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Cap sur la relance!

L'Université créera un pôle scientifique et technologique avec l'École Polytechnique.

Robert Lacroix

Le recteur Robert Lacroix a exposé, le 5 octobre dernier, les grandes orientations de son rectorat devant plus de un millier de professeurs, d'employés, d'étudiants, de cadres et de professionnels qui ont reçu son propos comme une grande bouffée d'air frais après des années d'atmosphère raréfiée.

Depuis son entrée en fonction il y a quatre mois, le recteur a analysé la situation en profondeur et constaté une volonté de changement et d'action dans la communauté universitaire. Il est ainsi arrivé à la conclusion que la relance était la seule voie à suivre pour sortir l'Université de la crise où elle s'est enlisée.

"Pour y parvenir, nous devons résolument miser sur la qualité, la pertinence et l'ouverture sur le monde dans toutes nos activités. Ce seront là nos trois critères de décision, le pivot de notre action."

Un des éléments importants de cette relance est évidemment ce pôle scientifique et technologique, dont la création a d'ailleurs été saluée par le directeur de l'École Polytechnique, Réjean Plamondon, présent dans la salle.

"Ce pôle scientifique et technologique transformera, dans les années à venir, la configuration du campus de l'Université de Montréal dans ses diverses composantes", a-t-il révélé, avant de poursuivre: "Les professeurs, les chercheurs, les étudiants à la maîtrise et au doctorat ainsi que les stagiaires postdoctoraux regroupés dans nos facultés de la santé, à la Faculté des arts et des sciences et à l'École Polytechnique constituent déjà le noyau scientifique et technologique du Grand Montréal. Il faut le structurer, en consolider les assises, accroître la synergie tant en formation qu'en recherche et augmenter les liens avec les milieux extérieurs."

Partenariats obligés
En entrevue à Forum, M. Lacroix a tenu à préciser que les deux établissements demeuraient parfaitement autonomes.

"Avec un minimum de concertation, nous allons avoir une force de frappe qu'aucune autre université ne peut se donner actuellement."

Les nouvelles politiques de subvention de la recherche commandent une telle concertation. On exige de plus en plus des universités qu'elles établissent des partenariats avec des entreprises ou des organismes communautaires, qu'elles favorisent le transfert des connaissances et qu'elles assument la formation de la relève. Pour obtenir le maximum des 2,5 milliards de dollars de fonds de recherche que la Fondation canadienne pour l'innovation distribuera au cours des cinq prochaines années, l'Université doit se plier à ces exigences, constate Robert Lacroix.

"Il est inutile de se le cacher, a-t-il déclaré à Forum, les fonds perdus en subventions de fonctionnement ne reviendront pas. Et si jamais ils reviennent, ce sera sous une forme tout à fait différente. Seront alors posées ces questions de pertinence, de liaison avec les divers milieux et de transfert de connaissances. Nous n'avons donc pas le choix. Il nous faut nous adapter et même essayer d'être mieux préparés que nos concurrents."

Du côté du secteur privé également, l'apport désintéressé se fait de plus en plus rare. Les entreprises et les sociétés veulent maintenant des accords de partenariat afin d'y trouver aussi leur compte.

"L'Université doit donc s'organiser pour avoir accès à ces revenus supplémentaires tout en s'assurant qu'elle peut accomplir sa mission. Il nous faut bien négocier ce virage. Refuser de nous adapter à ces changements, c'est nous condamner à devenir de plus en plus sous-développés."

Ce pôle scientifique et technologique fera une place de choix aux sciences humaines et sociales, incluant les sciences de l'éducation, a précisé M. Lacroix. Il a annoncé une action analogue "de convergence et de mobilisation" en arts, lettres et sciences humaines.

Levée des contingentements
Pour augmenter ses revenus, l'Université lèvera les contingentements partout où la chose est possible. On le sait, plusieurs programmes sont contingentés, surtout dans les secteurs professionnels, où l'on trouve 75% des programmes de premier cycle.

"Il ne s'agit absolument pas de se lancer dans une recherche débridée de nouvelles clientèles, précise Robert Lacroix. Mais plutôt de voir si l'on ne peut pas, avec un minimum de ressources supplémentaires, augmenter un peu le nombre d'étudiants."

L'objectif est de 700 nouveaux étudiants par année, donc 2100 sur trois ans. Une telle hausse permettrait à l'Université de retrouver les clientèles étudiantes qu'elle avait il y a quelques années.

