[page U de M][Accueil Forum][En bref][Calendrier][Vient de paraitre][Etudiants][Opinions]


Le recteur doit-il être élu?

Pas cette fois-ci du moins, mais ce n'est peut-être que partie remise.

Il y a des failles dans la procédure de nomination du recteur et il faut prendre le virage démocratique. Ce virage incontournable se fera par consensus ou par appropriation.»

Cette menace de «sédition démocratique» était faite à l'Assemblée universitaire par André Tremblay, président du syndicat des professeurs. À son avis, il faut revoir la procédure actuelle de nomination pour y incorporer les éléments d'une procédure électorale. S'il est trop tard pour amender en ce sens les statuts et la charte de l'Université pour la désignation du prochain recteur, André Tremblay souhaite à tout le moins que le comité de consultation constitué en vue de cette nomination puisse minimalement organiser des séances publiques afin que les candidats fassent connaître leur programme à l'ensemble de la communauté universitaire.

Même si la proposition non officielle présentée par M. Tremblay ne visait pas à instaurer dès maintenant un processus électoral, les membres de l'Assemblée n'ont pu éviter d'aborder le fond de cette question. Le doyen de la FEP, Jacques Boucher, lui-même ex-candidat au rectorat, a déploré que l'administration Lacoste ait laissé un héritage statutaire imprégné d'un «parti pris contre toute forme d'élection». Le doyen s'est toutefois questionné à haute voix sur certains problèmes liés au processus électoral, comme la proportion des voix à accorder à chaque constituante de la communauté universitaire.

Le professeur Marius d'Amboise craint pour sa part qu'un processus électoral n'éloigne des candidats valables provenant de l'extérieur de l'Université et qui ne seraient pas prêts à se livrer à ce périlleux exercice.

Le recteur actuel, René Simard, a rappelé que l'Assemblée universitaire joue un rôle prédominant dans la nomination du recteur et qu'il ne lui paraissait pas sage de transformer le processus en procédure électorale. Il a souligné que, de toutes les universités canadiennes, seules Laval, Sherbrooke et l'UQAM procédaient à l'élection de leur recteur (voir l'article ci-contre).

La majorité des intervenants ont par ailleurs reconnu la nécessité que les candidats rendent compte de façon plus directe de leur programme à l'ensemble de la communauté. Rappelant qu'il s'agissait là de l'objectif à atteindre au cours de l'actuelle campagne, André Tremblay a affirmé que, si le comité de consultation n'organisait pas de séances d'information ou de débats publics, les organisations syndicales allaient le faire.

La professeure Denise Angers a donc proposé de façon formelle que le comité de consultation examine les possibilités d'élargir la procédure, «notamment de façon à permettre aux candidats de faire connaître à la communauté universitaire leur vision de l'université et des enjeux auxquels elle est confrontée, ainsi que leur programme pour la durée de leur mandat».

Le comité, selon une seconde proposition présentée par André Tremblay, devra poursuivre ses réflexions après la nomination du prochain recteur en vue d'envisager une procédure électorale.

Daniel Baril


Procédés de désignation des recteurs ici et ailleurs

Selon les statuts de l'Université de Montréal, le recteur est nommé par le Conseil de l'Université, qui doit auparavant recevoir l'avis d'un comité de consultation. Ce comité est composé de huit membres désignés par l'Assemblée universitaire.

Ce sont les membres de l'Assemblée qui proposent au comité les candidats au poste de recteur. Le comité, qui peut également ajouter d'autres noms, dresse la liste des candidatures qu'il soumet à l'Assemblée. Chaque membre de l'Assemblée indique sur un bulletin de vote l'ordre préférentiel qu'il accorde à chaque candidat. Le comité reçoit également les avis d'autres personnes ou groupes de la communauté qui désirent se faire entendre.

Après ces consultations, le comité présente ses recommandations au Conseil accompagnées d'un rapport de ses délibérations. Il revient au Conseil de trancher et de procéder à la nomination.

Au moins deux universités québécoises ont une procédure électorale, l'Université Laval et l'Université de Sherbrooke. À Laval, un collège électoral composé des membres du conseil d'administration, du Conseil universitaire et de la Commission des études est formé. Le président d'élection, désigné par le collège électoral, reçoit les candidatures qui doivent être appuyées par 25 membres de la communauté universitaire ou des diplômés.

S'il y a plus de cinq candidatures, le collège électoral tient une première élection pour désigner les cinq candidats de la liste définitive. Les candidats doivent rencontrer le collège, qui procède ultérieurement à l'élection du recteur. Pour être élu, le candidat doit obtenir plus de la moitié des voix.

L'Université de Sherbrooke procède de façon semblable. Un comité est formé afin de recevoir les candidatures, qui seront soumises à un collège électoral composé de 70 personnes, dont 27 professeurs, 14 étudiants et 8 personnes du milieu socio-économique. Le collège procède à un premier vote indicatif en attribuant une note à chaque candidat.

Ceux qui demeurent en lice doivent rencontrer le collège électoral pour présenter leur programme. Le candidat qui obtient par la suite au moins 50 % des voix est nommé recteur par le chancelier.

À l'Université du Québec à Montréal, la procédure se rapproche de celle de l'U de M avec la différence que les groupes de la communauté sont obligatoirement consultés et ont plus de poids dans le processus. Par ailleurs, la décision finale revient au gouvernement.

Ainsi, un comité de sélection reçoit les candidatures qui peuvent provenir de toutes les catégories d'employés de l'université. Le comité doit consulter les professeurs, les cadres et les membres du Conseil, qui attribuent un rang à chaque candidat. Il doit également prendre l'avis des syndicats, des associations professionnelles, des associations étudiantes et des associations de diplômés.

À la suite de ces consultations, le comité retient un candidat qu'il recommande au Conseil et qui, lui, le recommande au gouvernement.

D.B.


[page U de M][Accueil Forum][En bref][Calendrier][Vient de paraitre][Etudiants][Opinions]