FORUM - 7 FÉVRIER 2000 

La Clinique de kinésiologie ouvre ses portes

Tous pourront y faire évaluer leur condition physique.

Ronald Racette (à gauche), étudiant à la maîtrise en kinésiologie, subit une évaluation de sa condition physique sous l'oeil attentif d'Arthur Long (au centre) et de Louise Béliveau (à droite).

M. Tremblay, 58 ans, a un indice de masse corporelle de 25,1, un pourcentage de graisse de 29,9 et une aptitude aérobie de 8,2 METS. Cela en fait un homme en bonne condition physique, mais qui pourrait être en meilleure forme s'il faisait du vélo ou de la natation ou s'il pratiquait un sport de raquette.

Cette évaluation de la condition physique de M. Tremblay, qui comprend également des indications sur sa force de préhension, sur sa souplesse et sur son endurance et sa puissance musculaires, a été effectuée en 90 minutes à la toute nouvelle Clinique de kinésiologie de l'Université de Montréal. Avec le document de cinq pages qu'on lui a remis, M. Tremblay pourra suivre un programme d'entraînement personnalisé à raison de trois séances par semaine au début, puis à une fréquence moindre par la suite. Il aura en quelque sorte son entraîneur personnel.

D'ici deux ans, ce sont plus de 40 clients chaque semaine que l'on compte évaluer dans les locaux de la Clinique, attenants au Stade d'hiver du Centre d'éducation physique et des sports de l'UdeM (CEPSUM). À des tarifs bien inférieurs à ceux du marché, les clients pourront compter sur l'expertise de spécialistes en kinésiologie pour différents services. Au Québec, c'est la première clinique universitaire du genre ouverte au grand public.

Par l'utilisation du terme "clinique", on prévoit bien plus que l'évaluation de la condition physique. On entend donner aux personnes des outils pour l'amélioration de leur santé. Pour M. Tremblay, ce sera une activité qui mobilise une bonne masse musculaire; pour une autre, ce sera de prendre les escaliers plus souvent.

Sportifs, pas sportifs, go!
À l'image de la clientèle qu'on souhaite joindre, M. Tremblay n'a pas pour objectif de gravir le podium olympique à Sydney. "Nous visons une population peu sportive, voire sédentaire, explique Louise Béliveau, professeure au Département de kinésiologie et responsable du programme de baccalauréat. En matière de santé publique, cet engagement dans la société est très important pour nous."

En cours d'élaboration depuis plus d'un an, ce projet de clinique s'inscrit dans la nouvelle vocation "kinésiologique" (du grec kinêsis, "mouvement") du Département, autrefois consacré à l'éducation physique. "Le premier objectif est d'offrir aux étudiants de deuxième année au baccalauréat un endroit où ils peuvent effectuer des stages en milieu clinique", souligne Mme Béliveau.

Les diplômés du Département étant appelés à travailler dans des milieux très diversifiés (et non plus en grande partie dans le milieu scolaire, comme c'était le cas autrefois), leur formation doit compter l'évaluation d'hommes et de femmes de tout âge et de toute condition.

Au cours des prochains mois, la Clinique accueillera des gens qui ne souffrent pas de problèmes de santé. Mais cette clientèle s'étendra éventuellement à des populations présentant des conditions ou des problèmes particuliers, comme les diabétiques ou les cardiaques et les femmes enceintes.

Ouverture officielle
Ouverte officiellement depuis le 31 janvier, la Clinique est en rodage depuis plusieurs semaines. Des clients comme M. Tremblay (nom fictif) ont été évalués par l'un des étudiants actuellement inscrits au baccalauréat. Quatre superviseurs, tous titulaires d'une maîtrise en kinésiologie, Chantal Daigle, Thierry Fauchard, Claude Lajoie et Daniel Mercier, encadrent les étudiants.

Le responsable de la Clinique, Arthur Long, dirige depuis 1991 le Laboratoire de physiologie de l'exercice, l'un des deux laboratoires québécois accrédités par l'Association canadienne de physiologie de l'exercice. Originaire du Nouveau-Brunswick, M. Long connaît bien les clients que désire joindre la nouvelle clinique. À la fin des années 1980, il a terminé une maîtrise sur l'évaluation et l'entraînement de 36 patients atteints d'hypertension artérielle. Il a aussi travaillé auprès de cardiaques.

Le physiologiste signale que les athlètes de haut niveau ne seront pas oubliés pour autant. "Le Laboratoire de physiologie de l'exercice continuera de faire l'évaluation des athlètes d'élite et de certains groupes professionnels. J'ai reçu un appel ce matin d'un arbitre de rugby qui devait subir une évaluation par un laboratoire accrédité. Nous évaluons aussi des agents correctionnels, des ambulanciers et des policiers."

Disposant d'appareils de pointe, le Laboratoire de physiologie de l'exercice se consacrera davantage à la recherche. C'est là, notamment, que François Péronnet, directeur du Département, mène ses travaux sur le métabolisme des pâtes.

"Les évaluations de base se feront à la Clinique, précise M. Long. Les évaluations plus spécialisées se dérouleront dans le Laboratoire. Par exemple, c'est au labo que nous disposons d'un appareil relativement sophistiqué de mesure des gaz."

À la Clinique de kinésiologie, les sportifs ne seront pas laissés pour compte, mais ce n'est pas là qu'on évaluera leur performance. "Nous favorisons une évaluation de la santé, signale Chantal Daigle, assistante d'Arthur Long. Si des personnes veulent améliorer leurs objectifs, nous pouvons leur conseiller un plan d'entraînement sur mesure."

Pour rendez-vous: 343-6256.

Mathieu-Robert Sauvé