Sept ans
après le drame de l'École Polytechnique, l'Université
organisait, le 6 décembre, une journée nationale
de commémoration et d'action contre la violence faite aux
femmes.
Au cours d'une cérémonie à la mémoire
des 14 jeunes femmes disparues, Alexandre Chabot, secrétaire
général de la FAECUM, a lu un poème, la chanteuse
Judi Richards a interprété quelques-unes de ses
compositions tandis que Patricia Rossi, ex-présidente de
la Fédération de ressources d'hébergement
pour femmes violentées et en difficulté du Québec,
et Odette Arsenault, psychologue au Programme d'aide aux personnels,
ont prononcé de brèves allocutions.
Mme Arsenault a insisté sur l'importance pour les victimes
d'accidents traumatiques de pouvoir parler de leur expérience
en toute subjectivité afin de guérir leurs blessures
psychologiques: peur, sentiments d'impuissance et de perte de
pouvoir personnel, etc.
«Immédiatement après l'incident traumatique,
a précisé la psychologue, les victimes, remplies
d'images d'horreur qui s'imposent à leur esprit, de sentiments
pénibles et de malaises physiques de toutes sortes, vivent
souvent une difficulté supplémentaire: la solitude
et l'incompréhension. Les gens autour d'elles s'intéressent
à l'événement, à ce qui s'est passé
mais tolèrent mal le mal-être de la victime.»
S'il en est ainsi, c'est
que «la souffrance morale fait peur aux gens», a ajouté
Odette Arsenault pour qui la guérison des blessures morales
passe par la parole et l'écoute empathique. «La victime
peut alors s'approprier cette peur, cette perte, ce deuil, et
y trouver un sens.»
Dans le cas contraire, la victime développera des mécanismes
de défense pour garder l'équilibre: retrait, consommation
d'alcool, activité débridée, maladie physique,
anxiété, symptômes variés et changements
dans le comportement.
«La souffrance traumatique peut être niée,
cachée, a affirmé Mme Arsenault. Si elle l'est,
elle ne disparaîtra pas et pourra resurgir n'importe quand,
à l'occasion d'une menace d'une intensité beaucoup
plus faible, des mois ou des années plus tard.»