Nous prenons nous-mêmes
la pilule avant de la prescrire à d'autres.» Cette
phrase, qui résume en partie la philosophie de gestion
de la nouvelle direction des ressources humaines, reviendra souvent
au cours de l'entrevue qu'accordaient à Forum le directeur
Jacques Gravel et le directeur adjoint Serge Langlois sur la restructuration
de ce secteur névralgique de l'Université.
Précisons d'abord que la nouvelle structure (voir l'encadré
en page 4) est la première d'une série de huit directions
que comptera l'Université lorsque l'opération de
restructuration des services sera terminée.
Néanmoins, aux ressources humaines, il y a déjà
18 mois que la transformation est amorcée. On s'en souvient,
en octobre 1995, le vice-recteur Michel Trahan, récemment
nommé, redéployait les deux anciens services du
personnel et une partie du Service d'aide à l'enseignement
en Service des relations professionnelles et en Service de planification
des ressources humaines et de soutien organisationnel. À
la tête de ce dernier, on nommait Jacques Gravel, alors
aux finances, qui, surtout, venait de déposer le rapport
du Groupe de travail sur les dépenses d'infrastructures
administratives, mieux connu sous le nom de comité Gravel.
En mai 1996 était créée la Direction des
ressources humaines, qui allait regrouper, en plus de ces deux
unités récemment constituées, les services
des Avantages sociaux et de Santé et sécurité
au travail. Et l'on donnait un an à Jacques Gravel pour
opérer la fusion. Mission accomplie: toutes les unités
qui relevaient du vice-rectorat aux ressources humaines n'en font
maintenant qu'une seule.
Une étape nécessaire
À ceux qui trouvent que cela fait beaucoup de chambardements
d'organigrammes en peu de temps, M. Gravel répond que l'étape
intermédiaire était nécessaire pour amorcer
l'intégration des deux services du personnel, un pour les
professeurs, l'autre pour les employés, surtout au moment
où le contexte budgétaire dictait l'élimination
des chevauchements.
«Nous avions deux services qui s'étaient développés
en parallèle, qui ne se parlaient même pas, qui visaient
des objectifs différents», observe Jacques Gravel.
En revanche, l'intégration était déjà
acquise en matière d'avantages sociaux et de santé
et sécurité au travail.
«Nous étions conscients depuis longtemps que l'existence
des deux systèmes rendait souvent les choses inutilement
complexes et créait beaucoup de dédoublements»,
renchérit Serge Langlois.
Les départs à la retraite de nombreux cadres et
directeurs de service ont aussi créé l'occasion
de remodeler le secteur. L'opération était d'ailleurs
nécessaire parce qu'en même temps que l'effectif
diminuait les ressources humaines voyaient leur mandat s'élargir,
entre autres par la nécessité de gérer les
programmes de départs volontaires pour l'ensemble de l'Université.
«Il fallait donc nous réorganiser pour être
encore plus efficaces, apprendre à gérer le risque
et éviter les dédoublements, ce qui est beaucoup
plus facile dans une structure unifiée», précise
le directeur.
Tous sont consultés
Comment a-t-on procédé pour réaliser cette
fusion? C'est là justement que les ressources humaines
se sont administré le traitement qu'elles proposent aux
autres lorsqu'elles sont appelées à faire du soutien
organisationnel.
Un comité d'implantation, composé de MM. Gravel
et Langlois ainsi que du conseiller spécial Jean-Paul Déom,
a été mis sur pied. Un questionnaire, anonyme, a
été envoyé à tous les employés
afin de recueillir leurs commentaires.
«Nous voulions savoir comment ils concevaient leurs tâches,
explique Jacques Gravel, s'il y avait, selon eux, des choses qui
n'étaient pas faites et devaient l'être, où
encore qui devaient être faites différemment et même
s'il y avait des tâches qu'ils avaient le sentiment d'accomplir
inutilement. Nous voulions voir où étaient les irritants,
s'il y avait des tâches qui n'apportaient pas de valeur
ajoutée.»
La réponse des employés fut excellente. «Nous
avons eu près de 100 % de participation», constate
avec satisfaction Serge Langlois. Un questionnaire envoyé
aux directeurs de département et de service ainsi qu'aux
doyens, pour connaître leurs attentes et leurs besoins,
a cependant eu moins de succès, déplorent les deux
gestionnaires. Toutefois, la réponse fut également
très bonne du côté des syndicats, qui eux
aussi ont été consultés.
