Johanne Hénault remporte le 2e prix de la revue Travail
et Santé.
Une loi oblige depuis
1988 les entreprises québécoises à munir
les contenants de matières dangereuses d'étiquettes
sécuritaires, à mettre à la disposition des
travailleurs des fiches signalétiques et à leur
donner des séances de formation sur les risques reliés
à la manipulation de ces matières. Mais on ne savait
pas si l'implantation du Système d'information sur les
matières dangereuses utilisées au travail (SIMDUT)
avait vraiment changé les choses.
«La loi a rendu certaines choses obligatoires, mais d'après
moi la réduction des accidents de travail reliés
aux matières dangereuses demandait aussi un changement
de comportement. Tous, dans l'organisation, doivent participer
à ce changement», explique Johanne Hénault,
qui vient de terminer une maîtrise sur ce sujet à
l'École de relations industrielles sous la direction de
Marcel Simard.
Dans le cadre de sa recherche, elle a comparé deux entreprises
de grande taille qui ont appliqué de façon rigoureuse
la loi mais qui n'ont pas obtenu les mêmes résultats.
Ce qui ferait la différence: la participation de la haute
administration. «Alors que les cadres de l'entreprise B
prêchaient par l'exemple, s'intéressaient aux recherches
sur la question, intégraient la connaissance des lois de
santé et de sécurité au travail dans l'évaluation
des travailleurs, les directeurs de l'entreprise A ne se présentaient
pas aux assemblées, ne s'engageaient pas, n'appliquaient
pas les recommandations.»
Cette différence explique en bonne partie pourquoi, quand
on a distribué un questionnaire, les employés de
l'entreprise A étaient légèrement désavantagés
par rapport à ceux de l'entreprise B pour ce qui est des
connaissances de la loi et des comportements sécuritaires.
Mais, plus important, on avait compté beaucoup plus d'accidents
de travail dans l'entreprise A. «Environ 10 fois plus»,
signale la diplômée.
En s'inscrivant au programme de maîtrise, Mme Hénault,
qui a été consultante en hygiène industrielle
dans diverses entreprises de Montréal et de Toronto, a
voulu enrichir sa formation technique d'un aspect théorique.
À l'École de relations industrielles, on s'est montré
réceptif à son intérêt pour le SIMDUT.
«À titre de consultante, je connaissais bien les
lois de la santé et de la sécurité au travail,
mais je dois dire que celle-là m'avait toujours intriguée.
On en a beaucoup entendu parler au moment de son application,
et puis après, plus rien...»
Le but de Mme Hénault était de faire un travail
utile, applicable dans la vraie vie. «J'aime mener des travaux
concrets à partir d'une approche scientifique», explique-t-elle.
Cette expertise ne pourra que l'aider dans sa recherche d'emploi.
Après une pause professionnelle qui l'a vue mettre au monde
deux enfants et rédiger une maîtrise, elle cherche
en effet à effectuer un retour sur le marché du
travail.
Un résumé de son mémoire, qu'elle a déposé
en décembre dernier, lui a valu le deuxième prix
d'un concours de la revue Travail et Santé. Les étudiants
de toutes les universités québécoises et
de tous les cycles pouvaient s'inscrire à ce concours.
En plus d'une bourse de 600 $, le deuxième prix comprend
la publication du texte dans un prochain numéro.
M.-R.S.