De bibliothécaire à cyberthécaire |
Pour son 60e anniversaire, l'EBSI s'offre un programme de doctorat. |
Gilles Deschatelets |
"Nous ne savions pas que les spécialistes en archivistique pouvaient nous aider dans nos conceptions de logiciels." C'est la réponse que reçoit souvent le directeur de l'École de bibliothéconomie et des sciences de l'information (EBSI), Gilles Deschatelets, lorsqu'il rencontre des représentants du vaste marché de l'information.
Les concepteurs de logiciels, de disques optiques, de cédéroms, de services électroniques ou de sites Web sont alors agréablement surpris de découvrir la richesse et la pertinence de la formation des diplômés en sciences de l'information.
"Nos diplômés ne sont pas que des bibliothécaires ou des archivistes, ils sont aussi des gestionnaires de l'information, précise Gilles Deschatelets. Cette gestion nécessite de connaître l'existence de l'information, de la recenser, de l'analyser, de l'indexer, de la structurer, de la stocker et de la diffuser." Ceci pour tout type d'information - que ce soit l'actualité ou les recherches scientifiques - sur tout type de supports allant du livre aux cédéroms en passant par les documents corporatifs et les actes de conférences.
"Plus un spécialiste des sciences de l'information intervient tôt dans la création d'un outil d'information, plus l'accessibilité au document en sera facilitée, poursuit le directeur. Ce gestionnaire peut prévoir les problèmes de repérage de l'information et contribuer efficacement à la production et à la structuration des documents."
Cette expertise prend toute sa valeur dans le domaine des productions multimédias et de sites Internet, qui se multiplient de façon exponentielle et qui sont déjà devenus incontournables. M. Deschatelets reconnaît que les sortants de son école ne sont pas les seuls spécialistes dans le domaine. "Mais l'avantage qu'ont nos diplômés sur les autres est de savoir comment organiser l'information pour la rendre accessible. Ils sont également à la fine pointe des connaissances - grâce à la veille technologique -, ce qui permet de placer l'entreprise en position de force face à ses concurrents."
Les profondes modifications qu'a connues la bibliothéconomie avec l'avènement de l'informatique n'ont pas pour autant sonné le glas du bibliothécaire. "Les bibliothèques pourront disparaître, mais pas les bibliothécaires, affirme Gilles Deschatelets. Le support de l'information change mais l'information consignée demeure."
L'élaboration des outils d'information électroniques a par ailleurs donné naissance à un joli néologisme pour désigner les gestionnaires de ces systèmes: les cyberthécaires.
Pour mieux répondre aux nouveaux besoins du milieu, l'École de bibliothéconomie et des sciences de l'information a procédé à la révision de son programme de maîtrise qui offrira, à compter de septembre 1998, quatre options: en plus de la formation de base en sciences de l'information, l'étudiant pourra choisir entre la bibliothéconomie, l'archivistique, la gestion de l'information électronique ou la gestion stratégique de l'information.
L'EBSI, qui célèbre son 60e anniversaire (elle est de fait l'héritière de l'École des bibliothécaires fondée en 1937 et intégrée à l'UdeM en 1961), s'est également enrichie cette année d'un doctorat en sciences de l'information.
Le doctorat vise à former des chercheurs intéressés par l'analyse des propriétés de l'information telles que sa création, sa conservation, sa modélisation ou sa diffusion. Cette formation avancée est au carrefour de plusieurs disciplines dont l'archivistique, la communication, l'informatique, la linguistique, la sémiotique, les sciences cognitives et la gestion.
Selon les données de l'École, le taux de placement des diplômés en sciences de l'information dépasse les 90%. Les employeurs sont les bibliothèques, les centres de documentation, les services d'information d'entreprises privées. Vingt-cinq pour cent des sortants travaillent à titre de consultants sur des contrats de recherche pour le compte de grandes entreprises publiques ou privées.
Mentionnons finalement que l'EBSI est le seul établissement francophone en Amérique du Nord à donner une formation de deuxième et troisième cycle dans le domaine qui lui est propre. L'École a remporté, en mai dernier, le prix de l'Association des archivistes du Québec pour la qualité de ses activités d'enseignement et de recherche.
Daniel Baril