Entente avec les chargées et les chargés de cours |
De gauche à droite, Laval Rioux, secrétaire du Syndicat des chargées et chargés de cours de l'Université de Montréal (SCCCUM), Najib Lairini, responsable de l'intégration pédagogique au même syndicat, et Jean-Paul Déom, conseiller spécial à la Direction des ressources humaines. |
L'Université de Montréal compte actuellement autant de chargés de cours actifs que de professeurs réguliers: environ 1300. Pourtant, ces acteurs importants de la vie pédagogique n'assistaient qu'à titre bénévole aux réunions d'orientation et aux réformes de programmes... lorsqu'ils étaient invités.
Les choses vont peut-être changer maintenant, car la direction de l'Université et le Syndicat des chargées et chargés de cours de l'Université de Montréal (SCCCUM) ont conclu une entente dotée d'un budget de plus de 330 000$ sur trois ans. Cette entente permettra la réalisation de plusieurs projets visant à stimuler la collaboration entre professeurs et chargés de cours tout en rétribuant leur participation à certaines rencontres départementales (30$ l'heure).
"Pour nous, cette entente vient briser le sentiment d'isolement ressenti par les chargés de cours. Elle contribuera à stimuler l'appartenance à l'Université", signale Laval Rioux, secrétaire du SCCCUM. Cette entente, ajoute-t-il, s'inscrit en droite ligne avec les objectifs du Syndicat puisque 95% des membres ont exprimé leur souhait de multiplier les projets avec le corps professoral régulier.
Mêmes accents de satisfaction du côté de l'administration universitaire. Jean-Paul Déom, conseiller spécial à la Direction des ressources humaines, se réjouit de voir les deux groupes collaborer. "Nous allons pouvoir enfin solliciter l'expertise des chargés de cours. Ils seront payés pour leur participation."
Si quelque 1300 personnes donnent des cours bon an mal an, 500 autres font partie d'une liste de rappel et viennent sporadiquement sur le campus. Mais on estime que de 400 à 500 chargés de cours sont engagés d'une façon régulière chaque trimestre depuis plusieurs années. La moyenne d'ancienneté chez eux atteint près de neuf ans. Il est donc normal que les chargés de cours participent aux discussions sur l'avenir des programmes. Mais les projets rendus possibles par l'entente vont beaucoup plus loin. Quelques exemples.
· Afin de faire participer les chargés de cours au programme de baccalauréat en éducation préscolaire et enseignement primaire, un projet interdisciplinaire en didactique des arts a été élaboré. Les groupes de didactique de la musique et de didactique des arts plastiques au primaire seront réunis en cours d'année et les étudiants seront tour à tour spectateurs ou créateurs. Trois chargés de cours et deux professeurs participeront au projet.
· À la Faculté de musique, on est en train de mettre en place le programme d'études en ethnomusicologie. En pleine expansion (et considéré comme "prioritaire" par la Faculté), ce secteur ne peut malheureusement compter sur de nouveaux professeurs, faute de fonds. Mais plusieurs chargés de cours sont résolument engagés dans son élaboration. Ils contribueront donc à la mise sur pied de ce programme, qui comptera un important soutien multimédia.
· À la Faculté de l'éducation permanente, où l'on compte un grand nombre de chargés de cours, deux d'entre eux et deux professeurs participeront à un projet d'"enseignement stratégique" à l'intérieur du cours avancé de révision grammaticale. Essentiellement, il s'agit d'une nouvelle approche consistant à s'appuyer sur les connaissances antérieures des étudiants pour leur faire apprendre la matière. Si le projet est concluant, une trentaine de chargés de cours pourraient être invités à offrir l'enseignement stratégique.
Les exemples précédents sont tirés des 14 projets reçus. Les intérêts manifestés par les candidats sont variés. On y trouve un projet de parrainage visant à prévenir le décrochage scolaire et un projet de consultation sur la qualité des programmes dans une faculté.
On a demandé aux différentes unités académiques de créer d'ici le mois de mai prochain un comité local d'intégration pédagogique (CLIP) de quatre à six membres qui aura pour fonction de définir les besoins en formation. Une dizaine de CLIP ont déjà vu le jour et une quinzaine d'autres devraient être créés au cours des prochains mois. Les organisateurs pensent pouvoir respecter leur échéancier.
Cette entente fait bien sûr entrer les chargés de cours à l'intérieur de la communauté universitaire, mais n'a-t-elle pas l'effet pervers d'officialiser un statut beaucoup moins coûteux pour l'administration que la création de nouveaux postes de professeurs? "Évidemment, répond M. Rioux, un bon nombre de chargés de cours aimeraient faire une carrière universitaire, mais la plupart préfèrent les avantages que leur confère le statut de chargé de cours."
"C'est vrai qu'un chargé de cours coûte moins cher, poursuit M. Déom. Mais quoi qu'il arrive, nous aurons toujours besoin de chargés de cours. Voilà pourquoi cette entente est précieuse."
Mathieu-Robert Sauvé