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La formation documentaire en question

À l'heure d'Internet et des cédéroms, tout étudiant devrait-il maîtriser les nouveaux outils de communication et d'information à son arrivée à l'université? «Ces habiletés auraient dû être acquises ailleurs, au cégep par exemple, mais ça n'a pas été fait. Comme pour le français ou d'autres matières. Il appartient donc aux universités de régler ce problème.»

Ainsi répond Robert-Georges Paradis, adjoint à la vice-rectrice à l'enseignement, quand on lui demande si des cours sur la manipulation des nouveaux moyens de communication et d'information devraient être intégrés aux cours obligatoires. Pour lui, cet apprentissage mène l'étudiant vers une autonomie qui lui sera utile tout au long de sa carrière.

M. Paradis participait à une table ronde animée par Gilles Deschâtelets et Paulette Bernard, respectivement directeur et professeure à l'École de bibliothéconomie et des sciences de l'information (EBSI). Quatre conférenciers avaient été invités à cette rencontre dans le cadre du 26e Atelier sur la formation documentaire, qui s'est tenu à l'Université de Montréal du 14 au 16 mai dernier.

Serge Quérin, professeur à la Faculté de médecine, a rappelé que les étudiants de sa faculté conservent leur statut pendant près d'une décennie. Par conséquent, le spécialiste en documentation doit répondre à leurs besoins à différentes étapes. «La bibliothèque, c'est d'abord un endroit où ils déposent leurs livres et se réfugient pour étudier. Quand ils font leur résidence, ils consultent de plus en plus de sources jusqu'au jour où, pour leur spécialité, ils vont utiliser des ressources spécialisées comme Medline.»

Pour un trop grand nombre de médecins, la première source d'information est le représentant pharmaceutique, dénonce le Dr Quérin. Il importe donc de rendre les praticiens de demain autonomes dans leur recherche de documentation afin qu'ils utilisent des moyens efficaces. «On peut rêver du jour où tout médecin aura sur le coin de son bureau un ordinateur qu'il utilisera au besoin pour se documenter.»

En préparant sa conférence, Serge Quérin a eu l'idée de distribuer un questionnaire afin de sonder ses étudiants sur la question. Résultat: 27 sur 30 se souvenaient de la formation de deux heures qu'ils avaient reçue à leur arrivée à la Faculté ou connaissaient déjà les moyens d'information en question. Mais la moitié des répondants ne se considéraient pas comme «autonomes», preuve qu'il y a encore du chemin à parcourir.

Citant l'écrivain John Saul qui suggère, dans Les bâtards de Voltaire, de toujours préférer l'original à l'interprétation, la bibliothécaire Marilyn Fransiszen, de la Faculté des arts de l'Université McGill, a exhorté les participants à «aller aux sources» et à fréquenter, pour ce faire, les bibliothèques et centres de documentation.

En ce qui concerne la formation documentaire, la spécialiste qui compte 12 ans d'expérience estime qu'il serait vain de forcer les étudiants à suivre des cours auxquels ils ne sont pas tous intéressés. «Les étudiants doivent prendre la responsabilité de leur apprentissage. Nous devons aider ceux qui veulent apprendre à manipuler les outils de communication, mais sans obligation. De toute façon, un bon nombre d'universitaires n'ont jamais reçu de formation documentaire.»

Le directeur de la bibliothèque Paul-Émile-Bourget, de l'Université du Québec à Chicoutimi, est au contraire plutôt fier, lui, de la formation documentaire qu'il a réussi à intégrer aux cours obligatoires de premier cycle.

Dans un langage typiquement saguenayen (qualifié de «libéral» par une participante), Gilles Caron a affirmé que «la compétitivité d'une organisation dépend de sa capacité à absorber de l'information et à la transformer en rentabilité».

À son avis, il ne faut pas mettre l'accent sur la maîtrise des outils informatiques mais développer une «culture de l'information» qui soit utile aux diplômés. «L'ingénieur qui sort de chez nous et est engagé chez Alcan doit connaître son domaine, savoir si le matériel qu'il est appelé à utiliser est le plus performant, le plus moderne. Il doit connaître le domaine sur le bout des doigts.»

Cet atelier bilingue sur la formation documentaire a attiré 170 spécialistes principalement du Canada mais également des États-Unis et d'Europe. Plusieurs professeurs ou employés de l'Université de Montréal y ont participé à titre de conférenciers: Lucie Carmel, André Fleury, Luce Payette, Johanne Hopper, Michel Perreault, Diane Lanteigne et Manon Théorêt.

M.-R.S.

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