«C'est à vous de garantir votre emploi» |
Claude Masson indique aux étudiants comment mettre toutes les chances de leur côté pour trouver un emploi. |
C'est un Claude Masson résolument optimiste et confiant en l'avenir qui s'est adressé aux étudiants de l'Université de Montréal à la conférence d'ouverture de la Semaine de l'orientation et de l'emploi lundi dernier.
L'éditeur adjoint du quotidien La Presse était invité à ouvrir cette semaine d'activités à titre de responsable du programme Défi Emploi parrainé par le quotidien. "C'est avant tout par conviction que j'ai accepté cette invitation", a-t-il déclaré. Sa conviction, c'est qu'il est possible pour les diplômés de se trouver de bons emplois et qu'il y a une relance même dans les secteurs mous.
À l'aide des statistiques du ministère de l'Éducation (qui seront publiées en janvier prochain aux Éditions Ma Carrière), Claude Masson a désigné une vingtaine de secteurs où le taux d'employabilité dépasse les 90% pour les cohortes d'avril 1997. En génie des matériaux, en génie informatique, en génie du bois et en statistique, le taux de placement est de 100%! En finance, en enseignement secondaire et collégial, en orthopédagogie, en actuariat, en informatique, en ergothérapie et en sciences infirmières, les taux gravitent autour de 95%.
"Vous avez plus de chances que les sortants d'il y a cinq ans qui, eux, sont tombés dans le creux de la vague. La relance est réelle, même dans les secteurs comme les communications et la sociologie."
L'éditeur en veut pour preuve l'exemple de son propre journal. "Plusieurs ont cru la presse écrite, qui est un secteur traditionnel, condamnée à disparaître; à La Presse, nous avons engagé l'année dernière neuf nouveaux journalistes et nous projetons d'en faire autant au cours de la prochaine année." Avis aux intéressés, il y a des ouvertures dans le domaine du journalisme économique.
Claude Masson prend toutefois bien garde de ne pas rendre la réalité plus belle qu'elle ne l'est. "On est loin du plein emploi, les conditions sont extrêmement variables d'un secteur à l'autre, les délais pour trouver un premier emploi sont plus longs et les emplois permanents sont moins nombreux." Mais les débrouillards et les persévérants sauront tirer leur épingle du jeu, comme l'a montré le programme Défi Emploi 18-25 ans.
"En collaboration avec Emploi Canada et la Société québécoise de la main-d'oeuvre, nous avons offert aux employeurs de publier gratuitement dans un cahier spécial les offres d'emploi qu'ils n'osent pas afficher parce qu'ils croient qu'il n'y a pas de main-d'oeuvre compétente ou ils craignent d'être inondés de candidatures non pertinentes. Nous avons ainsi réussi à faire sortir plus de 1000 emplois non publiés; ce sont des emplois cachés qu'il faut aller découvrir là où ils sont", fait-il valoir.
Ce cahier a paru au printemps dernier. Depuis, ces emplois ont presque tous été pourvus, nous confiait-il, grâce à l'initiative de La Presse. "C'est une très grande récompense pour nous de voir ces résultats." L'initiative sera répétée pour une troisième fois au printemps ou à l'automne 1998.
Claude Masson a également présenté une série de conseils dont les étudiants auraient avantage à tenir compte s'ils veulent mettre toutes les chances de leur côté à la loterie de l'emploi.
"Garder en tête les mots capacité, adaptation, souplesse, polyvalence, mobilité, débrouillardise, opportunisme, engagement, travail autonome."
En plus de bien maîtriser le français parlé et écrit, les futurs diplômés devront miser autant que possible sur la double formation, surtout dans les secteurs mous: les employeurs recherchent de plus en plus des combinaisons comme droit et fiscalité, enseignement et gestion, M.B.A. et communications, traduction et technologies de l'information.
Ils doivent aussi s'attendre à devoir maintenir leurs compétences à jour par la formation continue. "Les travailleurs des années 2000 feront face à une évolution technologique rapide qui remettra constamment en question les formules d'organisation du travail considérées aujourd'hui comme étant de pointe."
Mais les employeurs veulent aussi "des cerveaux et des coeurs". En tant qu'employeur, Claude Masson privilégiera, à formation équivalente, le candidat qui se démarque par sa personnalité, par ses expériences parascolaires, par son engagement social et communautaire ou encore par ses voyages à l'étranger.
Il faut aussi savoir créer sa propre chance et être à la bonne place au bon moment. Le fait de bouger, d'aller au-devant des gens, de rechercher les occasions de rencontres permet de forcer le hasard.
"Autrefois, c'était la responsabilité de l'employeur de garantir l'emploi à son personnel. Ce n'est plus le cas. C'est à vous, par la qualité de votre formation, par vos diverses compétences acquises, par votre désir de formation continue, par votre engagement, que revient la responsabilité de garantir votre emploi", a conclu l'éditeur.
Et malgré tous ces investissements, le futur diplômé devra encore être prêt à occuper 7 à 10 emplois différents au cours de sa carrière!
Daniel Baril