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Deux ou trois choses de Jean Charest

Le chef du Parti libéral du Québec reconnaît quelques erreurs de sa dernière campagne électorale.

"Le parti qui réussit à bien définir les enjeux d'une campagne électorale dès le début part avec une longueur d'avance", affirme Jean Charest.

Lors de la dernière élection québécoise, Jean Charest a été le seul chef de parti à ne pas avoir fait campagne sur les campus. "C'était ma décision et je reconnais que c'était une erreur", avoue-t-il aujourd'hui.

Le chef du Parti libéral du Québec faisait cet aveu devant les étudiants du baccalauréat bidisciplinaire en communication et politique, qu'il rencontrait le 19 mars dernier. Il a semblé résolu à corriger son erreur puisque c'était sa deuxième visite à l'UdeM dans la même semaine.

En 15 ans de vie politique active, Jean Charest a connu une campagne électorale tous les deux ans, soit trois élections fédérales, deux référendums, deux courses à la chefferie et finalement l'élection québécoise. Cette expérience lui conférait le profil idéal pour témoigner de la réalité d'une campagne électorale vécue de l'intérieur.

Authenticité
À travers quelques anecdotes de campagne - comme serrer la main d'un agent de la GRC qu'il a confondu avec le candidat de son parti ou le commentaire d'un électeur qui disait le confondre avec Ronald McDonald -, le politicien a présenté quelques grandes leçons qu'il tire de ses expériences.

"D'abord, le plus important en politique est d'être authentique. Sinon, ça sonne faux et les gens n'accrochent pas. Les journalistes finissent pas savoir vous lire et sauront relever vos contradictions. En politique, si vous n'agissez pas par conviction, oubliez ça."

Malgré ce désir d'authenticité, Jean Charest a eu comme tout autre politicien à jouer le jeu de la politique puisqu'il a avoué s'être senti à l'étroit à la tête du Parti conservateur, dont les positions étaient plus à droites que ses convictions personnelles.

Il a même "frappé un mur de briques" lors de la campagne québécoise quand on a comparé son programme économique à celui de Mike Harris. Mais du même souffle, il rappelle qu'il faut "en finir avec la Révolution tranquille pour passer à autre chose. Le modèle québécois a un trou béant du côté de l'out put; la croissance économique, dit-il, restera impossible si le Québec continue d'être l'endroit le plus taxé en Amérique du Nord."

Au risque de décevoir les futurs conseillers politiques et professionnels de la communication, Jean Charest a soutenu qu'une campagne électorale n'est pas menée par les organisateurs politiques. "Les grandes décisions, affirme-t-il, c'est le chef du parti qui les prend et il doit pouvoir les imposer au besoin."

Le nouveau chef de l'opposition a également eu la candeur de reconnaître qu'il connaissait peu, lors de sa venue en politique provinciale, les dossiers québécois. Mais à ceux qui lui reprochent de ne pas avoir d'idées, il rappelle qu'il est en politique depuis 15 ans, qu'il a été vice-premier ministre et ministre de la Justice. Mais encore?

Jean Charest s'est dit également aigri par les sondages qui plaçaient son parti derrière le Parti québécois dans les intentions de vote. "Les sondages disent la vérité, mais pas toute la vérité", estime-t-il. Il considère que le nombre de sondages en période électorale dépasse la mesure et surtout qu'ils sont mal interprétés.

Un avis que son hôte, Richard Nadeau, concepteur et analyste de sondages, prend avec philosophie. "Sa réaction, dit-il, est encore collée à ce qu'il vient de vivre. Quand on invite un politicien, il ne faut pas s'attendre à avoir des analyses de politologue."

Mario Dumont
Le 12 mars, c'était au tour de Mario Dumont de rencontrer les étudiants du baccalauréat bidisciplinaire. De l'avis de Richard Nadeau, le chef de l'Action démocratique du Québec (ADQ) a parlé avec beaucoup d'ouverture de la stratégie politique suivie par son parti lors de la dernière campagne électorale.

L'ADQ aurait par exemple choisi de laisser le terrain libre à Jean Charest afin de jouer la carte de la saturation auprès de l'électorat. La jeune formation politique a également retenu des thèmes que les autres partis n'allaient pas traiter, comme les clauses orphelins et le remboursement de la dette, laissant la question constitutionnelle à ses deux rivaux.

Pour le coresponsable du baccalauréat, le témoignage de ces acteurs de premier rang constitue un enrichissement fort apprécié de la formation offerte aux futurs politologues, communicateurs et relationnistes.

Daniel Baril


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