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Qualité, pertinence et ouverture

Si les revenus n'augmentent pas, l'Université devra se résigner à appliquer son "plan B".

Le recteur Robert Lacroix lors de son discours du 5 octobre dernier.

C'est une équipe de direction résolument à l'unisson qui présentait à l'Assemblée universitaire le 19 octobre une version allongée du discours sur la relance prononcé par le recteur Robert Lacroix deux semaines plus tôt.

Pendant une journée complète, et mettant à l'épreuve les capacités d'écoute des membres, le recteur, les cinq vice-recteurs et le doyen de la Faculté des études supérieures ont tour à tour rappelé les grandes orientations et précisé les objectifs, les stratégies et les cibles découlant, pour chacun de leur secteur, du plan d'action arrêté par le rectorat.

"Pour actualiser nos objectifs stratégiques, il faut miser sur la qualité, la pertinence et l'ouverture dans tous les volets de la vie universitaire", a indiqué le recteur, faisant de ces trois éléments les piliers de son plan d'action.

Concrètement, cela signifie une simplification des processus administratifs, une révision des programmes d'enseignement, une priorité accordée à l'accroissement des clientèles, le tout en vue de la réalisation de deux grands projets mobilisateurs, soit le développement du pôle scientifique et technologique avec l'École Polytechnique et la mise en place du pôle des sciences humaines afin de donner un contenu à la technologie.

Se rapprocher du marché
Du côté de la formation, les programmes de premier cycle viseront une plus grande intégration au marché du travail, incluront une initiation aux activités de recherche, miseront sur les stages et les programmes coopératifs, intégreront les NTIC et privilégieront le transfert des savoirs. La formation continue s'ajustera elle aussi aux nouvelles conditions de l'emploi.

De nouveaux types de programmes verront le jour aux cycles supérieurs, comme la maîtrise de spécialisation approfondie et une formation professionnelle avancée de troisième cycle sans projet de recherche.

Le recrutement est par ailleurs la première des priorités aux cycles supérieurs. Les chiffres montrent que c'est en fait de ce côté que l'Université de Montréal affiche ses pertes les plus importantes. De 1990 à 1996, la part de la clientèle universitaire que va chercher l'UdeM est passée, au troisième cycle, de 26,7% à 24,6%, alors qu'elle est demeurée à peu près stable au premier cycle (de 16,1% à 15,9%).

La recherche sera plus interdisciplinaire et elle aussi adaptée aux nouveaux marchés. Le CHUM, qui commence à montrer des signes de vitalité, recevra des soins intensifs, alors que la contribution des secteurs de la santé autres que la médecine sera mieux intégrée aux activités de recherche.

Quant aux services, la DITER devra augmenter la qualité et la pertinence de ses services, les bibliothèques, accroître leur accessibilité et poursuivre leur automatisation et la Direction des communications, développer les relations externes.

Plan B
C'est du côté des prévisions budgétaires qu'on a appris le plus de nouveaux éléments quant à ce plan de relance.

Le scénario optimiste s'appuie sur la fin des compressions dans le financement universitaire et sur l'indexation des coûts de fonctionnement annoncée par la ministre de l'Éducation pour le tournant du prochain millénaire. Considérant par ailleurs qu'il faudra reprendre à ce moment les cotisations au Régime de retraite, l'Université se retrouvera en 2002 avec un nouveau déficit de 15 millions de dollars s'il n'y a pas de changement au mode de financement.

Pour faire face à la situation, l'Université mise sur une augmentation de revenus de 14 millions de dollars et sur un allégement des coûts administratifs de 3 millions. L'augmentation de revenus inclut notamment 9 millions de dollars découlant de l'accroissement de la clientèle étudiante, ce qui devrait par ailleurs entraîner des revenus supplémentaires de 2 millions pour les Services auxiliaires.

Quant à l'allégement des coûts administratifs, il repose principalement sur le regroupement de la Direction des approvisionnements et de la Direction des finances ainsi que sur une réduction des primes d'assurance.

Si ça ne marche pas, l'Université a son "plan B". "Une réduction du personnel serait catastrophique, a affirmé Michel Trahan, mais il ne serait pas question que l'Université déclare faillite. Il faudra donc compenser par une réduction plus importante des dépenses de rémunération."

Discordance
Le débat autour de ce plan d'action n'aura lieu qu'à la prochaine réunion de l'Assemblée universitaire. Certaines notes discordantes se sont toutefois fait entendre, sous le couvert de "questions de précision".

Certains s'inquiètent de la trop grande convergence du discours avec les objectifs de la mondialisation des marchés ainsi que du développement de la recherche en fonction des besoins du marché. "Parler des besoins de la société aurait été plus encourageant", a mentionné le professeur Jean-Guy Loranger.

"Fera-t-il encore bon vivre dans cette université pour les professeurs qui font seuls de la recherche non subventionnée?" s'est demandé Denise Angers à propos des programmes de deuxième et de troisième cycle sans projet de recherche.

Régine Pierre craint pour sa part les effets pervers que pourrait avoir un plan de relance trop performant et qui pourrait inciter le gouvernement à ne pas injecter de nouvelles ressources dans le financement universitaire.

Michel Ducharme, représentant du personnel de soutien, a déploré l'absence des membres de ce personnel dans l'opération de relance.

Daniel Baril



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