Le recteur tient toutefois à souligner que ces nouveaux étudiants ne s'inscriront pas nécessairement dans les unités où il y a eu baisse de la clientèle. C'est pourquoi le redéploiement des effectifs professoraux se fera en fonction du déplacement des clientèles étudiantes.

"C'est une opération à trois volets, explique-t-il. Il faut d'abord lever les contingements partout où la chose est possible et voir si, en augmentant les ressources, on peut admettre plus d'étudiants, sans toutefois diminuer la qualité. Ensuite, il faut s'assurer de l'adéquation entre les besoins du marché du travail et nos programmes, revoir ceux qui nous font perdre des étudiants au profit des universités concurrentes, en lancer de nouveaux aux cycles supérieurs et améliorer l'information à l'intention des étudiants. Enfin, il faut hausser notre soutien financier aux étudiants."

Adaptation au marché du travail
Les facultés doivent mettre la priorité sur le premier cycle et revoir en profondeur leurs programmes pour en assurer la pertinence et la qualité. Pour Robert Lacroix, le baccalauréat doit en effet constituer la clé de l'intégration réussie des diplômés au marché du travail.

"Pour la majorité des étudiants, le premier cycle est la porte d'entrée sur le marché du travail. Il faut donc les aider à faire une insertion facile sans pour autant réduire la qualité de notre enseignement. Et qu'on ne vienne pas me dire que, parce que c'est mieux adapté, c'est de moindre qualité", ajoute le recteur, qui réfute d'emblée les accusations d'utilitarisme.

Dans le même esprit, il veut que la formation initiale et la formation continue soient conçues dans une logique de continuité.

Autre nouveauté, l'introduction d'un régime travail-études, appelé aussi régime coopératif. Celui-ci permettra aux étudiants de vivre des expériences de travail liées à leur domaine d'études. Ce régime, qui prendra la forme de stages en milieu industriel, institutionnel et communautaire ou encore de séjours d'études ou de travail à l'étranger, sera d'abord mis au point avec trois ou quatre unités prêtes à en faire l'essai.

Le Fonds de relance
On le sait, d'ici 2001, l'Université bénéficiera d'un surplus de 44 millions de dollars grâce au Fonds de relance. Celui-ci provient du congé de cotisation à la caisse du régime des rentes, une des mesures adoptées en décembre 1997 pour accélérer la résorption du surplus actuariel.

"Le Fonds de relance, constate M. Lacroix, va nous aider à traverser cette période de transition de telle sorte que, lorsqu'on l'aura épuisé, nous disposerons de nouvelles sources de revenus."

Ces revenus proviendront, bien sûr, des droits de scolarité et de l'augmentation de la subvention gouvernementale due à l'arrivée d'un nombre plus élevé d'étudiants mais aussi de revenus indirects issus, notamment, d'une fréquentation accrue des entreprises auxiliaires.

Le recrutement sera également intensifié. Toutes les unités devront s'en préoccuper.

"Il ne s'agit pas seulement d'augmenter le nombre des étudiants, mais aussi d'aller chercher des candidats mieux informés de ce qui les attend à l'université. Ils ont ainsi plus de chances d'être heureux de leur sort et de mener leurs études à terme."

Révision des processus administratifs
La gestion aussi devra se mettre au pas, observe Robert Lacroix. Tous les processus administratifs et toute la réglementation, qu'il s'agisse d'études, de recherche ou de services à la communauté, seront remis en cause et simplifiés au profit d'une gestion souple et efficace.

"Tout doit être revu, de la première demande d'information des candidats jusqu'à l'obtention des diplômes et tout ce qui n'apporte pas de valeur ajoutée doit être éliminé. Tout le monde le dit, nous faisons face à une sédimentation et à une diversité réglementaire sur laquelle nous ne nous sommes jamais repenchés."

Enfin, l'évaluation des unités et des services sera repensée en fonction de cette nouvelle donne. L'Université installera trois ou quatre nouvelles antennes hors campus. Le mandat, les priorités et l'organisation de la Direction des communications seront revus. Les stratégies et les méthodes de sollicitation seront affinées puisqu'il ne s'agit plus de multiplier le nombre de transactions sans lendemain mais plutôt de créer une relation suivie avec les donateurs. C'est dans cette optique que sera conçue la Campagne de l'an 2000.

Françoise Lachance


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