L'Université de
Montréal sera l'hôte de l'un des cinq centres d'excellence
pour la santé des femmes (CESAF) que vient de créer
Santé Canada afin de mieux connaître l'état
de santé des Canadiennes et de mieux cibler ses interventions.
Ce réseau, dont les autres composantes se trouvent à
Halifax, Toronto, Winnipeg et Vancouver, veut combler les lacunes
mises en lumière par le Conseil de recherches médicales
du Canada en 1994 concernant la recherche dans le domaine de la
santé des femmes.
Chaque centre disposera d'un budget de deux millions de dollars
répartis sur une période maximale de six ans. L'objectif
général de ce programme de Santé Canada est
de déterminer l'état de santé des femmes,
de cerner les principaux problèmes devant faire l'objet
de recherches et de fournir des analyses et des conseils aux gouvernements
et organismes de santé.
Femmes immigrantes et autochtones
Chaque centre aura en outre une mission particulière. Le
CESAF-U de M se penchera plus spécifiquement sur les déterminants
psychologiques, sociaux, culturels et environnementaux liés
à la santé des femmes immigrantes, autochtones et
aidantes naturelles. Les aidantes naturelles sont les personnes
autres que les professionnels qui prennent en charge un parent,
un conjoint ou toute autre personne ayant besoin de soins.
Le CESAF évaluera également les interventions auprès
des populations visées dans une perspective d'empowerment,
c'est-à-dire centrée sur les solutions plutôt
que sur la seule description des problèmes. Les responsables
misent en outre sur une approche écosystémique qui
tiendra compte de l'environnement culturel et économique
de ces mêmes populations.
Le CESAF-U de M est un consortium composé de trois facultés
(Sciences infirmières, Médecine, Arts et sciences)
et de sept organismes communautaires ou parapublics: le Regroupement
des centres de santé des femmes du Québec, les Femmes
autochtones du Québec, l'Alliance des communautés
ethnoculturelles pour l'égalité dans la santé
et les services sociaux, le Regroupement des aidantes et aidants
naturels de Montréal, la Fédération des CLSC
du Québec, la Direction de la santé publique de
la Régie régionale de Montréal-Centre et
le Centre de recherche interdisciplinaire sur la violence familiale
et la violence faite aux femmes.
Il sera dirigé à la fois par Danielle Routhier,
directrice du Regroupement des centres de santé des femmes
du Québec, qui agira comme codirectrice communautaire,
et par Bilkis Vissandjée, professeure à la Faculté
des sciences infirmières, qui agira comme codirectrice
universitaire.
C'est d'ailleurs dans ce contexte que Mme Vissandjée étudiera
la problématique de l'excision chez les femmes immigrantes,
recherche dont Forum faisait état le 13 janvier dernier.
L'inauguration officielle du CESAF-U de M a eu lieu le 22 janvier
en présence du ministre fédéral de la Santé,
David Dingwall. Le ministre a rappelé que les femmes forment
la majorité de la population au Canada et que le CESAF
jouera un rôle essentiel dans l'atteinte des objectifs de
santé que s'est fixés le gouvernement fédéral.
Mme Vissandjée a pour sa part souhaité une participation
accrue des femmes dans les mécanismes sociaux, politiques
et économiques qui déterminent les conditions de
santé des femmes, alors que Mme Routhier a souligné
l'importance des groupes communautaires dans la mise à
jour des réalités sociales et dans la prise en charge
des conditions de santé par les femmes.
Daniel Baril