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Prix d'excellence en enseignement

Au cours de sa collation des grades qui se tiendra le 29 mai, l'Université de Montréal remettra, comme elle le fait chaque année, des prix d'excellence en enseignement à trois professeurs et à un chargé de cours.

Ces prix sont attribués sur recommandation d'un comité de sélection qui examine la compétence du candidat et sa maîtrise de la matière, le recours à des innovations pédagogiques, le renouvellement, les prix déjà obtenus, les résultats d'évaluations antérieures, notamment celles faites par des étudiants, ainsi que le leadership dans la direction et la coordination de travaux, la participation à des comités et à la conception des programmes de même que les publications.

 

Albert Adam

Pour Albert Adam, lauréat du prix d'excellence en enseignement dans la catégorie professeur titulaire, l'enseignement ne se limite pas au seul transfert de connaissances ni à une opération comptable. "Enseigner, dit-il, c'est d'abord dialoguer avec des jeunes."

De son propre aveu, cette dimension humaine, exigeante en investissement et en disponibilité, donne même tout son sens à sa carrière de professeur, qu'il poursuit depuis 1988 à la Faculté de pharmacie. Tous ceux qui se sont penchés sur l'évaluation du travail d'Albert Adam sont unanimes à souligner ses qualités de vulgarisateur, sa rigueur, sa disponibilité, son attention à l'endroit des étudiants et même de leur famille, le tout enrobé d'un sens de l'humour fort apprécié de son entourage.

"Albert Adam humanise l'enseignement en situant l'étudiant au centre de l'action, souligne la vice-doyenne aux études de premier cycle, Pauline Beaulac. Il pique la curiosité de l'étudiant, le dirige et partage avec lui son zèle pour l'acquisition d'un savoir, d'un savoir-faire et d'un savoir-être digne du professionnel qu'il deviendra."

Les étudiants lui sont d'ailleurs très reconnaissants pour ce dévouement à leur formation. À deux reprises, les étudiants de premier cycle lui ont décerné un Mortier, prix qu'ils destinent au "meilleur professeur de l'année". Le Conseil des étudiants de la Faculté signale par ailleurs qu'Albert Adam est le professeur qui participe au plus grand nombre de cours répartis sur les trois années du baccalauréat et qu'il le fait toujours avec le même souci d'excellence.

Le professeur Adam a également été vice-doyen aux études supérieures à la Faculté de pharmacie de 1991 à 1994. Au cours de cette période, il a contribué à la mise en place du nouveau programme de baccalauréat. Dans le cadre de cette refonte, il a mis sur pied une nouvelle forme d'enseignement personnalisé consacré à l'évaluation théorique et pratique des tests d'autocontrôle et d'autodiagnostic.

Cette forme d'enseignement permet d'exposer un travail en classe et de rédiger un article pour publication. La participation à ce genre de travaux aurait été décisive dans le changement de carrière de certains étudiants, qui ont opté pour une maîtrise en pharmacie d'hôpital.

De nouveau, les étudiants lui ont été reconnaissants de cette innovation en lui décernant, à deux reprises, le prix Rougier, qui souligne l'excellence dans l'enseignement des sciences fondamentales.

Finalement, on doit au professeur Adam l'initiative de la création du fonds Québec-Wallonie, destiné aux étudiants de la Faculté de pharmacie afin de financer des stages et des congrès dans d'autres pays francophones.

 

Jean-François Rivest

Quatre fois lauréat du premier prix d'interprétation lorsqu'il étudiait au Conservatoire, Jean-François Rivest avait devant lui, dès les années 1970, une carrière de soliste toute tracée. Mais le jeune violoniste avait d'autres objectifs. Le prix d'excellence en enseignement, qu'il reçoit cette année dans la catégorie professeur agrégé, confirme qu'il a vu juste.

