L'avenir de l'Université de Montréal |
Mireille Mathieu |
Une université qui réaffirme haut et clair sa mission d'études supérieures et de recherche, complémentaire et indissociable de sa mission de 1er cycle. Recherche signifie ici aussi bien recherche de laboratoire que recherche sociale, travaux d'érudition, innovation professionnelle et création. Quant à la mission de formation de la relève, elle exige une implication significative dans la formation aux trois cycles, tant professionnelle que fondamentale, ainsi que dans la formation continue.
Une université qui se recentre sur un projet académique mobilisateur. Entre autres projets porteurs, mentionnons le recrutement étudiant élargi; le soutien accru à l'encadrement et au financement de nos futurs diplômés; l'innovation dans des projets de formation qui s'appuient sur des concertations de tous les membres du personnel enseignant par-delà les barrières départementales et facultaires; la reconnaissance factuelle de carrières professorales diversifiées plutôt que la dichotomie enseignement/recherche, de même que celle des contributions à toutes les composantes de la charge professorale; une implantation concertée du projet d'intégration pédagogique des chargés de cours; une vision avant-gardiste de la formation continue.
Une université qui exerce un leadership rassembleur au sein du réseau universitaire québécois pour offrir, notamment dans la région de Montréal, des programmes de la plus haute qualité en misant sur la complémentarité et sur la diversité, tout en conservant son identité propre.
Une université impliquée dans le projet académique postsecondaire par le maintien et même l'élargissement des liens étroits qu'elle a déjà tissés avec les établissements collégiaux.
Une université qui soutient son personnel. Outre l'urgente réorganisation du travail et l'allègement des processus, il faut implanter un support informatique réellement efficace et recentrer la formation et le perfectionnement sur ces priorités. Il faut aussi revoir nos pratiques et nos priorités d'allocation de ressources pour offrir un support adéquat au personnel enseignant.
Une université qui revoit l'allocation de l'ensemble de ses ressources en fonction du projet académique. Les réductions de ressources des dernières années ayant touché de façon assez uniforme les différentes catégories de personnel, il importe d'en dresser un bilan avant de procéder plus avant. Les ressources doivent maintenant être revues de façon systémique et intégrée, à la lumière des besoins reliés au projet académique de chaque unité et de sa contribution attendue aux projets d'autres unités. Les priorités académiques doivent dicter l'allocation des ressources quel que soit le contexte budgétaire.
Une université de cohésion. La réalisation du projet académique et la qualité de vie de ses membres doivent s'appuyer sur des rapports d'écoute et de respect mutuel des différents groupes entre eux et avec la direction de l'Université dans un climat de confiance réciproque. Dans une perspective de décentralisation et de redéfinition des tâches, il faudra faire appel davantage au sens des responsabilités, à la compétence et à la créativité.
Une université dont l'image publique et la visibilité correspondent à sa réalité. L'image décolorée, parfois inexistante, de l'Université ne lui rend pas justice. Il est urgent de se doter d'un plan de communication et de ressources qui en garantisse le succès. Cette image est essentielle au recrutement étudiant, aux liens avec les diplômés, à l'appui des membres de la société et des décideurs gouvernementaux de même qu'au succès des campagnes de financement. Enfin, on sait l'importance d'une image positive pour le sentiment de fierté et d'appartenance.
Une université proactive dans la recherche d'un financement plus adéquat. Tout en maintenant une gestion parcimonieuse des ressources, il faut préparer des scénarios de financement à défendre avec vigueur, dès maintenant. La campagne de financement des années 2000 devrait notamment mener à l'amélioration de l'infrastructure d'enseignement et d'encadrement, à l'augmentation du support financier des étudiants des trois cycles et à l'émergence de projets porteurs en recherche et en formation.
Une université à vocation internationale. Déjà activement impliquée dans des projets de coopération internationale, l'Université de Montréal, attire cependant relativement peu d'étudiants étrangers. L'augmentation de la visibilité de l'Université, une intensification du recrutement et une éventuelle amélioration des offres de support financier devraient augmenter le nombre d'étudiants étrangers. Par ailleurs, la nécessité de continuer à offrir une formation ouverte sur le monde impose de maintenir des enseignements de cultures et de langues étrangères.
Les fonctions de rectrice
L'exercice de la fonction de rectrice doit d'abord s'appuyer sur une équipe de direction cohésive, compétente et loyale ainsi que sur les forces et la concertation des membres de la direction élargie (doyens et directeurs de service) dans un système décentralisé.
À l'interne, il faut valoriser un leadership transformateur et rassembleur. Le rôle de la rectrice est d'abord de jouer un rôle proactif dans l'identification des projets porteurs, explicités ouvertement et offerts à la consultation, dans le contexte d'une communication constamment ouverte à l'ensemble des intervenants de la communauté universitaire, ces consultations ciblées devant mener, avec rigueur, détermination et célérité, à des décisions justifiées de façon transparente.
À l'externe, la rectrice doit incarner l'image, les réalisations, les valeurs de l'Université de Montréal, démontrer sa pertinence sociale et intervenir efficacement dans les grands débats de société. La visibilité de l'Université de Montréal passe partiellement par sa rectrice ou son recteur.
En concertation avec les autres recteurs, elle doit défendre avec talent et énergie des modalités de financement plus adéquates et mieux adaptées.
La recherche de sources additionnelles de financement doit être une préoccupation très présente et occuper une part importante de son emploi du temps. Ces interventions, pour être efficaces, devront s'appuyer sur une connaissance approfondie de l'Université de même que sur le savoir-faire et l'expérience professionnelle de spécialistes de ce type d'activités.