À la lumière de tous ces renseignements, un organigramme
a été élaboré et présenté
à tous les employés pour obtenir leurs commentaires,
puis remanié encore pour tenir compte de leurs suggestions.
Enfin, on a réuni tous les employés sans exception
pour leur présenter l'organigramme.
«On leur a dit que toutes les cases étaient vides
et ne demandaient qu'à trouver preneurs, sauf deux, celles
du directeur et du directeur adjoint», observe en riant
Jacques Gravel. Bref, d'ici le début du mois de juin, toutes
les cases devraient être remplies sans qu'aucun employé
ne soit mis en disponibilité. Quant aux quatre directeurs
de division et aux deux adjointes, ils sont déjà
en poste depuis quelques semaines (voir l'organigramme ci-contre).
N'a-t-on pas raté une bonne occasion de faire l'économie
de certains postes de cadres? «Il ne faut pas être
naïfs, nous avons quand même des conventions collectives
à négocier», rétorque Jacques Gravel.
Il ajoute que la plupart des personnes nommées occupaient
de toute façon des postes de cadres qui, eux, ont été
abolis et que le taux d'encadrement du secteur des ressources
humaines a quand même diminué de plus de 50 %, passant
de 18 à 7 cadres. Quant à l'effectif total, il est
passé de 86 à 61, soit une diminution de 30 %.
Certification ISO
Jacques Gravel s'est
donné comme défi personnel d'aller chercher une
certification ISO pour son unité, sans toutefois se faire
trop d'illusions vu le peu d'organismes de service qui l'obtiennent.
D'ailleurs, aucune université nord-américaine n'a,
à l'heure actuelle, la certification ISO.
«La bannière, nous ne sommes pas sûrs de l'avoir,
mais la démarche en vue de la certification va nous forcer
à réfléchir en profondeur sur nos façons
de faire», remarque-t-il. Lors de l'audit, tous les processus
sont vérifiés dans leurs moindres détails.
«Nous sommes convaincus que nous faisons encore beaucoup
de choses inutiles, qu'il existe trop de formulaires, qu'il y
a encore des tâches qui n'apportent pas de valeur ajoutée,
poursuit le directeur. On a décentralisé les activités
mais sans jamais responsabiliser, ce qui fait, pour ne donner
qu'un exemple, que les congés sabbatiques sont autorisés
à cinq ou six niveaux différents. On a ajouté
de nouveaux contrôles, sans retrancher les anciens. La démarche
nous servira de guide que nous pourrons ensuite proposer aux unités,
toujours selon le bon vieux principe qui veut qu'on prenne la
pilule avant de l'offrir aux autres.»
Autre nouveauté, la Direction des ressources humaines,
qui a reçu le mandat de la formation générale
aux nouvelles technologies pour les employés et les professeurs,
explore avec l'Université du Québec à Montréal
la possibilité d'offrir conjointement certaines formations.
Mais pour l'instant, la priorité des ressources humaines
est de traverser la deuxième phase de la fusion, soit la
constitution des équipes de travail à l'intérieur
de chacune des divisions, en clair de remplir les cases de l'organigramme
qui a été élaboré en collaboration
avec les employés. On s'attend à ce que l'opération
soit terminée début juin.
Françoise Lachance
Les ressources humaines avaient aussi reçu comme mandat
de proposer un nouveau modèle de structure pouvant être
appliqué à l'ensemble des unités administratives
de l'Université. Il devait également respecter les
recommandations de la Table thématique sur les services,
qui proposait un aplanissement de la structure administrative
de l'Université et le regroupement de certaines unités
en directions (bibliothèques, finances, immeubles, infrastructures
technologiques à l'enseignement et à la recherche,
recherche, registraire, ressources humaines, services aux étudiants).
La nouvelle structure comprendra donc trois paliers de direction.
Au premier, les directions et les services qui pourront, lorsqu'il
sera jugé nécessaire, se subdiviser en divisions
ou en bureaux, ces derniers ayant une fonction de conseil (staff)
par rapport aux premières, qui sont des structures de gestion
faisant partie intégrante de la ligne d'autorité
(line). Enfin, les divisions et les bureaux pourront à
leur tour se subdiviser en sections.
La Direction des ressources humaines comprend quatre divisions ayant chacune un directeur à leur tête.
Directeur: Gérald Lamoureux.
Directrice: Agathe Larivée.
Directeur: Luc Gagnon.
Directeur: Michel Goulet.
La Direction des ressources humaines compte également deux
bureaux qui ont une fonction de conseil.
Responsable: Martine Lavallée, adjointe au directeur.
Responsable: Francine Roy, adjointe au directeur.