Le 14 avril prochain se tiendra une assemblée générale extraordinaire du Syndicat général des professeurs de l'Université de Montréal (SGPUM) où l'on se propose de changer le nom (et le sigle) du syndicat pour adopter celui de Syndicat des professeures et des professeurs de l'Université de Montréal (SPPUM).
Mesdames et messieurs les professeures et les professeurs du SGPUM, vous êtes déraisonnabl(e)s.
Grammairien et linguiste de la langue et de la littérature françaises, j'ai justement étudié les désignations du genre telles qu'elles se pratiquent au Québec. Cela ne vous intéresserait pas de connaître mon analyse et ses conclusions? C'est mon métier qui est en cause, ch(e)rs collègu(e)s. Et un peu le vôtre.
Ces conclusions sont assez simples, bien qu'elles soient éloignées des drapeaux et des pancartes syndicales, sur lesquels il est difficile d'exprimer plus d'une idée à la fois. Or, la vérité n'est jamais simpliste.
En tout cas, nous avons d'un côté comme de l'autre de beaux zouaves. D'une part l'extrême droite antiféministe qui s'oppose à la féminisation des titres et des noms de professions. De l'autre les gauchistes féministes qui militent pour le style bigenre. Dans les deux cas, on fait tout simplement preuve d'ignorance. Au contraire de ces extrémistes, il faut très simplement dire en français, comme le commande le génie de la langue: "L'Université de Montréal compte actuellement 2832 professeurs, mais les professeures y sont toujours significativement moins nombreuses que les professeurs." C'est non seulement le génie de la langue, mais le bon sens qui le dit. Demandez-le à nos étudiantes, qui sont pourtant majoritaires!
Nous avons donc deux factions d'intégristes. Confondant allégrement sexes et genres, syntagmes et paradigmes, l'une comme l'autre ignorent tout des structures élémentaires des langues romanes qui font preuve de tant de finesse et de précision dans l'expression des genres.
Il faut dire que ces deux factions nourrissent leur fanatisme de cette ignorance. C'est le comportement normal des doctrinaires. Heureusement que les questions linguistiques n'ont pas la même portée que les problèmes ethniques, économiques ou écologiques. Mais il n'en faut pas moins s'inquiéter et protester. L'utilisation aberrante de la langue française par des professeurs d'université, comme c'est le cas de la "FQPPU" (la Fédération québécoise des professeures et des professeurs d'université), est un symptôme d'ignorance de la part de ceux-là mêmes qui devraient savoir faire preuve d'intelligence critique.
Bref, avant d'adopter le style bigenre ou de refuser la féminisation des titres, on devrait s'interroger. On le fera en consultant mon analyse qui n'a encore jamais été contestée par aucun spécialiste des questions grammaticales ou linguistiques. J'en mets une version sur la Toile à l'adresse qui suit ci-dessous.
Guy Laflèche
Études françaises
tornade.ere.umontreal.ca/~lafleche/sg