Des bourses pour contrer l'exode des cerveaux

La Faculté de médecine ouvrira ainsi 20 postes pour ses jeunes chercheurs.

Le doyen Patrick Vinay, accompagné des vice-recteurs Alain Caillé (recherche) et Patrick Robert (affaires publiques et développement), a procédé au dévoilement d'une affiche représentant un cycliste rendu au 13e kilomètre d'une course qui en compte 20. En effet, la Faculté a obtenu 13 bourses sur les 20 qu'elle compte aller chercher d'ici le 31 décembre.

Malgré ses 90 millions de dollars de subventions de recherche en santé par année, l'Université de Montréal fait face à une grave pénurie de postes pour ses jeunes chercheurs. Résultat? Elle perd ses plus brillants éléments.

"Combien de fois on a été incapables de ramener un jeune chercheur, que l'on sait exceptionnel, parti trois ans plus tôt faire un postdoctorat aux États-Unis! Et, avec les nouveaux investissements européens en recherche, le problème n'est pas qu'américain."

C'est ce qu'a déclaré le vice-recteur à la recherche Alain Caillé au cours d'une conférence organisée le 13 mai dernier par la Faculté de médecine. Cette dernière a en effet décidé de prendre le taureau par les cornes et d'offrir, dans le cadre de la campagne Relève médecine 2000, 20 bourses de 150 000$ chacune à de jeunes chercheurs en santé afin de les inciter à rester au Québec.

"Pour que cesse l'exode des cerveaux, il faut donner les moyens aux jeunes chercheurs de travailler au Québec. Les bourses sont l'un de ces moyens", a déclaré le Dr Patrick Vinay, doyen de la Faculté de médecine.

La campagne Relève médecine 2000 a pour but d'amasser trois millions de dollars. À ce jour, la Faculté a réussi à mobiliser les centres de recherche de ses 13 hôpitaux affiliés pour qu'ils dégagent en priorité, à l'intérieur de leurs enveloppes budgétaires ou de celles de leur fondation hospitalière respective, des sommes permettant d'offrir des bourses aux jeunes chercheurs. Treize des 20 bourses visées sont déjà acquises: trois au CHUM, trois à l'hôpital Sainte-Justine, deux à l'Hôpital du Sacré-Coeur, deux à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, deux à l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal et une à la Cité de la santé de Laval.

"Les universités québécoises ont produit au cours des dernières années un nombre accru de jeunes chercheuses et chercheurs dans le domaine de la santé, a expliqué le doyen Vinay. Après 10 à 15 ans d'études, ceux-ci espèrent tout naturellement décrocher un poste permanent de professeur ou de chercheur dans le réseau universitaire ou dans les hôpitaux."

Cependant, les lourdes contraintes budgétaires et les réductions de financement dans le secteur de l'enseignement supérieur et de la santé ont augmenté le nombre de ces jeunes chercheuses et chercheurs qui sont en difficulté financière. Bon nombre songent donc à quitter le Québec, si ce n'est déjà fait.

"Cette situation est dramatique pour notre société, déplore le doyen Vinay. Le meilleur d'eux-mêmes profitera à d'autres, alors que les coûts élevés de leur formation ont été assumés par l'ensemble des contribuables québécois."

Ces bourses sont d'une durée de trois années pendant lesquelles les chercheurs bénéficieront des avantages sociaux prévus par la convention des professeurs de l'UdeM. D'ici la fin de cette période, la Faculté de médecine espère pouvoir offrir des postes à certains, voire à l'ensemble de ces boursiers. En effet, les projections semblent laisser croire que l'engagement de professeurs pourrait reprendre dès 2003.

"L'effort accompli par l'équipe de Relève médecine 2000 commence à porter ses fruits et améliore les perspectives qui s'offrent à nous après nos études doctorales", a déclaré pour sa part Joël Monzée, président de l'Association des étudiants aux grades supérieurs de la Faculté de médecine (AEGSFM).

"Non seulement les postes disponibles dans les universités, les centres de recherche et les hôpitaux sont très rares, mais de plus nous constatons, pendant nos études, que nos directeurs de recherche ont de plus en plus de difficulté à décrocher des subventions malgré la qualité des projets de recherche, a observé M. Monzée. En revanche, dès que nous commençons nos démarches en vue de faire un stage postdoctoral aux États-Unis, les équipes américaines ne tardent pas à nous proposer du travail. Leur situation étant précaire au Québec, les meilleurs d'entre nous sont donc tentés d'aller continuer leur carrière aux États-Unis."

C'est pourquoi l'AEGSFM a prêté son concours à l'organisation du rallye cycliste qui aura lieu cette année le 12 septembre, a ajouté M. Monzée. Mais elle prévoit également organiser des activités de son cru. Ainsi, les 24 et 25 juillet prochain, deux bateaux aux couleurs de Relève médecine 2000 participeront aux régates de "bateaux dragons" durant la fête de la Communauté chinoise de Montréal. Le 29 octobre, il y aura un premier concert-bénéfice de musique classique organisé grâce à la complicité de la Faculté de musique et de l'Orchestre de l'Université de Montréal. Enfin, deux concerts rock sont également prévus au café étudiant au cours de l'automne.

Par ces activités, l'AEGSFM veut récolter des fonds de manière à offrir une bourse à un jeune chercheur diplômé de la Faculté de médecine durant trois ans.

Françoise Lachance