Le hasard m'a amené dernièrement à faire partie de deux jurys d'évaluation de mémoires de maîtrise dont l'un a été jugé excellent et l'autre à peine passable. J'ai réalisé encore une fois l'incongruité, sinon l'injustice qu'il y avait à ce que le résultat de cette évaluation ne soit mentionné nulle part. Ni sur le bulletin, ni sur le parchemin, ni sur les trois exemplaires officiels du mémoire.
J'imagine que le candidat est informé des résultats de l'évaluation: on lui signale les forces et les faiblesses de son texte. J'imagine qu'il y a une annotation à son dossier à la Faculté pour qu'on puisse en tenir compte s'il demande une inscription au doctorat ou à un autre programme ou sollicite une bourse. Mais comment le &laqno;public» peut-il savoir? Est-ce que l'éventuel employeur n'a pas intérêt à connaître la qualité de la formation acquise, cours et mémoire compris? Est-ce que le diplômé n'a pas intérêt à le faire savoir? Est-ce que le futur lecteur, éventuellement un étudiant qui veut voir comment on réussit un mémoire, n'a pas intérêt à savoir si le travail a été jugé excellent ou passable? Et cela n'est-il pas un droit pour lui?
Devant un livre, le lecteur est certes non prévenu: le livre peut être excellent ou moche. Toutes sortes de motifs ont pu justifier la publication. Au lecteur de juger. Mais le mémoire n'est pas comme un livre ordinaire publié. Il a servi à l'obtention d'un diplôme universitaire, il a servi à évaluer la qualité de la formation; il a fait l'objet d'un jugement universitaire comme les cours. Pourquoi le mémoire ne serait-il pas traité comme les cours?
Aussi, il me semble que le règlement de la FES devrait prévoir que l'on mette une note au mémoire, note qui apparaîtrait au bulletin, sur le parchemin et aussi sur les copies officielles du mémoire. Cette appréciation pourrait être exprimée par lettre (A, B, C) ou par mention (avec distinction, grande distinction, etc.). À mon avis, il y a là une question de justice pour les candidats, de souci pédagogique vis-à-vis d'éventuels lecteurs, de responsabilité sociale de l'Université envers la population.
Et le même traitement vaut pour la thèse de doctorat.
Guy Durand,
Professeur
Faculté de théologie