Jean-Sébastien Martel |
Pour la 27e saison de ski universitaire, l'Université de Montréal
aura fort à faire si elle veut récupérer le titre acquis
en 1997 et perdu l'an dernier. Les 20 garçons et 10 filles, étudiant
tous à temps plein, devraient au moins réussir à conserver
leur troisième rang de 1998 derrière les presque intouchables
Bishop et McGill.
Avant de s'attaquer aux mont Tremblant, mont Sainte-Anne et compagnie, les équipes doivent gravir une tout autre montagne: celle du financement. Et cette année, le défi sera de taille. Bernard Trottier Sports, fournisseur officiel du circuit provincial, a largement réduit sa participation à cause de la baisse constante des ventes aux universitaires, qui sont passées de 700 000$ en 1994 à 280 000$ l'an dernier.
Jean-Sébastien Martel, membre de l'équipe de l'Université de Montréal depuis quatre ans et grand leader depuis mai, est conscient des sacrifices à faire s'il veut atteindre l'objectif de l'autonomie financière. Mais il assure que les ressources ne manquent pas: quelques commandites, contribution du Service des sports de l'UdeM, les frais d'inscription des membres, les activités d'autofinancement, bref, il devrait respecter son budget de 20 000$.
Deux activités de collecte de fonds ont été prévues à la mi-novembre: la traditionnelle vente de skis et la projection du film Snowriders 2: Planète neige, la découverte continue de Warren Miller, le Walt Disney du cinéma sportif, à l'École Polytechnique.
Moins de revenus prévus
Toutefois, l'avenir financier de l'équipe repose, comme chaque année,
sur la vente de skis. Organisée avec le soutien de Bernard Trottier
Sports, elle lègue aux universitaires, bon an, mal an, 20% des recettes.
Le hic, cette fois-ci, c'est que le retrait partiel de l'entreprise laisse
entrevoir un manque à gagner flagrant.
Non seulement l'aide de Bernard Trottier sera de 7500$ au lieu des 30 000$ obtenus dans le passé, mais la vente ne durera que trois jours, plutôt que six, et se tiendra dans les locaux de l'entreprise à Greenfield Park, loin des campus. Jean-Sébastien Martel prévoit récolter seulement 4000$.
"C'est un risque, mais il ne faut pas oublier les avantages", rétorque Paul Légaré, de Bernard Trottier, qui croit que "la clientèle sera rassurée d'acheter dans un vrai magasin. Et surtout, elle aura accès à toute la marchandise, même aux plus récents modèles."
Selon Bernard Gagnon, coordonnateur du ski universitaire à la Fédération québécoise du sport étudiant, "l'engagement de Bernard Trottier représentait jusqu'à 80% de nos budgets. Il était donc clair qu'il fallait supprimer certaines dépenses."
Ainsi, on a pris la décision de se priver de l'excellent mais dispendieux système de chronométrage fourni par STATS pour s'en remettre au matériel des centres où se déroulent les compétitions. "On va reculer de 10 ans", craint Jean-Sébastien Martel, qui se rappelle avoir déjà attendu une semaine avant de connaître son classement officiel.
Mais les centres de ski ont eux aussi amélioré leurs systèmes électroniques, observe Bernard Gagnon, qui travaille à assurer la survie du circuit à long terme ainsi que les cinq courses prévues pour la compétition de 1999.
Une année d'espoirs
La saison débute les 16 et 17 janvier et se termine à la mi-mars.
Les deux épreuves au calendrier (slalom et slalom géant) comptent
pour trois classements, masculin, féminin et général.
Les espoirs de l'UdeM reposent sur Geneviève Bovla, étudiante en droit et tête d'affiche chez les femmes (3e place au classement individuel 1998), et sur Félix Bélanger (éducation physique), troisième lui aussi. Jean-Sébastien Martel et ses coéquipiers invitent la communauté universitaire à les encourager. Et des encouragements, ils en ont besoin.
Revenus moins élevés, commanditaires désintéressés, budgets réduits, dépenses limitées, équipement de qualité inaccessible: le fond du baril n'est plus tellement loin pour une industrie en perte de vitesse. "Les nouveaux propriétaires de Bernard Trottier Sports ne croient pas aux programmes sports-études", lance, amer, Bernard Gagnon.
Jean-Sébastien Martel voit dans l'attitude de l'entreprise privée un signe que l'engouement pour le ski est en chute libre. Il faut un bon coup de marketing, constate l'étudiant qui ne comprend pas pourquoi le circuit n'intéresse plus les médias alors qu'il y a quatre ans les courses étaient diffusées à RDS.
Si le retour à la télé n'est pas pour demain, la réponse positive de nouveaux commanditaires, tant attendue à la Fédération, devrait au moins redonner espoir aux skieurs étudiants.
Jérôme Delgado
Collaboration spéciale