Acquisition de la collection
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Mmes Aragón et Joffe tenant la plaque gravée en l'honneur du chercheur mexicain Javier Aragón |
Une pièce complète de la section des livres rares à la Bibliothèque des lettres et des sciences humaines est consacrée à la collection d'un chercheur mexicain qui a voué sa vie à l'étude du Mexique ancien. Grand érudit (il a appris les langues aborigènes et écrit plusieurs éditions critiques de livres anciens), Javier Aragón a exercé toute sa vie sa profession de juriste, mais il n'a jamais cessé de s'intéresser à l'époque baroque de son pays natal.
"Sa bibliothèque comprend des documents qui sont aujourd'hui presque impossibles à obtenir.
M. Aragón les a ramenés de ses voyages d'études en Amérique du Sud, en Espagne, au Portugal, en Angleterre, en France et ailleurs. Il était à la fois anthropologue, historien, bibliophile et juriste. C'était indiscutablement une autorité en la matière", affirme Antonio Gomez-Mariano, professeur à l'Université Simon-Fraser de Vancouver.
C'est grâce à M. Gomez-Mariano, ancien professeur de l'Université de Montréal, que le Service des bibliothèques a pu accueillir la collection Aragón. Depuis qu'il a pris sa retraite en 1993, M. Gomez-Mariano a déménagé à Vancouver, où une bourse du Conseil de recherches en sciences humaines l'a amené à consulter les ouvrages de M. Aragón chez la veuve de ce dernier. "C'était pour moi un honneur", rappelle le chercheur.
À l'issue d'une de ses visites, Mme Aragón a exprimé le désir de voir l'oeuvre de son mari poursuivie dans de bonnes conditions. M. Gomez-Mariano a alors repris contact avec d'anciens collègues qui ont rendu possible la création d'un fonds.
Bien que la valeur réelle des dizaines d'ouvrages de la collection ne puisse être connue avec précision, le directeur d'un important centre ibéro-américain, Bela Briesemeister, a estimé sa valeur marchande à environ 150 000$US. Sa pièce maîtresse: la première géographie du continent, publiée en 1608, en excellente condition. Chez les collectionneurs, ce livre a une très grande valeur. Il pourrait être adjugé à 50 000$ dans un encan d'art.
Au cours d'une cérémonie en l'honneur du legs de Mme Aragón le 7 novembre dernier, la directrice du Service des bibliothèques, Arlette Joffe, a signalé que la Nouvelle-Espagne a eu beaucoup de points communs avec la Nouvelle-France aux premiers temps de la colonisation: même religion, même système de lois, mêmes rapports tendus avec la métropole. Puis, elle a salué M. Gomez-Mariano, qui a rendu ce don possible.
"Ce type de collection est très précieux pour des travaux en littérature comparée, histoire, sciences politiques, anthropologie et histoire de l'art", a-t-elle dit avant de remercier Mme Aragón, qui était accompagnée pour cette occasion de ses quatre fils.
Mathieu-Robert Sauvé