur de l'Université de Montréal n'a pas facilité sa tâche.

Chanter l'instrument
Né en 1998 de la fusion des chorales de la Faculté de musique et du Service des activités culturelles (SAC), le Choeur de l'Université de Montréal regroupe des étudiants en musique et des gens d'horizons très variés. Si la cinquantaine de choristes issue des auditions tenues par le SAC a ainsi la chance de côtoyer de futurs professionnels de la musique, ces derniers, pour la plupart instrumentistes, ont là l'occasion d'acquérir une expérience en chant.

Cette polarité scinde les répétitions en deux. Pour Mary Jane Puiu, c'est comme si elle dirigeait deux choeurs, passant une heure et demie avec chacun, les réunissant en fin de soirée seulement. Et son enseignement diffère selon le groupe.

Avec les étudiants de la Faculté, Mary Jane Puiu est beaucoup plus exigeante et les traite comme des musiciens professionnels. "J'ai une attitude très différente avec eux, je suis plus sévère, leur rappelant qu'il est de leur responsabilité de corriger leurs erreurs." Comme ils sont obligés de participer au Choeur, pour lequel ils ne reçoivent qu'un crédit, la chef les comprend d'être peu motivés.

Mary Jane Puiu doit donc leur faire comprendre l'importance pour leur formation d'instrumentiste de chanter dans une chorale. "Ils n'ont aucune expérience dans le chant. Il faut leur donner des instructions pour mieux supporter le son, pour corriger leur prononciation des mots et leur faire travailler l'articulation et la respiration", soutient-elle. Il faut chanter dans son instrument, se plaît-elle à leur répéter.

Avec le groupe du SAC, la principale difficulté vient du fait que beaucoup de ses membres ne savent pas lire une partition. "Ils apprennent par oreille", dit la chef. Mais ils chantent juste, ont une belle voix et acceptent de travailler fort. C'est en tout cas ce que Mary Jane Puiu a constaté: elle a dû ajouter des séances la fin de semaine pour aider certaines voix à se perfectionner.

Tous les efforts de la chef semblent avoir porté leurs fruits. Le Choeur de l'Université de Montréal est enfin prêt à entamer la Symphonie de psaumes. Les chanteurs pourront alors se consacrer entièrement à Bach. Une dernière prestation que Mary Jane Puiu prépare consciencieusement, car elle sent une plus grande responsabilité du fait que ce n'est pas elle qui dirigera les membres du Choeur ce soir-là. Et comme elle espère reprendre la baguette l'an prochain, elle tient à conclure la saison sur une bonne note.

Jérôme Delgado
Collaboration spéciale

Requiem et Cantique de Jean Racine, de Gabriel Fauré, et Symphonie de psaumes, de Igor Stravinski, le samedi 25 mars à 20 h à la salle Claude-Champagne. Entrée: 10 $ et 5 $ (étudiants).

La Passion selon Saint Jean, de Jean-Sébastien Bach, le samedi 15 avril à l'église Saint-Jean-Baptiste.

Renseignements et réservations: 343-6427.


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