Polytechnique fête ses 125 ans

André Caillé annonce un don de un demi-million de dollars.

Les invités d'honneur au lancement de la campagne POLY125: de gauche à droite, André Caillé, président d'honneur et PDG d'Hydro-Québec; Jean-Paul Gourdeau, président du Conseil de Polytechnique; Pierre Bourque, maire de Montréal; Bernard Patry, député de Pierrefonds-Dollard; Pauline Marois, ministre de l'Éducation; et Réjean Plamondon, directeur général de Polytechnique.

Lorsque l'École scientifique et industrielle a été fondée par Urgel-Eugène Archambault en 1873, elle n'avait à son service que trois professeurs. Mais le taux d'encadrement était l'un des plus élevés qui soient puisque, pour sa première année de fonctionnement, l'École n'accueillait que sept étudiants!

Cent vingt-cinq ans plus tard, l'École d'Archambault, devenue École Polytechnique de Montréal, est l'un des plus prestigieux établissements de génie au Canada avec près de 4800 étudiants et plus de 1000 diplômes délivrés à la dernière promotion.

Les responsables de l'École Polytechnique ont convenu de souligner ce moment important de l'histoire de leur maison d'enseignement par une série d'activités qui se dérouleront jusqu'en novembre prochain. Le coup d'envoi de ces activités était donné le 17 avril dernier au cours d'une cérémonie haute en couleur à laquelle participaient un aréopage de personnalités ainsi que des comédiens et une chorale.

Neuf millions pour l'informatique

L'École lance également, à l'occasion de ce 125e anniversaire, une campagne de financement dont l'objectif est de neuf millions de dollars. Les fonds recueillis serviront à financer le développement de l'infrastructure et de l'enseignement de l'informatique à Polytechnique.

Plus précisément, l'École compte mettre en place une véritable inforoute locale incluant l'installation de plusieurs centaines de mètres de fibre optique à partir de la centrale de communications informatiques, le remplacement du câblage non conforme aux normes actuelles, l'implantation d'un intranet permettant de traiter directement avec les principaux services administratifs, notamment pour les inscriptions, la consultation de son dossier, la modification de son choix de cours ou la remise de ses travaux.

La modernisation du réseau informatique favorisera également une collaboration plus étroite entre la bibliothèque de l'École et les autres bibliothèques universitaires en ce qui a trait à l'accès aux documents, marquant un pas de plus dans la mise en place d'une "bibliothèque électronique et virtuelle".

Le second volet de la campagne de financement vise l'engagement de huit nouveaux professeurs en génie informatique; deux millions de dollars seront consacrés à ce projet. De plus, un fonds de 500,000$ sera créé afin d'offrir un programme de bourses aux étudiants dans le domaine des nouvelles technologies de l'information et des communications.

Défis

Au cours du lancement de cette campagne, le nouveau directeur de Polytechnique, Réjean Plamondon, a mis au défi le président d'honneur André Caillé de dépasser l'objectif afin d'obtenir la note A+. Le PDG d'Hydro-Québec s'est dit confiant de pouvoir répondre aux attentes du directeur et a du même coup donné l'exemple aux autres entreprises en versant un montant de 500,000$ sur cinq ans.

Dans un discours marqué par plusieurs allusions aux conflits de travail que connaît actuellement son établissement, M. Plamondon a également lancé un défi à la ministre de l'Éducation, Pauline Marois, en arrangeant quelque peu les chiffres pour les besoins de la cause: "Les 3000$ que l'École recevait du gouvernement en 1873, dit-il, équivaudraient bien en dollars d'aujourd'hui à 490 millions!"

La ministre n'a pas promis de hausser son financement à ce point, mais s'est tournée vers le député fédéral de Pierrefonds-Dollard, le libéral Bernard Patry, afin de lui lancer amicalement son propre défi: "Si nous nous mettons ensemble, peut-être pourrons-nous aller chercher les fonds des bourses du millénaire pour investir cet argent dans les universités..."

Daniel Baril

Quelques jalons d'histoire L'École Polytechnique de Montréal a vu le jour en 1873 sous le nom d'École scientifique et industrielle. Elle logeait à ce moment-là où se trouve aujourd'hui la Place des arts. En 1876, elle adopte le nom d'École Polytechnique et s'affilie, l'année suivante, à l'Université Laval. Cette affiliation durera jusqu'en 1920, année où la succursale de l'Université Laval à Montréal devient autonome et se fait connaître sous le nom d'Université de Montréal. Polytechnique décide alors de s'affilier à cette nouvelle université et, en 1958, vient la rejoindre sur la montagne dans les locaux qu'elle occupe depuis. À cette époque, 1143 étudiants fréquentaient l'École. L'emblème qui distingue l'École Polytechnique est composé de trois éléments principaux, soit une abeille, symbole du travail planifié de l'ingénieur, et une roue d'engrenage, illustrant l'essor industriel de la fin du 19e siècle, superposées à une poutre en I représentant le génie civil. Le tout est ceinturé d'une couronne de laurier, marque de l'excellence. La devise Ut tensio sic vis, ajoutée par Armand Circé, directeur de 1938 à 1945, est tirée comme chacun le sait de la loi de Hooke sur la résistance des matériaux et pourrait se traduire techniquement par "La déformation est proportionnelle à la contrainte". Mais comme il s'agit d'un établissement de formation, la traduction plus conforme à l'esprit de l'École serait "Le résultat est proportionnel à l'effort".