RCM2 |
Création d'un réseau unique de calcul
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De gauche à droite, Robert Lacroix, directeur du CIRANO, Luc Vinet, président du RCM2, Tom Brzustowski, président du CRSNG, Roger Bertrand, ministre délégué à l'Industrie et au Commerce, et Nick Discepola, représentant du ministre de l'Industrie du Canada. |
RCM2 n'est pas la nouvelle formule de l'énergie ni un parti politique municipal renouvelé. Il s'agit du Réseau de calcul et de modélisation mathématique regroupant cinq centres de recherche liés à six établissements universitaires montréalais et constituant un réseau unique au monde.
Le RCM2, dont Forum annonçait la création en avril dernier, était officiellement inauguré le 14 novembre en présence de représentants du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) et des gouvernements canadien et québécois. Le nouveau réseau bénéficie d'une subvention de trois millions de dollars, sur cinq ans, octroyée par le CRSNG.
"Les huit dixièmes de la subvention seront consacrés à l'embauchage de chercheurs", affirmait Luc Vinet, président du RCM2 et directeur du Centre de recherche mathématique (CRM) autour duquel gravite le Réseau. Les autres partenaires sont le Centre de recherche en calcul appliqué (CERCA), le Centre interuniversitaire en analyse des organisations (CIRANO), le Centre de recherche sur les transports (CRT) et le Groupe d'études et de recherche en analyse des décisions (GERAD).
La subvention permettra d'ajouter à la quarantaine de professeurs-chercheurs déjà actifs dans ces centres quelque 45 autres chercheurs, dont 30 étudiants des 2e et 3e cycles et 15 chercheurs postdoctoraux.
"Nous avons la conviction que cette organisation innovatrice contribuera de façon importante à la compétitivité nationale dans l'économie mondiale, à la formation de personnel hautement qualifié et à la création d'emplois tout en affirmant la vitalité de Montréal dans les secteurs industriels fondés sur le savoir", déclarait Luc Vinet.
Selon le directeur du CRM, la modélisation mathématique est la voie de l'avenir en recherche et développement. "La simulation numérique remplace de plus en plus l'expérimentation sur prototypes dans l'élaboration de produits et de services et dans la gestion de systèmes à grande échelle." La croissance des industries fondées sur le savoir mathématique et informatique fait même entrevoir au président une possible pénurie de spécialistes de ces disciplines.
Le renforcement des liens entre les cinq centres de recherche répondra donc à un besoin de formation très actuel. Outre les étudiants qui bénéficieront directement de la subvention du CRSNG, les responsables du Réseau entendent contribuer au développement de programmes d'enseignement en mathématiques industrielles.
De plus, le regroupement de scientifiques de disciplines différentes au sein d'un même réseau offre l'avantage de pouvoir prendre en compte toutes les facettes des problèmes soumis tout en facilitant le transfert de méthodes entre ces disciplines.
La création du RCM2 favorisera finalement les retombées industrielles. La vingtaine de partenaires industriels du Réseau, parmi lesquels figurent la Banque nationale, Bell Mobilité, Hydro-Québec et la Défense nationale, auront accès à des recherches d'avant-garde, ce qui leur assurera un avantage concurrentiel non négligeable.
Trois axes
Les projets de recherche du RCM2 s'inscrivent dans trois grands axes. Le volet gestion du risque regroupe des projets à la fois méthodologiques et conceptuels portant sur les risques en finance, en assurances, en technologie et en environnement.
Le deuxième volet porte sur l'information, l'imagerie et le calcul parallèle. On y trouve des projets où de très grandes quantités de données sont nécessaires à la prise de décisions rapides et optimales, comme dans la télédétection, l'imagerie médicale, la mise en marché, etc.
Le troisième axe est celui du transport et des télécommunications. Il touche à la création de systèmes intelligents de transport, à l'optimisation de réseaux multimodes (air-terre-mer), à la gestion de l'utilisation des flottes de véhicules ou à la conception de réseaux de télécommunications.
À l'inauguration du RCM2, les responsables ont présenté plusieurs projets de recherche ayant déjà donné des résultats concrets. Ainsi, le CERCA a élaboré un modèle de simulation atmosphérique pouvant être appliqué à la fois à la compréhension des mouvements de la couche d'ozone et aux prévisions d'écoulement des eaux lors de pluies abondantes.
Le CIRANO poursuit de son côté des recherches sur la modélisation des marchés conçus comme un environnement où les détenteurs d'information privée interagissent pour fixer les conditions des échanges. Le modèle de marché optimisé permettrait une transformation profonde et profitable aux industries qui l'adopteraient.
Le CRM a pour sa part conçu un modèle d'optimisation d'utilisation des bandes de fréquences pour les entreprises de télécommunications qui, notamment dans les centres-villes, font face à un engorgement des fréquences disponibles.
Deux produits de gestion du transport, créés par les Entreprises GIRO, ont également été présentés. Le programme GENCOL, élaboré pour les compagnies aériennes, permet de mieux gérer l'utilisation des avions en tenant compte des complexités des conventions collectives et de la sécurité aérienne avec comme résultat des économies de plusieurs millions de dollars. Dans un domaine similaire, le logiciel Hastus est utilisé par les compagnies de transport public de plus de 160 villes dans le monde pour élaborer les horaires des conducteurs et de véhicules.
"Centré sur l'application des mathématiques à des problèmes concrets de cet ordre, le RCM2 est la plaque tournante entre l'industrie et la formation universitaire", concluait de ces présentations le directeur du GERAD, Pierre Nansen. "Les échanges entre chercheurs et partenaires industriels permettront de concevoir du nouveau matériel et d'aborder des problèmes sous un angle différent."
Daniel Baril