C'est après quelques détours que le fondateur et chef de l'Orchestre de l'Université de Montréal (OUM) s'est joint au corps professoral de la Faculté de musique. Sans cesser d'être soliste à l'occasion, il a été musicien permanent à l'Orchestre symphonique de Montréal de 1980 à 1985, puis professeur au Conservatoire de musique du Québec à Chicoutimi de 1985 à 1992. Il a aussi composé de la musique de films (Mal de Bloc, ONF, 1992; Au bout de la nuit, ONF, 1993) et de chercheur. Il mène actuellement des recherches sur le contenu harmonique et contrapuntique dans les uvres pour violon solo de Bach.

Ce nouvel honneur reconnaît la contribution particulière d'un musicien très actif dans la vie facultaire: élaboration de cours de groupe de violon; mise sur pied de nouveaux programmes en interprétation; participation à un nombre impressionnant de jurys de thèses et de récitals de fin d'études. C'est en grande partie à Jean-François Rivest qu'on doit la venue "en résidence" du Quatuor Alcan et la fusion des orchestres de l'Université de Montréal et du Conservatoire, dont le premier concert, donné le 14 février dernier, a connu un franc succès.

C'est au cours de son expérience saguenayenne que M. Rivest a perfectionné ses talents de chef d'orchestre. Quand l'ancien doyen de la Faculté de musique, Robert Leroux, l'a engagé à l'Université de Montréal en 1992, le jeune chef avait des projets plein la tête. L'ensemble de cordes deviendra vite l'OUM et les concerts se multiplieront. Une tournée en Espagne était même organisée en 1995.

Pour les étudiants, l'OUM offre une tribune inestimable dans l'acquisition d'une expérience d'instrumentiste. Le répertoire est très vaste puisque l'ensemble a touché au baroque, au classique, au romantique et au contemporain. Dans sa lettre d'appui à la candidature de M. Rivest, le musicologue Jean-Jacques Nattiez signale la difficulté de diriger un orchestre, "milieu social difficile, fait d'individualités en situation de conflit potentiel". Il dit être impressionné par les qualités du maestro Rivest, capable de transcender ces difficultés.

L'OUM étant un orchestre à vocation pédagogique, son budget de fonctionnement ne permet pas l'engagement de solistes professionnels. Qu'à cela ne tienne, Jean-François Rivest a eu l'idée d'organiser chaque année un concours de solistes ouvert à tous les étudiants de la Faculté. Parmi les gagnants, il y a eu des pianistes, des chanteurs et des violonistes qui ont été invités à se produire en concert, accompagnés par l'OUM et son chef.

Les évaluations de l'enseignement de premier cycle confirment la qualité du professeur. Sur 220 répondants, la moyenne géné-rale frise la perfection: 3,9 sur 4. La note parfaite a été accordée à plus de 41 reprises.

 

Daniel Weinstock

"Parce qu'il a orienté ses efforts vers la croissance de ce qui était déjà en germe chez moi plutôt que d'y empiler simplement les gros bouquets de fleurs séchées arrachées aux "penseurs", Daniel Weinstock est pour moi le meilleur professeur que j'ai pu avoir à l'Université."

Ce témoignage élogieux est celui d'un étudiant en médecine, Antoine Boivin, qui a suivi le cours Notions fondamentales d'éthique dans le cadre de son programme d'études. À son avis, le philosophe éthicien, honoré du prix d'excellence en enseignement 1998 dans la catégorie professeur adjoint, a le mérite d'avoir rapidement capté l'attention d'un auditoire qui n'était pas gagné d'avance. Puis d'avoir suscité un réel intérêt pour les questions éthiques.

Une autre étudiante en médecine, Élisabeth Leroux, tient des propos similaires: "M. Weinstock fut un enseignant intéressant et structuré, vivant, plein d'humour et de verve qui a su m'apporter énormément, tant sur le plan des connaissances théoriques que sur celui, moins défini mais tout aussi important, du raisonnement et du bon sens. Aussi, et plus que tout, il a su nous donner, à moi et à mes amis et collègues, l'envie de réfléchir à des problèmes d'éthique médicale."

