Le CERCA veut élargir l'accessibilité aux
ordinateurs massivement parallèles.
Nous voulons tellement
savoir avec précision le temps qu'il fera à l'endroit
précis où nous serons demain à 13 heures
que nous attendons souvent l'impossible des météorologues.
Andrei Malevsky, professeur au Département de physique,
au Département d'informatique et de recherche opérationnelle
et membre du Centre de recherche en calcul appliqué (CERCA),
est de ceux qui voudraient bien faciliter la tâche souvent
ingrate des météorologues.
Spécialiste des problèmes hydrodynamiques, le professeur
Malevsky travaille plus particulièrement à réécrire
les modèles informatiques comme ceux utilisés pour
les prévisions d'Environnement Canada afin de les adapter
à l'environnement des «processeurs massivement parallèles»
(PMP).
«Actuellement, explique le chercheur, la résolution
de la grille numérique utilisée pour les observations
météorologiques d'Environnement Canada est de 50
kilomètres carrés. Pour améliorer la précision
des prévisions, il faut augmenter cette résolution.
Le recours à des ordinateurs à processeurs parallèles
permettrait d'augmenter cette résolution. Mais pour cela,
il faut changer les algorithmes des programmes.»
L'environnement parallèle dont il est question désigne
des superordinateurs possédant plusieurs processeurs qui
peuvent travailler simultanément sur des opérations
distinctes et reliées entre elles. «C'est un peu
comme si on demandait à 10 personnes de faire en une journée
une tâche qui aurait nécessité 10 jours de
travail à une seule personne», donne comme exemple
le professeur.
À plus de 30 processeurs, la mémoire ne peut plus
être sectionnée et chaque processeur possède
sa propre mémoire. «Ceci permet d'augmenter la vitesse
d'accès à la mémoire et de traiter des problèmes
plus étendus. Par contre, les algorithmes à utiliser
sont beaucoup plus complexes, ce qui fait que la programmation
est plus difficile à réaliser.»
Le célèbre ordinateur Deep Blue (qui n'a pas réussi
à vaincre Kasparov aux échecs!) est un ordinateur
de ce type. Les PMP seraient par ailleurs d'un grand secours dans
toutes les opérations nécessitant des calculs de
haute performance comme dans tout ce qui touche à la dynamique
des fluides, l'écoulement des gaz, la circulation automobile,
la modélisation moléculaire, etc. Les spécialistes
de l'informatique avaient même entrevu, avec l'arrivée
de ces superordinateurs, une véritable révolution
dans les capacités d'analyse et les méthodes de
travail recourant aux ordinateurs.
Par contre, la complexité des logiciels nécessaires
à leur fonctionnement en a freiné l'implantation.
Pour combler cette lacune, le CERCA tient cette semaine un atelier
international de deux jours organisé par Andrei Malevsky
et portant sur la conception de logiciels et d'algorithmes pour
les PMP. Des conférenciers des États-Unis, de France,
d'Allemagne, de Norvège et du Canada y mettent leur savoir
en commun afin d'élargir l'accessibilité à
ces superordinateurs.
Cet atelier s'inscrit dans l'objectif général du
CERCA, qui est d'intensifier, dans le domaine du calcul appliqué,
le transfert technologique des universités vers l'industrie.
Créé en 1992, ce centre de recherche regroupe une
cinquantaine de chercheurs, de stagiaires et d'étudiants
provenant des diverses universités québécoises
auxquels se joignent une douzaine de partenaires industriels.
En permettant d'améliorer les prévisions du temps,
les travaux d'Andrei Malevsky devraient nous amener à moins
tempêter contre les météorologues. Environnement
Canada devrait en effet posséder, d'ici deux ou trois ans,
un super PMP possédant une centaine de processeurs. Et
si les prévisions n'étaient pas plus justes, faudrait-il
en tenir rigueur à Andrei Malevsky? «C'est une responsabilité
que je partagerais avec plusieurs autres», répond-il
en riant.
Daniel Baril