Quand j'écoute
Wagner, j'ai envie d'envahir la Pologne», dit Woody Allen.
Avec l'année 1997, marquant le bicentenaire de la naissance
de Franz Schubert et le centenaire de la mort de Johannes Brahms,
le romantisme germanique n'aura jamais été si présent
sur nos scènes. Mais avec ces compositeurs, on a plus envie
de mourir d'amour que de soumettre des peuples à notre
botte.
Pour les deux premiers grands concerts gratuits de l'année,
Jean-François Rivest, directeur artistique et chef de l'Orchestre
de l'Université de Montréal (OUM), a tenu à
offrir des oeuvres de Schubert et de Brahms avec, entre l'Autrichien
et l'Allemand, un Finlandais aussi remarquable que rarement joué:
Jean Sibelius.
Le soliste Jean Saulnier, qui termine un doctorat à la
Faculté de musique (où il enseigne aussi le piano),
a brillamment interprété, de mémoire, le
Concerto pour piano n° 1 de Brahms. Comme le note Stéphanie
Moreau dans les intéressantes notes du programme qu'elle
a rédigées, cette oeuvre a connu une élaboration
longue et tourmentée. Sa composition s'est étirée
sur cinq années au cours desquelles Brahms aura vu la tentative
de suicide de son ami Robert Schumann et la naissance de sentiments
amoureux envers Clara Schumann, son épouse.
En dépit des cuivres chancelants dans ce concerto et de
quelques accords laborieux dans la Septième Symphonie de
Sibelius, le concert du 22 février à la salle Claude-Champagne
a été une réussite. Le millier de personnes
présentes n'ont pas été avares de bravos.
Les deux critiques musicaux des quotidiens francophones montréalais
étaient présents. Claude Gingras le Terrible a apprécié
ce qu'il a entendu, qualifiant d'héroïque le programme
proposé, «très dense et très difficile,
digne des formations les plus aguerries». Il y a bien eu
quelques fausses notes, mais «l'essentiel était là»,
pour reprendre son expression.
François Tousignant, du Devoir, a été nettement
plus acariâtre dans son texte intitulé «Pédagogie
sans guère de musique». Comparant sans cesse l'OUM
avec l'orchestre de sa «voisine et rivale McGill»,
il a littéralement descendu les musiciens dans le concerto
de Brahms. «Ils jouaient faux, rataient des attaques et
manquaient totalement de nuances.»
Les deux critiques s'entendaient sur un seul point: la mauvaise
qualité du piano.
Quoi qu'il en soit, les mélomanes, amateurs ou avertis,
sont invités à juger de leurs propres oreilles le
prochain grand concert, qui aura lieu le 19 avril. L'OUM s'attaquera
à trois nouvelles oeuvres du trio Schubert-Sibelius-Brahms,
soit respectivement l'Ouverture de Rosamund, le concerto pour
violon opus 47 et la symphonie n° 1. Soliste: Vladimir Landsman.
À ne pas manquer.
Mathieu-Robert Sauvé