Il faudra aller se brancher ailleurs...

À compter de septembre, l'Université n'assumera plus l'accès à Internet de l'extérieur.

Guy Basque

C'était dans l'air depuis au moins un an, ce sera une réalité en septembre prochain: l'accès universel et illimité à Internet à partir de chez soi et par les passerelles de l'Université de Montréal sera pour ainsi dire chose du passé au prochain trimestre.

"Nous ne sommes tout simplement plus en mesure d'assurer les connexions et de soutenir ce service, qui ne relève pas de la mission de l'Université", déclare Guy Basque, directeur technique à la Direction des infrastructures technologiques de l'enseignement et de la recherche (DITER).

Il faut dire qu'Internet n'est plus ce qu'il était dans les années 1980. "Tant qu'Internet était un réseau universitaire privé et non commercial, il était inévitable que l'Université fournisse le branchement à la maison, même s'il ne s'agissait que d'un accommodement et non d'un service essentiel à l'enseignement. Mais, à partir de 1994, le réseau s'est ouvert au marché et des fournisseurs d'accès pour les usagers résidentiels sont apparus."

À partir de ce moment, Internet a connu une croissance fulgurante accompagnée d'une augmentation exponentielle des branchements résidentiels pour les professeurs et autres employés des universités. "Cet achalandage des usagers qui empruntent nos passerelles pour naviguer dans le réseau entre en conflit avec le rôle premier de ces liens, qui est d'assurer l'accès à nos ordinateurs", ajoute le directeur technique.

Contingenter l'usage

Lorsque l'Université de Montréal a commencé à permettre, en 1975, le raccordement résidentiel, elle ne disposait à cette fin que de 8 lignes téléphoniques et d'une installation expérimentale. En 1985, elle en avait 24 et, en 1995, le nombre de lignes était passé à 200. De ces 200 modems, 80 recourent à de très vieilles technologies.

Selon les chiffres de la DITER, l'état du réseau permet environ 170 connexions simultanées. Chaque jour, entre 3000 à 4000 usagers se raccordent aux ordinateurs de l'Université à partir de chez eux, pour un total de plus de 2000 heures d'utilisation.

"Pour répondre à la demande, il nous faudrait au moins 1000 modems, précise Guy Basque. L'état de l'infrastructure et l'incapacité de répondre à la demande font que 90% des doléances reçues à la DITER concernent Internet alors qu'il ne s'agit pour nous que d'un service périphérique."

La problémati-que est d'ailleurs la même dans les autres universités, que ce soit à l'UQAM, à McGill ou à Toronto, où l'on a privatisé le branchement à domicile ou contingenté fortement l'utilisation des modems.

La DITER en est venue à la conclusion qu'il n'incombait pas à l'Université d'offrir ce service puisque des entreprises privées peuvent le faire à des coûts très accessibles et en offrant des appareils à la fine pointe de la technologie. À partir de septembre, le nombre de passerelles permettant l'accès à domicile sera donc réduit et le nombre d'heures d'utilisation, limité.

Les modalités de ce contingentement restent à déterminer, mais on parle à titre d'exemple de deux à trois heures par mois ou de branchements d'une durée de 20 minutes, soit la durée moyenne des connexions à domicile. De plus, ces passerelles ne permettront que l'accès aux ordinateurs de l'Université et aux sites Internet de l'UdeM. Il ne sera plus possible de passer par ce lien pour naviguer dans le Net. Le service sera en fait celui d'un intranet.

Sympatico

Afin de maintenir des conditions avantageuses pour ses professeurs et employés, l'Université de Montréal a adhéré au programme Affinité du service Sympatico de Bell Canada. Les tarifs universitaires de ce programme sont de 25$ par mois pour 200 heures d'utilisation, de 20$ pour 100 heures et de 10$ pour 15 heures. Les heures additionnelles sont tarifées à raison de 1,50$ l'heure. Une trousse d'abonnement, vendue avec une réduction de 15% aux librairies de l'Université, permet par ailleurs 100 heures d'accès à Internet pendant le premier mois.

"Il n'y a toutefois pas de contrat exclusif avec Sympatico et rien n'empêche les employés de recourir au service de leur choix, précise Guy Basque. Nous avons trouvé préférable de laisser le libre choix aux usagers en fonction de leurs besoins et de la technologie qu'ils préfèrent."

Par ailleurs, ces modifications ne changeront rien aux raccordements directs à partir du campus, qui seront maintenus; on en compte présentement pas moins de 6000!

Daniel Baril