P.-D.G.: étudiant |
Le Centre d'entrepreneurship HEC-POLY-UdeM est un incubateur d'entreprises en milieu universitaire. |
Le directeur Pierre Jadoul, la députée Monique Simard et le ministre Martin Cauchon. |
"La société actuelle veut que chacun soit en quelque sorte un entrepreneur", affirme Louis-Jacques Filion, titulaire de la Chaire d'entrepreneurship de l'École des Hautes Études Commerciales. C'est sur son initiative qu'un incubateur d'entreprises en milieu universitaire a été créé l'an dernier: le Centre d'entrepreneurship HEC-POLY-UdeM. Le Bureau fédéral de développement régional et le ministère provincial de la Métropole ont octroyé 600,000$ au total pour ses trois premières années d'activité.
"En Finlande, en Suède, chaque université a son centre d'entrepreneurship", a déclaré M. Filion à la présentation officielle du Centre, réunissant le ministre fédéral Martin Cauchon, la députée de Laprairie, Monique Simard, et une centaine d'invités.
Le directeur général du Centre, Pierre Jadoul, a également annoncé la création du concours "De l'idée au projet", qui vise à encadrer et à financer la création d'au moins 20 entreprises d'ici un an. "Cela répond à la volonté des étudiants, qui veulent des actions concrètes pour gagner la bataille de l'emploi", a-t-il dit.
Cet objectif n'est pas irréaliste compte tenu du dynamisme manifesté dans d'autres universités. À l'Université Laval, notamment, un centre d'entrepreneurship compte à son actif plus de 75 entreprises totalisant quelque 220 emplois après seulement trois ans d'existence. Le concours "De l'idée au projet" sera financé à parts égales par le budget du Centre d'entrepreneurship et par l'entreprise privée (250,000$ chacun).
"Ce ne sont pas les idées qui manquent en milieu universitaire, ce sont l'encadrement et le financement", estime Benoit Poirier. Venu témoigner de son expérience, l'étudiant au doctorat en informatique a lancé il y a moins d'un an et demi une entreprise de fabrication et de distribution d'un porte-documents en plastique, qui a fait fureur. En 16 mois, le "Dokubox" s'est vendu à 45,000 exemplaires. Des clients comme Bell Mobilité, Nortel et l'École Polytechnique en ont acheté des milliers...
"La solution de l'avenir, c'est l'entrepreneurship. C'est un peu notre liberté", a dit le jeune président-fondateur, dont l'entreprise a représenté la relève au sein de la mission asiatique d'Équipe-Canada en janvier dernier. Deux autres jeunes entrepreneurs ont aussi présenté leur success story: Serge Mboumtcho, coprésident de Immex qui fait dans les matériaux de construction et les maisons préfabriquées (notamment au Cameroun et au Sénégal), et Claude Coulombe, vice-président et fondateur de Machina Sapiens (voir l'encadré).
Pourtant, tous ne sont pas des entrepreneurs-nés. Alain Thériault, directeur général adjoint du Centre d'entrepreneurship, en sait quelque chose. Après avoir travaillé cinq ans au Service d'orientation et de consultation psychologique, ce spécialiste de l'orientation scolaire et professionnelle titulaire d'un M.B.A. a vu passer toutes sortes d'idées farfelues.
"Ce n'est pas donné à tout le monde d'être entrepreneur, dit-il. Mais tous peuvent avoir de bonnes idées. D'ailleurs, nous avons une certaine facilité à intéresser les étudiants de l'École Polytechnique et de l'École des HEC, mais ceux de l'Université de Montréal sont beaucoup plus difficiles à attirer."
Depuis un an, des ateliers sont organisés par le Centre afin de stimuler le sens des affaires des participants. Tous sont les bienvenus. "Nous organisons des soirées même pour les gens qui n'ont pas d'idées de projet mais qui pensent que l'entrepreneurship peut un jour les tenter. Nous n'abordons pas le plan d'affaires et les sujets trop pointus, mais les principaux points qu'il faut savoir quand on veut lancer une entreprise."
Pour la députée Monique Simard, les propos des jeunes entrepreneurs marquent un changement dans le discours de la dernière décennie. "Le ton change, a-t-elle indiqué. Il n'y a pas si longtemps, on parlait de fermeture d'entreprises, de morosité, de chômage. Là, on parle davantage d'occasions d'affaires, d'optimisme, de nouveaux marchés. C'est très stimulant."
Le secrétaire d'État responsable du Bureau fédéral de développement régional et député d'Outremont, Martin Cauchon, s'est également réjoui de la création de ce centre, qui offrira des "outils pour la nouvelle génération afin de se familiariser avec la création d'entreprises". La création d'emplois, a-t-il rappelé, est une priorité pour son gouvernement.
Mathieu-Robert Sauvé