De tels témoignages se succèdent dans le dossier de présentation de la candidature de M. Weinstock, préparé par le directeur du Département de philosophie, François Lepage. Pour tout dire, une évaluation du cours en question avait révélé que 97% des étudiants considéraient les exposés magistraux comme utiles ou très utiles. Par ailleurs, 94% des étudiants estimaient que le cours avait accru leur intérêt pour l'éthique et 99% qu'il avait développé leur raisonnement critique. Si tous les cours donnaient de tels résultats, les universités ne sauraient répondre à la demande.

Pour le directeur du Département, Daniel Weinstock n'est rien de moins que "l'un des plus brillants éthiciens et philosophes politiques de sa génération". M. Lepage poursuit: "Nous sommes plusieurs à penser que, si notre établissement lui garantit des conditions favorables de développement, Daniel Weinstock atteindra, sinon dépassera la réputation de ses maîtres."

Formé à l'école de Charles Taylor avant de terminer un doctorat à Oxford, le professeur Weinstock est connu pour sa participation à des débats publics. Pour lui, la philosophie doit être présente dans toutes les sphères de l'activité humaine. Ce principe l'a amené à commenter la scène politique durant la période référendaire de 1995 ainsi que des événements d'actualité dans les médias.

Mais ce sont ses qualités de pédagogue qui sont surtout appréciées. "Que ce soit au premier cycle ou aux cycles supérieurs, devant des grands auditoires de débutants ou auprès de groupes plus restreints d'initiés, il connaît la même réussite, écrit son collègue Richard Bodéüs dans une lettre d'appréciation. Ajoutons, car c'est un mérite unique qu'il faut lui reconnaître, qu'il est le professeur de département qui assure le mieux, en dehors de son unité, la mission institutionnelle de la philosophie. À la Faculté de médecine, à la Faculté des sciences infirmières, à la Faculté des sciences de l'éducation, c'est lui qui, se dépensant sans compter, prend à charge les enseignements indispensables qu'on demande, à bon droit, aux éthiciens-philosophes."

 

Christian de Coninck

"Son amour du métier d'architecte est tout simplement contagieux. Il sait canaliser l'enthousiasme et l'énergie des débutants avec un talent remarquable. Rarissimes sont les personnes qui peuvent autant apporter à l'enseignement universitaire."

C'est en ces termes élogieux que le directeur de l'École d'architecture de la Faculté de l'aménagement, Roger Bruno Richard, reconnaît le mérite de Christian de Coninck, qui remporte cette année le prix d'excellence en enseignement dans la catégorie chargé de cours.

À titre de chargé de formation pratique, M. de Coninck enseigne la démarche architecturale dans les ateliers de design de l'École d'architecture depuis 1988. Dès son entrée à l'École, il s'est préoccupé des difficultés de communication graphique qu'éprouvaient plusieurs étudiants. Pour contrer ces difficultés et combler l'absence d'un cours sur le dessin et la communication, il a pris l'initiative de produire lui-même des fiches portant sur les divers modes de représentation en architecture et d'organiser des séances de présentation hors programme.

Cette initiative a permis de jeter les bases du cours Dessin et communication, qu'il a mis sur pied avec ses collègues Janos Baracs et Claude Parisel. Le besoin de ce cours était tel que l'École d'architecture l'a rendu obligatoire.

Dans ses ateliers de design, Christian de Coninck développe depuis 1991 une approche synthétique de l'espace architectural. Alors que l'approche traditionnelle en architecture considère des paradigmes tels l'art, la technique ou l'histoire de façon isolée, l'approche synthétique propose de les considérer comme complémentaires, en association les uns avec les autres. L'approche privilégie également l'étude exhaustive d'un projet en trois dimensions, ce qui oblige le concepteur à se comporter comme un usager.

Outre le directeur de l'École, les collègues de Christian de Coninck savent aussi apprécier ses qualités de professeur et sa contribution à l'excellence de l'enseignement. "Quand vous voyez chaque semaine 80 exercices corrigés, remis au cours suivant littéralement couverts de commentaires personnels en rouge, vous mesurez le temps que cela a pris et le dévouement de celui qui a su le prendre", souligne Claude Parisel.

Un dévouement apprécié par les étudiants qui, à chacune des questions de l'évaluation de son enseignement, lui donnent les notes "très bonne" ou "excellente".


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