En décembre dernier, l'Assemblée universitaire
amorçait l'étude du rapport du groupe de travail
chargé de préparer un état de la question
sur la place du français à l'Université de
Montréal.
Sans faire d'analyse diagnostique de la qualité du français
à l'Université, ce rapport faisait plutôt
un survol des politiques gouvernementales et des règlements
institutionnels encadrant l'usage du français. Plusieurs
membres de l'Assemblée avaient alors déploré
l'absence de pistes d'action tout en soutenant qu'il y avait lieu
de pousser l'analyse plus loin.
Lundi dernier, Michel Ducharme, des Services informatiques, revenait
à la charge dans ce dossier en proposant la création
d'un comité visant à assurer la promotion et la
qualité du français à l'U de M. Ce comité
verrait entre autres à poursuivre l'analyse sur la situation
du français et à proposer une politique visant la
promotion de la langue française.
La planète ayant fait plusieurs rotations depuis décembre,
on se serait cru, lundi dernier, au sein d'une tout autre assemblée;
il s'en est fallu de peu pour que le projet de M. Ducharme ne
soit tout simplement déposé.
Le débat a surtout porté sur le libellé de
la proposition, mais le fond du problème serait plutôt
que plusieurs semblent craindre qu'un nouveau comité ne
vienne jouer dans leurs plates-bandes à la manière
d'une police de la langue. Le professeur Marius D'Amboise, du
Département de chimie, a vu dans cette proposition un dérapage
dû au fait que «l'on se crée des problèmes»
là où il n'y en a pas. L'expression «université
francophone» pour désigner l'Université de
Montréal lui paraît même inappropriée:
«Une université n'a pas à se qualifier de
francophone, d'anglophone ou d'hispanique», a-t-il soutenu,
un tel qualificatif n'appartenant qu'au milieu qu'elle dessert.
Mme Arlette Joffe, directrice du Service des bibliothèques,
en avait pour sa part contre l'expression «promotion du
français», qu'elle juge choquante à l'endroit
des anglophones. «On fait la promotion de quelque chose
que l'on n'a pas, a-t-elle souligné. Nous sommes dans un
établissement de langue française, on n'a donc pas
à faire la promotion du français.»
L'expression est pourtant tirée du rapport du groupe de
travail lui-même dont la conclusion invite la communauté
universitaire à «une extrême vigilance en matière
de promotion du français comme langue scientifique».
Une conclusion que personne n'avait remise en question. Le débat
doit se poursuivre en avril.
Chancelier rappelé à l'ordre
Dans son rapport mensuel, le recteur René Simard a fait
le point sur les suites du vote de blâme adressé
par l'Assemblée au chancelier André Bisson. La résolution
adoptée par le Conseil souligne que celui-ci n'est pas
partie prenante de l'initiative de M. Bisson et de ses collègues
des autres universités; mandate le recteur pour communiquer
l'inconfort des membres du Conseil devant cette initiative; informe
le chancelier que toute intervention auprès du premier
ministre doit refléter les positions adoptées par
les constituantes de l'Université.
À la suite de cette résolution, Michel Ducharme
s'est interrogé sur la pertinence de la présence
du chancelier à cette rencontre avec le premier ministre
Bouchard, qui aurait lieu en avril. «Le chancelier devrait
s'abstenir d'y participer puisque la rencontre portera sur le
contenu de la lettre», qui n'est pas conforme aux positions
de l'Université, a-t-il souligné.
M. Simard a par contre fait valoir qu'il est important d'être
présent à cette rencontre puisque beaucoup de points
seront abordés. «Peut-être le chancelier choisira-t-il
de se taire sur certaines questions», a dit le recteur.
Par ailleurs, l'Assemblée a procédé à
la nomination des quatre observateurs qui s'ajouteront au Comité
de la planification afin d'effectuer le travail de réflexion
devant conduire à la transformation de l'Université.
Ce sont Denis Sylvain et Marc Vachon, tous deux étudiants,
Pierre Jalbert, chargé de cours, et Lucie Asselin, adjointe
à la directrice des Services aux étudiants.
Le Comité de nomination avait proposé, pour occuper
l'unique poste du représentant des trois catégories
de personnel non enseignant, Michel Ducharme. Lorsque l'Assemblée
a choisi de faire passer de un à deux le nombre d'étudiants
à ce comité, personne n'a songé à
doubler le nombre de représentants non enseignants, si
bien que la présence d'un cadre a dû se faire au
détriment de celle d'un employé de bureau.
Daniel Baril