L'Université de Montréal vient de s'enrichir
d'un centre d'études allemandes en recevant, avec l'Université
York, l'accréditation du Service allemand d'échanges
académiques (DAAD), qui désirait établir
un tel centre au Canada.
Le DAAD est un regroupement d'établissements postsecondaires
allemands dont la mission est d'encourager les échanges
universitaires à l'échelle internationale grâce
à des bourses et à des subventions de recherche
ainsi que de promouvoir l'organisation de conférences et
le développement de programmes d'études sur l'Allemagne.
Le choix du projet commun U de M-York assurera à ces deux
universités une subvention de quatre millions de dollars
versée par le DAAD sur une période de 10 ans. L'Université
de Montréal devrait ainsi pouvoir offrir un certificat
de deuxième cycle en études allemandes et européennes
dès septembre prochain.
Formation multidisciplinaire
De l'avis des responsables du DAAD, l'après-guerre froide
et les événements qui ont suivi en Europe depuis
1989, de même que le contexte de la globalisation de l'économie
et de la culture, nécessitent de nouvelles modalités
d'observation et d'analyse de la réalité allemande.
De concert avec les trois centres américains situés
aux universités Harvard, Berkeley et Georgetown, le Centre
canadien d'études allemandes offrira donc une formation
contemporaine sur l'Allemagne, particulièrement dans le
contexte de l'intégration européenne. Il poursuivra
une double mission d'enseignement et de recherche faisant intervenir
des spécialistes de multiples disciplines: littérature
et langue allemandes, sciences politiques, sociologie, histoire,
philosophie, art, musique, économie, géographie,
droit, études féministes, juives et environnementales.
Plus spécifiquement, le Centre mettra à contribution
l'expertise déjà acquise à l'Université
de Montréal, par le Centre d'études ethniques de
l'U de M (CEETUM) et la chaire Jean-Monet notamment, en matière
d'immigration et de réfugiés, de politiques propres
aux États fédéraux ainsi qu'en études
ethniques, internationales, stratégiques, constitutionnelles
et culturelles.
Expertise et concertation
Selon le communiqué publié par le directeur du DAAD
de New York, Rolf Hoffmann, cette expertise a milité en
faveur de l'U de M dans la course pour l'obtention du centre canadien
(l'Université de Colombie Britannique et celle de Toronto
étaient également en lice).
«Le projet commun de l'Université de Montréal
et de l'Université York nous a convaincu de la capacité
de ces deux partenaires d'atteindre notre objectif, qui est l'étude
interdisciplinaire des problématiques de l'Allemagne et
de l'Europe, a déclaré M. Hoffmann. Ces deux établissements
offrent un contexte d'études stimulant, de hauts standards
d'enseignement et de recherche, un environnement bilingue, un
réseau bien développé au Canada et jusqu'en
Europe.»
On compte d'ailleurs sur le Centre canadien pour jouer un rôle
d'intermédiaire entre les centres américains et
le Centre d'études allemandes du Royaume-Uni, situé
à l'Université de Birmingham. «Notre sensibilité
particulière à l'Europe permettra de servir de lien
entre les centres et d'apporter un éclairage particulier
sur la définition des programmes et les échanges
de spécialistes», a expliqué la doyenne de
la Faculté des arts et des sciences (FAS), Mireille Mathieu.
La section U de M du Centre relève de son autorité
et la FAS hébergera la direction du Centre pendant les
trois premières années d'opération.
L'élément de collaboration entre l'Université
York et l'U de M, de préférence à la compétition,
a également joué en faveur du consortium puisque
le DAAD s'est montré sensible au contexte de compressions
budgétaires. De plus, le Centre canadien bénéficiera
ainsi de l'expertise de l'Université McGill puisque le
programme d'études allemandes déjà établi
à l'U de M est offert en collaboration avec McGill.
Daniel Baril