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Le CRM octroie près de six millions à l'UdeM

Le faible taux de succès témoigne du sous-financement de la recherche au Canada.

Marielle Gascon-Barré croit que l'Université de Montréal aurait pu faire mieux au dernier concours du CRM. Mais les choses vont s'améliorer.

Au dernier concours du Conseil de recherches médicales du Canada (CRM), 23 chercheurs de l'Université de Montréal et de ses hôpitaux affiliés ont reçu 5,9 millions de dollars pour les cinq prochaines années. Faut-il s'en réjouir ou s'en désoler? "On peut toujours faire mieux, répond Marielle Gascon- Barré, vice-rectrice adjointe à la recherche. L'Université de Montréal compte en tout cas un 'as', Jacques de Champlain, qui récolte à lui seul plus de 1 million de dollars."

À signaler aussi, les subventions de 500000$ à Jacques Drouin, de 410000$ à Marc Therrien et de 405000$ à André de Lean. Mais là s'arrêtent les bonnes nouvelles. Les fonds obtenus par l'ensemble des chercheurs ne représentent que 5,5% du budget total du CRM pour ce concours.

Le taux de succès global des nouvelles demandes de financement est à peine supérieur à la moyenne nationale de... 17%. Quant aux renouvellements, l'Université fait piètre figure puisque seulement 44% des demandes ont été honorées, comparativement à 56% pour l'ensemble du pays.

"Le vrai drame, c'est que des projets de qualité restent sur les tablettes, explique Mme Gascon-Barré. Cela ne fait que confirmer ce que la communauté scientifique canadienne dénonce depuis plusieurs années: la recherche en santé est sous-financée au Canada."

Des projets très prometteurs
Une des façons d'évaluer le sous-financement d'une université en matière de recherche en santé est de comptabiliser les projets jugés "très prometteurs" par les pairs mais qui se trouvent du mauvais côté de la "guillotine", selon l'expression de Mme Gascon-Barré.

En 1996-1997, par exemple, 69 demandes répondant à cette description ont été abandonnés, faute de financement. Seules l'Université McGill et l'Université de Toronto faisaient pire à ce chapitre.

Actuellement, des pressions sont exercées afin de faire bouger le gouvernement fédéral sur cette question. Parmi les pays les plus industrialisés, le Canada est celui qui dépense le moins par habitant en recherche biomédicale, clinique et en santé. La comparaison avec les États-Unis est gênante: plus de 73$ sont investis par habitant au pays de l'oncle Sam contre moins de 10$ au nord de la frontière.

Les lobbyistes tentent donc de convaincre les élus de hausser le budget annuel du CRM de 800 millions. Il se situe actuellement à quelque 250 millions de dollars. "Cela ne ferait que ramener le financement à un niveau acceptable", signale la vice-rectrice adjointe et directrice du Bureau de la recherche, qui occupe ses nouvelles fonctions depuis le 12 janvier dernier.

Même si cela apparaît irréaliste, Mme Gascon-Barré exprime son optimisme. "Les gouvernements étaient jusqu'à maintenant obsédés par la lutte contre le déficit. Ils ont atteint leur objectif. J'ose croire qu'une période de croissance est devant nous. La qualité de la recherche est là, les chercheurs sont reconnus internationalement. Même la population croit en la recherche, comme le démontrent les sondages. Et qui paie pour le CRM? C'est la population; c'est vous et moi."

Une bonne performance malgré tout
Comme le souligne la vice-rectrice adjointe, les universités canadiennes tirent admirablement leur épingle du jeu sur la scène internationale au chapitre du nombre de citations dans les revues savantes. Et l'Université de Montréal, malgré ses insuccès récents, conserve sa troisième place au Canada pour ce qui est des sommes allouées à la recherche en santé. Ses 91 millions la situent loin devant sa plus proche rivale en quatrième place, l'Université McMaster.

"Nous occupons, selon les années, la deuxième ou la troisième place au Canada, indique la vice-rectrice adjointe. Mais il faut signaler que l'Université de Toronto, la plus importante à ce chapitre, compte deux fois plus de chercheurs que nous ou l'Université McGill."

Professeure au Département de pharmacologie de la Faculté de médecine et vice-présidente du Fonds de la recherche en santé du Québec, Mme Gascon-Barré a une formation en pharmacologie et en gestion. Elle entreprend son mandat avec beaucoup d'enthousiasme. "C'est certainement un défi, mais il est stimulant. Je crois qu'une ère intéressante s'ouvre à nous."

Mathieu-Robert Sauvé



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