Le Conseil de l'Université a autorisé un budget
déficitaire pour l'exercice financier 1997-1998. Les revenus
estimés seront de 295,2 millions de dollars, soit 18 millions
de moins que pour l'exercice 1996-1997. Les dépenses prévues
s'élèvent quant à elles à 302 millions
de dollars, une réduction de 22 millions par rapport à
l'exercice précédent mais qui n'empêche pas
un déficit de l'ordre de 6,8 millions.
«Le Conseil a autorisé un nouveau budget déficitaire
à titre exceptionnel parce qu'il était impossible
de préparer un budget équilibré ayant des
perspectives fiables», a expliqué à l'Assemblée
universitaire le vice-recteur à l'administration, Patrick
Molinari. Même si la conjoncture demeure à ses yeux
inquiétante pour les trois prochaines années, le
vice-recteur s'est félicité du fait que 80 % de
l'effort de compression - atteignant 27 millions de dollars sur
trois ans - sera atteint au terme de l'exercice qui débute.
«Nous maîtrisons le cycle de décroissance»,
a-t-il indiqué.
Le déficit prévu de 6,8 millions portera la dette
de l'Université à74,2 millions de dollars. La nature
optimiste du vice-recteur Molinari ne chancelle pas pour autant;
il estime que cette dette pourra être ramenée à
presque rien (autour de 5 millions de dollars) au 31 mai 2005
si l'Université maintient d'ici là un niveau de
dépenses de l'ordre de 296 millions et bénéficie
d'une croissance de revenus de l'ordre de 2 % par année
à compter de l'exercice 1999-2000. Précisons que
ce déficit accumulé inclut les dépenses non
récurrentes de 38,3 millions investis dans les programmes
de départs volontaires qui s'autofinancent par les économies
sur la rémunération.
La bonne nouvelle du budget est le maintien du financement des
activités de recherche et d'enseignement à un taux
comparable à ce qu'il était lors des deux budgets
précédents; le financement de ces activités
est maintenant de 195,4 millions de dollars, ce qui représente
près de 70 % du budget total. Même chose pour les
services liés à l'enseignement, comme la DITER et
les bibliothèques, qui bénéficient d'un budget
de près de 32 millions, soit 11 % du total. Le montant
des bourses est aussi maintenu à près de 6 millions.
«On peut se réjouir que l'Université réussisse
à maintenir constants ses investissements en enseignement
et en recherche grâce à des placements qui proviennent
d'autres secteurs, écrit le Comité du budget de
l'Assemblée universitaire dans son analyse. On se réjouira
tout particulièrement que l'Université ait décidé
de continuer à investir dans les collections des bibliothèques.»
Les dépenses d'administration se chiffrent pour leur part
à 7 % du budget total (soit 19,8 millions), ce qui est
considéré comme une «très bonne performance».
Le Comité s'inquiète par contre de la baisse de
la part du budget attribuée à la gestion des immeubles.
Avec une diminution de 2,6 millions de dollars, on craint pour
la qualité du patrimoine immobilier de l'Université.
La situation financière de la FAS inquiète également
le Comité du budget. Pour l'exercice 1996-1997, la Faculté
affiche un excédent de dépenses sur les revenus
de 2,7 millions et l'écart pourrait atteindre 4,3 millions
pour l'exercice actuel, ce qui gonflerait d'autant le déficit.
«Dans le contexte où les autres unités ont
réussi à atteindre une très bonne part des
objectifs de redressement qui leur étaient impartis, la
situation de la FAS est inquiétante», écrit
le Comité. L'énoncé budgétaire laisse
entendre que des corrections éventuelles pourraient être
apportées à la dotation de la FAS en cours d'année
budgétaire si l'analyse en démontrait la nécessité.
Pour le Comité, toute dotation supplémentaire devrait
être «rigoureusement justifiée».
En guise de consolation, le Comité a offert aux membres
de l'Assemblée quelques comparaisons avec la situation
vécue ailleurs. Pour la période allant de 1992 à
1997, la diminution du financement public des universités
est de l'ordre de 13 % au Québec, de 15 % en Alberta et
de 23 % en Ontario.
Caisse de retraite
La présentation du budget a donné lieu à
un débat sur le surplus de la caisse de retraite de l'Université.
Le surplus prélevé pourrait atteindre 160 millions
de dollars alors que la loi sur l'impôt fixe, pour l'U de
M, le surplus admissible à 60 millions; il y a donc 100
millions de dollars dont le Comité de retraite devra disposer
avant le 30 juin 1998.
Selon le professeur André Tremblay, l'Université
considère que 60 % de ce qui excède le surplus permis
lui appartient. Il a donc cherché à savoir si l'Université
envisageait un «congé de cotisation» au Régime
de retraite comme moyen de réduire ses dépenses.
Si le vice-recteur aux ressources humaines Michel Trahan a reconnu
que le Comité de retraite examine comment disposer de ce
surplus, son collègue Molinari a fait valoir qu'il ne s'agissait
pas là d'une solution envisagée pour réduire
le déficit. «Toute mesure budgétaire structurante
doit avoir une valeur récurrente. Le Comité du budget
du Conseil de l'U de M ne spécule pas sur une telle source,
pas plus que sur des gains au casino», a-t-il déclaré.
S'il y avait congé de cotisation, cela vaudrait autant
pour les employés que pour l'Université.
Daniel Baril